"Boeing est plus fort et plus compétitif que jamais" (Dennis Muilenburg, PDG)

À la veille du Paris Air Forum et du Salon aéronautique du Bourget, Dennis Muilenburg détaille en exclusivité pour La Tribune la stratégie de Boeing pour les prochaines années.
Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing

LA TRIBUNE - Quelle est la situation de Boeing au moment où le Salon du Bourget ouvre ses portes ?

DENNIS MUILENBURG - Alors que Boeing entame sa 101e année d'existence, notre entreprise est plus forte et plus compétitive que jamais, et lance davantage d'innovations sur le marché qu'à n'importe quel moment de son histoire. Nous disposons de solides atouts pour aborder l'avenir et conquérir une part importante des marchés de l'aviation commerciale, de la défense et des services, que nous estimons à environ 7 500 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.

Quels sont les prochains défis que vous allez devoir relever au cours des années à venir?

L'un des principaux défis sera d'honorer notre carnet de commandes qui représente près de 500 milliards de dollars. C'est une formidable opportunité au moment où notre activité aviation commerciale monte en puissance. Nous augmentons les cadences de production du 737, tout en mettant en service en parallèle le 737 MAX, [la version remotorisée du 737, ndlr]. De nouveaux modèles entrent en service dans la famille 787, avec l'introduction du 787-10, et nous poursuivons le développement du 777X [nouvelle version du 777 prévue à partir de 2020, ndlr]. Dans le domaine de la défense, plusieurs nouveaux programmes sont en cours de développement. Je pense notamment à l'avion de formation T-X. Nous sommes en train de livrer également à l'US Air Force notre nouvel avion de ravitaillement en vol, le KC-46, dont nous achèverons la livraison des 18 premiers exemplaires au cours de l'année prochaine. Enfin, en juillet, nous allons lancer une nouvelle activité, Boeing Global Services (BGS), qui sera entièrement opérationnelle au troisième trimestre 2017. Nous considérons les services comme un important vecteur de croissance pour notre entreprise.

On observe depuis plus d'un an un ralentissement des prises de commandes, notamment sur le segment des gros-porteurs. Comment l'expliquez-vous ?

En fait, le marché reste sain et le flux de commandes d'avions commerciaux demeure important. Fin avril, nous avions enregistré 205 commandes nettes depuis le début de l'année, ce qui correspond globalement aux chiffres de l'an dernier. Nous sommes convaincus qu'en 2017, le nombre de prises de commandes sera quasiment identique à 2016 [787, ndlr]. La croissance du trafic aérien continue d'être très forte. La progression est de 8,8 % depuis le début de l'année, un rythme supérieur à une augmentation historique de l'ordre de 6 % en moyenne. Notre carnet de commandes représente un volume de production de sept ans, il est très varié et réparti entre des clients du monde entier, de sorte que nous ne sommes pas dépendants d'une région en particulier. Cette profondeur et cette diversité de notre carnet de commandes nous permettent d'aborder l'avenir en toute confiance.

Les cours relativement bas du prix du pétrole amènent certaines compagnies aériennes à conserver leurs avions plus longtemps que prévu et à repousser le renouvellement de leur flotte, ce qui a un impact sur les prises de livraisons, notamment des avions long-courriers. Cela vous inquiète-t-il ?

Comme je vous l'ai dit, nous considérons que le marché est globalement solide. Il est juste de dire qu'il y a une certaine hésitation sur les commandes de grosporteurs mais malgré tout, nous avons engrangé 43 commandes de gros-porteurs depuis le début de l'année. Il est vrai que certaines compagnies prennent ce type de décision de conserver et de prolonger leur flotte actuelle. Par le passé, cela concernait environ 5 à 6 % du carnet de commandes. Nous continuons d'enregistrer des prises de commandes, avec des taux d'annulations et de reports de 1 % à 2 %, nettement inférieurs aux moyennes historiques.

À quel moment voyez-vous le marché des gros-porteurs redécoller ?

