ATR vole vers une année commerciale majuscule en 2017

En 2017, le constructeur franco-italien d'appareils turbopropulseurs poursuit sa moisson de commandes.
Michel Cabirol
En 2017, ATR a réussi l'exploit de revenir sur les trois plus gros marchés aériens mondiaux : Inde, États-Unis et Chine.

Tous les voyants sont au vert pour ATR pour une année 2017 qui sera particulièrement réussie. Après une érosion des ventes en 2015 et surtout en 2016, le constructeur franco-italien d'avions régionaux turbopropulseurs, qui affiche un chiffre d'affaires de deux milliards de dollars, dont 300 à 350 millions dans les services, engrange cette année une belle moisson de commandes. A trois mois et demi de la fin de l'année, il a déjà obtenu 110 commandes, en incluant les 13 appareils en attente de confirmation à travers deux lettres d'intentions.

Son président exécutif Christian Scherer a d'ailleurs annoncé mercredi à l'occasion d'un petit déjeuner organisé par l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE), un contrat avec la compagnie américaine Silver Airways, portant sur une commande de 20 ATR 42-600. C'est la plus grosse société de vente et de leasing d'avions régionaux Nordic Aviation Capital, qui livrera Silver Airways (15 nouveaux appareils et 5 dans les stocks de NAC).

Trois grosses satisfactions en Inde, Chine et aux Etats-Unis

Les succès commerciaux de 2017 permettent à l'avionneur toulousain, leader mondial de l'aviation régionale (environ 75% des livraisons mondiales de turbopropulseurs) de revenir à un book-to-bill (ratio commandes et livraisons) supérieur à 1. Cette année, ATR a réussi l'exploit de revenir sur les trois plus gros marchés aériens mondiaux : Inde (50 ATR 72-600 pour IndiGo), États-Unis (Silver Airways) et Chine avec la signature de deux lettres d'intentions solides avec Shaanxi Tianju Investment Group (Tianju) et Xuzhou Hantong Airlines Co., LTD (Hantong).

"En l'espace de six mois, nous avons replanté le drapeau ATR dans les trois plus gros marchés aéronautiques au monde aujourd'hui, où nous étions absents : l'Inde, la Chine et les États-Unis", s'est félicité Christian Scherer,

Le constructeur a également profité de la réouverture des frontières de l'Iran pour signer un contrat portant sur la vente de 20 ATR 72-600 (+ 20 en option). A côté de ces marchés prometteurs, l'Asie-Pacifique reste bien sûr le moteur de la croissance d'ATR tout comme l'Amérique du Sud à un degré moindre. Ainsi, cet été, ATR a annoncé une commande de la part de la compagnie taïwanaise Mandarin Airlines, filiale régionale de la compagnie nationale taïwanaise China Airlines, qui achète six ATR 72-600 pour un montant estimé à 160 millions de dollars.

Chine et États-Unis, deux marchés prometteurs

Et l'avenir pourrait s'annoncer radieux grâce à la Chine, qui devrait prochainement s'ouvrir à ATR, et aux États-Unis, où la flotte d'avions régionaux doit être renouvelée pour remplacer les Embraer 120 et SAAB 340 notamment. C'est déjà le cas pour Silver Airways, qui va mettre à la casse ses 21 vieux Saab 340B.En Chine, ATR attend un accord entre Pékin et Bruxelles sur la certification des futurs avions chinois. Une fois cet accord en poche, la Chine devrait rapidement certifier les appareils d'ATR, pris en otage par cette négociation. Christian Scherer estime le marché de l'aviation régionale entre 300 et 400 appareils sur une période de dix ans en Chine.

"Cela s'appelle du protectionnisme, nous sommes aujourd'hui otages de négociations (...) pour la reconnaissance bilatérale de certification de l'avion", a estimé Christian Scherer.

Aux États-Unis, ATR, qui a localisé une équipe commerciale de "haute volée" à Miami, a bon espoir de convaincre les compagnies régionales américaine de lui faire confiance avec l'ATR 42. Il a déjà convaincu Silver Airways en lui promettant que cet appareil de 50 places ferait aussi bien que le SAAB 340 (30 places) en termes de coûts opérationnels. Imparable si cela se confirme dans les faits. Ce qui pourrait d'ailleurs inciter des investisseurs à rouvrir tout ou partie des 300 à 400 routes régionales fermées ces dernières années aux États-Unis.

Résorber les stocks d'appareils d'occasion et des loueurs

Enfin, Christian Scherer a entrepris un gros travail pour "liquéfier" aussi bien le marché de l'occasion que celui des loueurs, contraints de garder leurs appareils sur les bras en raison d'un marché, qui tourne au ralenti depuis deux ans. Ce qui tire le marché vers le bas, a regretté Christian Scherer. Mais, selon lui, son travail "commence à porter ses fruits". Il souhaite notamment ralentir les ventes auprès de sociétés de leasing qui peinent ensuite à les écouler, entraînant une forte accumulation des stocks d'avions et, par ricochet, une baisse des prix des avions neufs faute de demande suffisante. En outre, il a créé un service de soutien commercial et financier aux loueurs pour les aider à revendre leurs avions d'occasion et maintenir ainsi la valeur résiduelle des avions neufs d'ATR.

"Il appartient à l'avionneur intelligent de favoriser la liquidité des produits", a expliqué Christian Scherer.

Aussi ATR tente de stabiliser sa production à environ 80 avions par an (contre 90 précédemment) en attendant que les marchés chinois et américains s'ouvrent vraiment à l'avionneur toulousain. "Après avoir connu un ramp up (montée en cadence) assez significatif ces dernières années, nous essayons de stabiliser autour de 80 avions (livrés, ndlr) par an ce qui représente environ 75% des livraisons de turbopropulseurs dans le monde", a expliqué Christian Scherer.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 13/09/2017 à 19:29
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Et si la partie française d'ATR (50%) n'était opposée à la construction d'un ATR 90 places,les ventes auraient peut être été encore supérieures.Le principal concurrent lui l'a fait.Il est à espérer qu'on ne le regrette pas un jour.

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