Arianespace positive... mais jusqu'à quand ?

Arianespace a engrangé un contrat pour le lancement des deux premiers satellites Metop-SG d'Eumetsat. La société a également gagné la compétition pour lancer les huit satellites de la constellation d'O3b de SES Networks, fabriqués par Thales. Soit un carnet qui s'élève à 55 lancements.
Michel Cabirol
La signature avec Eumetsat puis avec SES porte à six le nombre de nouveaux contrats en 2017 pour un total de neuf lancements supplémentaires

Dans un contexte commercial déprimé et déprimant (seulement quatre ou cinq satellites signés en 2017 par l'industrie satellitaire mondiale sur le marché ouvert), Arianespace arrive encore à positiver. Mais jusqu'à quand? En tout cas, la société européenne a engrangé un contrat pour le lancement des deux premiers satellites Metop-SG de l'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (Eumetsat). Mardi, Arianespace annoncera également avoir gagné la compétition pour lancer les huit satellites de la constellation d'O3b de SES Networks, fabriqués par Thales Alenia Space (TAS). C'est Soyuz qui mettra en deux fois (2018 et 2019) sur l'orbite MEO (orbite circulaire intermédiaire) ces satellites.

55 lancements dans le carnet de commandes

La signature avec Eumetsat puis avec SES porte à six le nombre de nouveaux contrats en 2017 pour un total de neuf lancements supplémentaires. Parmi eux figurent les premiers contrats de Vega C signés en juin 2017 avec Airbus Defence and Space, pour les tirs de deux satellites d'observation de la Terre à très haute résolution. Au total, le carnet de commandes d'Arianespace correspond à 55 lancements (17 Ariane 5, 29 Soyuz et 9 Vega/Vega C), dont 60% sont consacrés aux télécoms et 40% à l'observation de la Terre, la navigation et la science.

Près d'un tiers de ces lancements seront réalisés au profit des institutions européennes. "Arianespace réaffirme sa mission d'assurer à l'Europe une autonomie d'accès à l'espace", a rappelé le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël, à l'occasion de la Satellite Business Week, grand rendez-vous annuel du spatial, qui se tient à Paris. Au total, le carnet de commandes s'élève à plus de 4,7 milliards d'euros (hors contrat avec SES).

Huit lancements déjà réalisés en 2017

Depuis le début de l'année 2017, Arianespace a réalisé huit lancements. Trois tirs ont été réalisés en moins d'un mois, entre le 4 mai et le 1er juin 2017, à la suite de la grève générale en Guyane qui a paralysé le Centre spatial guyanais (CSG) pendant plus d'un mois Au total, 13 satellites (dont 10 géostationnaires) ont été placés en orbite pour une masse cumulée de près de 44 tonnes. Ces lancements ont été marqués par de nombreux records opérationnels. Ainsi, Ariane 5 a signé en 28 juin son 80e succès d'affilée depuis le CSG. Le lanceur lourd a également atteint un nouveau record de performance lors du vol VA237 le 1er juin 2017, avec 10.865 kg de masse d'emport vers l'orbite géostationnaire (9.969 kg de masse nette de charges utiles).

Pour sa part, le lanceur russe Soyuz a effectué avec succès ses deux premiers lancements vers l'orbite de transfert géostationnaire depuis le CSG, les 27 janvier (VS16) et 18 mai (VS17), démontrant sa flexibilité. Enfin, Vega, le lanceur léger italien, a augmenté sa cadence de lancement, avec quatre tirs réalisés au cours des douze derniers mois, et s'impose comme le lanceur de référence de sa catégorie avec 10 succès d'affilée.

 Trois lancements à réaliser en 2017

Deux lancements avec Ariane 5 et un autre avec Vega restent à réaliser d'ici à la fin de l'année, ce qui portera à 11 lancements (six Ariane 5 au lieu de sept, deux Soyuz, trois Vega). La mission VA239 pour Intelsat 37e et BSAT-4, dont le lancement a été avorté le 5 septembre, est désormais prévue à partir du 29 septembre. Vega décollera du CSG le 7 novembre pour Thales Alenia Space et Airbus Defence and Space. Enfin, Ariane 5 ES s'élancera pour le compte de la commission européenne au profit du programme Galileo en vue de mettre en orbite quatre satellites Galileo supplémentaires, le 12 ou le 13 décembre.

Suite à l'indisponibilité d'un satellite, la septième Ariane 5 prévue en 2017 sera réalisée en 2018, portant à sept le nombre d'Ariane 5 désormais envisagé en 2018. "La date du lancement est en cours de consolidation", a expliqué

Ariane 6, la martingale pour lutter contre la concurrence?

Le lanceur Ariane 6 sera-t-il celui qui va permettre de lutter dans une compétition qui s'annonce féroce dans les prochaines années? Il devra faire face à la concurrence du futur lanceur H3 de l'agence spatiale japonaise JAXA, de New Glenn préparé par la société de Jeff Bezos (Blue Origin), le patron d'Amazon, de l'Angara russe destinée à succéder au lanceur Proton et du GSLV indien... et de ses actuels concurrents, notamment SpaceX et des Chinois, qui commencent à remporter des succès commerciaux comme en Indonésie et en Thaïlande. Bref, il y a du monde au portillon. "On va dans un monde où il y aura beaucoup de lanceurs", a confirmé Stéphane Israël.

Pour le PDG d'Arianespace, Ariane 6 a toutes les qualités pour résister à ce tsunami. Il sera moins cher mais il n'a pas souhaité confirmer les prix des lancements (70 millions d'euros pour A62 et 115 millions pour A64) annoncés lors de la présentation du projet à l'agence spatiale européenne (ESA). Stéphane Israël a simplement rappelé que les coûts baisseront de 40% par rapport à Ariane 5. A suivre... En outre, Ariane 6 sera "parfaitement adapté aux marchés des constellations", a-t-il estimé. Et de préciser qu'avec "Ariane 5, les discussions n'étaient pas possibles". Cela tombe bien car le marché des constellations bouillonne actuellement. D'ailleurs l'opérateur de satellites luxembourgeois SES a annoncé qu'il ne remplacerait pas forcément tous ses satellites géostationnaires (GEO) en raison de la complémentarité de sa constellation O3b et des GEO. Enfin, Ariane 6 sera modulaire en vue de s'adapter aux lancements institutionnels.

Pour autant, cela ne sera pas suffisant pour gagner la guerre. Aussi, Stéphane Israël réitère son souhait que l'Europe s'engage sur la garantie de sept lancements par an (5 Ariane 6 et 2 Vega C). La Commission européenne rechigne pour le moment. "Il est fondamental que les États européens s'engagent sur Ariane 6", souligne-t-il. Sera-t-il entendu, réponse dans les prochains mois. Pour l'heure, fait-il valoir, Ariane 6, dont le premier lancement est prévu le 16 juillet 2020, dispose de "prospects avancés", notamment des opérateurs développant des constellations.

Michel Cabirol

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