Nous prévoyons le début d'un très important cycle de renouvellement des flottes de gros-porteurs au début de la prochaine décennie. Avec le 777 et le 787, nous serons très bien armés pour répondre présent. Au cours des vingt prochaines années, le monde aura besoin d'environ 39 600 nouveaux avions commerciaux, dont environ 9 000 gros-porteurs.

Pensez-vous que le salon du Bourget sera un bon millésime en termes de commandes?

Les commandes ne constituent que l'une des dimensions d'un salon aéronautique, mais nous tablons sur un flux de commandes semblable à celui des années précédentes.

L'ampleur du carnet de commandes d'Airbus et de Boeing est telle que les compagnies aériennes doivent patienter plusieurs années entre la commande et la livraison. Comment allez-vous augmenter les cadences de production pour pouvoir réduire le temps d'attente ?

Parallèlement au lancement du nouveau 737 MAX [le premier appareil a été livré fin mai, ndlr], nous augmentons les cadences de production du 737 pour passer de 42 appareils par mois actuellement à 47 au troisième trimestre de cette année, puis à 52 l'année prochaine et enfin à 57 en 2019. Malgré cette hausse des cadences de production, nous continuons d'être surbookés. Nous connaissons la demande du marché, et les signaux que nous envoient nos clients nous donnent les moyens d'aller encore plus loin. En ce qui concerne les gros-porteurs, nous mettons actuellement tout en oeuvre pour combler l'écart de production de notre ligne de fabrication du 777 pendant la transition entre le 777 et le nouveau 777X [les cadences vont baisser cet été à 5 avions par mois, ndlr]. Nous avons encore du pain sur la planche, mais si l'on prend les années 2018 et 2019, notre production est déjà vendue à hauteur d'environ 90 %. Pour ce qui concerne le 787, nos cadences sont de 12 unités par mois, et nous envisageons actuellement de les porter à 14 par mois d'ici à la fin de la décennie. Dans l'ensemble, nous allons construire et livrer environ 750 avions commerciaux cette année. D'ici à la fin de la décennie, nous livrerons plus de 900 appareils par an. On le voit, c'est une solide activité qui connaît une forte croissance.

Boeing a commencé à présenter aux compagnies aériennes, le B737 MAX-10, une version allongée du 737, pour répondre au succès de l'A321neo. Avez-vous prévu de le lancer au Bourget ?

Nous poursuivons les discussions productives avec nos clients. Nous n'avons pas encore pris de décision quant à ce lancement, mais ces discussions nous permettent de cerner les besoins de nos clients. Si nous lancions le 737 MAX-10, son entrée en service aurait lieu d'ici à 2020. Sa capacité, en nombre de sièges, serait similaire à celle de l'A321neo mais ses coûts d'exploitation seraient globalement inférieurs de 5 % en raison d'un poids inférieur. Cet appareil apporterait clairement une valeur ajoutée sur le marché. Potentiellement, le 737 MAX-10 pourrait se tailler 20 % à 25 % de parts de marché sur le segment des monocouloirs au cours des vingt prochaines années.

L'année dernière, vous avez évoqué le lancement d'un nouvel avion destiné au « milieu du marché », un segment de marché allant de 200 à 300 sièges, avec son coeur de cible entre 220 et 260 places. Où en est votre réflexion aujourd'hui ?

Dans ce cas également, nous menons des discussions productives avec nos clients. Nous voyons effectivement un marché entre les familles 737 [200-210 sièges, ndlr] et 787 [242 sièges pour le B787-8 en configuration de base à deux classes, ndlr]. Plusieurs approches permettent d'aborder ce marché et nous étudions les différentes options.

A quoi ressemblerait cet avion ?

Cet avion pourrait compter environ 250 sièges avec un rayon d'action d'environ 9 260 km (5 000 NM). Si nous décidions de le lancer, cet avion entrerait en service à l'horizon 2024-2025. En matière de développement et de financement de la R&D, il s'intégrerait parfaitement dans le sillage du programme de développement du 777X.

