Augustin de Romanet (ADP)   : "La sécurité dans les aéroports relève de l'Etat"

C'est au titre de Président de l'Association des aéroports européens, qu'Augustin de Romanet, PDG des Aéroports de Paris (ADP), se trouvait ce mardi en Grèce, le temps d'un congrès. Il a pu débattre, avec ses homologues européens, de divers thèmes comme la redevance aéronautique, les mesures de sécurité, la sureté aérienne, et la régulation du ciel européen. Un seul constat s'impose : les aéroports doivent faire face à de nouveaux challenges, essentiellement sécuritaires.
Augustin de Romanet, PDG de ADP.

A quoi sert l'Association des aéroports européens ?

C'est une association qui fête ses 25 ans et qui regroupe 500 aéroports en Europe. C'est à la fois une plateforme d'échanges d'informations et de défense des intérêts des aéroports européens qui doivent se faire entendre parce qu'ils renvoient une image d'une entreprise monopolistique, dormant sur ses rentes alors que les aéroports sont en concurrence, et ce, quelle que soit leur taille. Ainsi, les hubs d'Europe sont en concurrence avec les hubs du Moyen Orient ; tous les aéroports régionaux le sont aussi entre eux. Or, au vu de la demande, faute d'investissements suffisants, nous serons en sous capacité en Europe, dans les 20 ou 30 années à venir. C'est donc un manque à gagner en termes de voyageurs.

L'enjeu de l'environnement nous préoccupe aussi. J'ai d'ailleurs demandé à tous les aéroports de s'engager à être neutre en carbone en 2050. Aujourd'hui, nous ne sommes que 50 sur 500 à avoir pris cet engagement, ce n'est pas assez.

La sécurité est-il le sujet principal de débat pendant ce congrès ?

Il faut distinguer la sécurité et la sureté des lieux. Cette seconde s'apparente à celle des  stades, des salles de concerts, ou des centres commerciaux. Le point crucial est qu'il faut arrêter les terroristes avant qu'ils n'entrent dans cette zone. Parce qu'au moment où les terroristes y sont, le combat est perdu.

Comment faites-vous pour anticiper la menace ?

Nous coopérons de plus en plus étroitement avec la police pour repérer toute personne qui nous semble suspecte et nous mettons en place des contrôles très en amont à l'aéroport. Personnellement, j'observe de très près ce qu'il se passe à Tel Aviv, en Israël, où 10 km avant d'arriver à l'aéroport, des chicanes et des policiers observent les va-et-vient depuis et en direction de l'aéroport. La sécurité dans les aéroports relève de la responsabilité de l'Etat. Je ne vais pas engager des milices privées.

Renforcer la sécurité de Roissy Charles de Gaulle et d'Orly coûte-t-elle cher ?

Oui. Nous avons renforcé certaines rondes à nos frais, même si majoritairement les mesures de sureté sont financées par la taxe d'aéroport, taxe perçue par l'Etat et qui nous est remboursée. A titre d'exemple, j'ai fait valider mes initiatives par le directeur général de l'aviation civile pour qu'elles nous soient remboursées, comme les contrôles aléatoires des sacs à l'entrée des zones publiques, les patrouilles cynophiles, et les agents de détections comportementales, appelés les profileurs.

Aujourd'hui les Aéroports de Paris sont-ils sûrs ?

Oui, même si le risque zéro n'existe pas.

Pourtant les études montrent qu'il n'y a pas de mécanisme assez performant pour détecter des explosifs dans les bagages...

Aujourd'hui, 100% des valises sont contrôlées, et ce, depuis le 11 septembre 2001. Les machines sont de plus en plus perfectionnées et elles permettent de détecter les explosifs. Mais nous nous apprêtons à dépenser 550 millions d'euros pour acheter et installer des nouveaux scanners de génération 3. D'ici 2020, tous les aéroports européens seront au même standard.

L'un des enjeux, à court terme pour ADP, c'est l'international?

Oui, nous avons répondu à un appel d'offre à Djeddah en Arabie Saoudite et nous avons des discussions avec l'Iran.

Propos recueillis par Alexia Kefalas

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Commentaires 2
à écrit le 22/06/2016 à 8:47
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Et les profits d'ADP monsieur ? Soit on veut la privatisation et les responsabilités, soit on colllectivise et on laisse l'Etat géré si on ne se sent pas capable de faire façe à ses obligations. Ou alors on veut l'argent sans les ennuis, mais ç...

à écrit le 21/06/2016 à 19:46
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Un État souverain aurait ce rôle, mais maintenant c'est l'UE qui en a la responsabilité!

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