En clouant au sol une grande partie de leur flotte d'avions de transport de passagers, les compagnies aériennes se sont privées d'importantes capacités de fret disponible dans les soutes, au moment où elles sont sollicitées pour transporter du matériel médical. Pour rappel, près de moitié du fret aérien voyage dans les soutes des avions passagers. Résultat, la diminution des capacités est supérieure à celle de la demande. Selon l'Association internationale du transport aérien (Iata), l'offre cargo a baissé de 23% sur le mois de mars par rapport à l'an passé, quand la demande n'a baissé "que" de 15%.
Retrait d'une partie des sièges
Du coup, Airbus a mis au point une solution valable sur les A330, A340 et A350 permettant de modifier les avions passagers en avions cargo. Il ne s'agit pas d'une conversion, mais d'une modification de l'intérieur de la cabine. La compagnie doit en effet retirer au préalable un certain nombre de sièges de l'appareil (en général ceux de classe écononomique, moins lourds que ceux de classe affaires), puis fixer, sur les rails des sièges situés sur le plancher de la cabine, des palettes de fret agencées selon les recommandations d'Airbus de manière à respecter le centrage de l'appareil et les règles en cas d'incendie à bord.
Générer d'autres recettes
L'emport supplémentaire de marchandises est significatif. Ces palettes pouvant contenir chacune 2,5 m3 de marchandises pour une masse de 260 kg, la solution d'Airbus permet de rajouter 7,3 tonnes de fret dans un A330 et 7,8 tonnes dans un A350. Avec les marchandises placées dans les soutes, ces deux appareils peuvent respectivement transporter 37,5 tonnes et 42,5 tonnes de fret.
Déjà utilisable, la solution sera certifiée fin mai
Airbus table sur la certification de sa solution fin mai, selon Yann Lardet, vice-président chargé du support aux opérations aériennes au sein de l'avionneur, mais l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a déjà émis un cadre réglementaire permettant aux compagnies de faire du cargo médical et de l'utiliser en lien avec leur autorité nationale. Une vingtaine de compagnies sont en cours d'obtention du feu vert pour la mettre en place. Les transporteurs sont très intéressés. En avril, à la suite d'une réunion en visioconférence qui a réuni 1200 participants travaillant pour 240 compagnies, Airbus a reçu 140 expressions d'intérêts, selon Yann Lardet, qui précise que cette solution est "offerte gracieusement dans le cadre normal du processus de soutien aux opérateurs".
Au-delà d'un besoin à court terme, cette solution peut en effet générer de nouvelles sources de revenus à moyen terme dans la mesure où la reprise du trafic aérien s'annonce lente, en particulier pour les vols long-courriers.
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