Ne craigniez-vous pas qu'Airbus vous concurrence avec une amélioration de ses A321neo et A330 ?

Notre concurrent dispose très certainement d'options potentielles pour s'adresser à ce segment du marché. Mais malgré tous les avantages qu'il présente, je ne pense pas que l'A321 réponde vraiment aux attentes des clients de ce marché. C'est à mon avis difficile en optant pour un dérivé d'un avion existant.

Avec le lancement du 787 en 2004, Boeing a mis en place un système de production mondialisé qui a fait la part belle à la sous-traitance. Pensez-vous que ce nouvel avion puisse être l'occasion pour Boeing de réorganiser son outil de production en vue de l'optimiser et d'abaisser les coûts ?

Quand nous regardons l'avenir, nous procédons étape par étape pour transformer notre système de production. Une telle transformation n'a rien à voir avec le lancement éventuel d'un nouvel avion destiné au milieu du marché. Si nous décidions de lancer un nouvel avion, il ne fait aucun doute que nous nous appuierions sur une transformation de notre système de production. Certains projets menés aujourd'hui nous permettront d'être encore plus compétitifs demain. Je pense à l'utilisation de technologies d'automatisation ou de la robotique dans nos lignes de production, ainsi qu'aux nouvelles techniques de conception numérique qui nous aideront à construire, mais aussi à entretenir nos avions. Certains de ces moyens ont déjà été mis en oeuvre sur les programmes 737 MAX et 787. D'autres sont déployés en ce moment en amont du programme 777X. En fait, plusieurs techniques d'automatisation avancées sont d'ores et déjà utilisées sur la ligne du 777 alors même que nous nous préparons pour le 777X. Notre système de production traverse une période de transformation extrêmement importante dont nous tirerons sans nul doute parti au cas où nous déciderions de lancer un nouvel avion pour le « middle of the market ».

Compte tenu du succès remporté par le 737 MAX, quand pensez-vous lancer un nouveau moyen-courrier ?

Aujourd'hui, nous sommes particulièrement concentrés sur la famille 737. Avant de penser aux prochaines générations d'avions, nous devons attendre que notre nouvelle famille d'avions soit entièrement déployée et que le 737 MAX ait atteint ses cadences de production maximales. Nous venons tout juste de livrer le premier MAX, avec d'ailleurs un peu d'avance sur le calendrier et à un coût inférieur au budget.

Donc, pas de nouvel avion avant 2030 ?

Tout à fait.

Le C919, construit par la société chinoise Comac, a décollé pour la première fois début mai. La Chine et la Russie ont officiellement lancé un programme gros porteur long-courrier. Pensez-vous que la Chine puisse réellement concurrencer Boeing ou Airbus ?

Tout à fait. Nous nous attendons à ce que la Chine vienne nous concurrencer sur le long terme. Il n'est guère surprenant de voir arriver de nouveaux concurrents sur le marché de l'aviation commerciale, car c'est un secteur particulièrement attractif ! Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, ce marché pèsera 7 500 milliards de dollars d'ici à dix ans. Il crée des emplois dans le domaine de la fabrication et contribue aux avancées technologiques. De tels atouts ne peuvent qu'attirer de nouveaux concurrents, plus forts. Nous apprécions la concurrence, car elle nous oblige à investir de façon continue en faveur de l'innovation, et pour l'avenir. La Chine représente un marché extrêmement important pour Boeing. Sur les 39 000 nouveaux avions qui seront livrés au cours des vingt prochaines années, 6 800 environ seront vendus en Chine. Nous développons notre présence localement, tout en augmentant nos parts de marché. C'est pourquoi nous espérons collaborer avec la Chine tout en étant en concurrence. Ce modèle basé à la fois sur la collaboration et la concurrence représente l'avenir.

Vous avez attaqué le système européen des avances remboursables dont bénéficie Airbus et aujourd'hui, vous accusez Bombardier de casser les prix de ses avions aux États-Unis grâce aux subventions des pouvoirs publics canadiens. Que pensez-vous de la création en Chine d'une industrie aéronautique massivement soutenue par l'État ?

Il est très important que nous puissions travailler dans des conditions équitables aux quatre coins du monde, et que la concurrence soit saine. Récemment, le lancement des avions C-Series de Bombardier a suscité notre inquiétude en raison de pratiques de dumping et du prix auquel ces avions étaient vendus. Nous ne craignons pas la concurrence des entreprises du monde entier. Mais l'important, c'est de pouvoir l'affronter sur un pied d'égalité aux quatre coins du monde. Et quel que soit le lieu où sont implantés nos concurrents, il est important que ce principe soit respecté.

Parlons à présent de vos fournisseurs français. En êtes-vous satisfaits ?

Absolument! Nous travaillons avec plus d'une centaine d'entreprises françaises , dont certaines depuis plus de quarante ans. Ce sont d'excellents partenaires. Nous assurons chaque années aux entreprises françaises un chiffre d'affaires direct et indirect de 6 milliards de dollars. Dans le secteur aéronautique, environ 30 000 emplois high-tech sont liés aux partenariats que Boeing a noués en France. Les exemples de partenaires français de haut niveau qui participent à différents programmes Boeing ne manquent pas. Par exemple, tous les avions de la famille 737 sont équipés de moteurs signés CFM, coentreprise de Safran et General Electric. La chaîne d'approvisionnement du 787 compte 37 entreprises françaises, dont les produits figurent parmi les plus innovants et les plus avancés au monde. Un certain nombre de fournisseurs français sont également bien placés pour remporter de nouveaux contrats sur le 777X. Et si nous devions lancer un nouvel avion, nul doute que ces partenaires continueraient de travailler avec nous.

En quoi peuvent-ils s'améliorer ?

Nous opérons sur un marché hautement compétitif, et nous continuons de collaborer étroitement avec nos fournisseurs pour réduire les coûts et améliorer les performances et le niveau de qualité attendus, tout en continuant d'investir dans l'innovation pour l'avenir. Nos fournisseurs doivent par conséquent continuer d'investir pour l'avenir, afin d'optimiser leur qualité, leurs coûts et leur compétitivité, et pour nous accompagner dans ce voyage vers l'innovation.

SpaceX et Blue Origin sont en train de remettre en question le marché des lanceurs de satellites. Pensez-vous que les géants du Web, les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) constituent une menace pour les groupes industriels traditionnels ?

Même si Boeing est plus fort, en meilleure santé et plus compétitif que jamais, nous devons continuer d'aller de l'avant et anticiper l'arrivée de nouveaux acteurs sur notre marché. Le marché de l'espace est aussi attractif que celui de l'aviation commerciale. Il séduit de nouveaux entrants comme SpaceX, Blue Origin et d'autres entreprises du secteur high-tech qui travaillent sur un accès low cost à l'espace. Certaines d'entre elles ont manifesté leur intérêt pour des avions sans pilote, ainsi que les constellations de satellites et les réseaux de communications. Dans de nombreux cas, ces entreprises peuvent être de nouveaux concurrents, tout en étant de nouveaux partenaires. Par exemple, nous sommes aujourd'hui associés à Blue Origin pour le développement d'un nouveau moteur destiné à notre fusée de prochaine génération en vue d'abaisser le coût de l'accès à l'espace.

L'industrie américaine de la défense a signé des contrats colossaux en Arabie saoudite. Pensez-vous que la présidence Trump offre de nouvelles opportunités dans le domaine des contrats à l'exportation ?

Nous voyons cela comme une force. L'administration actuelle travaille sur une série d'initiatives favorables aux entreprises, telles que la réforme fiscale et des réglementations, de nouvelles règles commerciales, etc. C'est également le cas pour le budget de la défense, que ce soit pour les ventes aux États-Unis ou dans le monde entier. Les initiatives que nous menons sur le plan de l'aviation commerciale et de la défense peuvent contribuer à améliorer les relations entre pays et à la construction mutuelle d'une sécurité économique et nationale.

____

"Boeing is stronger and more competitive than ever"

(English Version)

On the eve of the Paris Air Forum and of the Bourget Air Show, Dennis Muilenburg gives to La Tribune an exclusive overview of the Boeing's strategy for the years to come.

LA TRIBUNE - How will Boeing be presenting itself at the Paris Air Show ?

DENNIS MUILENBURG - In our 101st year Boeing is stronger and more competitive than ever, and we are bringing more innovation to the marketplace than at any time in our history. We are well positioned for the future and to seize a major portion of the commercial, defense and service sectors, which we see as an approximately U.S. $7.5 trillion over the next ten years.

What are the major challenges that Boeing will face in coming years ?

One of our key challenges will be to deliver on our almost $500 billion backlog. That creates a great opportunity for us as we ramp up our commercial airplane business. We are ramping up 737 production and introducing the new MAX in parallel with that. We have new airplanes entering service in the 787 family with the introduction of the 787-10 and we are continuing on the development of the 777X (the new version of the 777 slated for 2020, editor's note). In the defense sector, we have a number of new development programs under way, such as the T-X trainer aircraft. We are also delivering our new aerial refueling tanker, the KC-46, to the United States Air Force. We will complete delivery of the first 18 aircraft over the next year. Lastly, in July we will be launching a new business, Boeing Global Services (BGS), which will be fully-operational in the third quarter of 2017. We see services as a big growth opportunity for our company.

For more than a year, we have seen weakening orders, particularly in the area of jumbo jets. How do you explain that ?

We actually continue to see a healthy commercial airplane market and a healthy orders pipeline. At the end of April, we had booked 205 net orders, roughly the same rate as last year. We still expect overall orders for 2017 to be similar to what we saw in 2016 (787, editor's note). Traffic growth continues to be very strong. We have seen about 8.8 % growth year-to-date compared to an historical average of 6 % annual growth. We have roughly 7 years of backlog - it is very diverse, spread around the world, so we are not dependent on any one particular region. That depth and diversity of backlog gives us great confidence for the future.

Relatively inexpensive oil prices are leading some airlines to keep their current fleets longer than planned and postpone the replacement of their fleets and consequently deliveries, particularly for long-range airplanes. Does this worry you?

Again, we continue to see the overall market as strong. It is fair to say that we have seen some hesitancy in wide-body orders, but even with that, we have received 43 wide-body orders year-to-date. Now, it's true that some airlines are making those kind of decisions to retain their fleets and extend their current fleets. Typically, in the past, those have been around 5 to 6 % of backlog. We continue to see orders - or deferrals and cancellations of 1 to 2 %, well below historical averages.

At what point could the jumbo jet market pick up again ?

We see a very significant widebody replacement cycle at the start of the next decade. We are very well positioned with the 777 and the 787 to address that demand. Over the next two decades, the world will need 39,600 new commercial aircraft, nearly 9,000 of those are wide bodies.

Will the Paris Air Show be a good year in terms of orders ?

Orders are just one dimension of the air show, but we expect a similar orders flow to what we have seen in previous years.

The volume of the Airbus and Boeing backlogs is such that companies have to wait several years between ordering and delivery. How are you going to increase the production pace to decrease the waiting time ?

As we introduce the new MAX airplane we are ramping up the 737 production rate from currently 42 airplanes per month to 47 in the third quarter of this year, then 52 next year, and finally 57 in 2019. Still, against this increasing production profile, we continue to be over-sold. We actually see market demand and signals from our customers that give us a capacity to go even higher than that. With regard to wide-bodies, we are very focused on filling the production bridge on our 777 line as we transition from the 777 to the new 777X. We still have some work to do there, but when we look at 2018 and 2019 we are about 90 % sold out. As for the 787, our production rate is 12 airplanes per month and we are currently considering raising it to 14 a month towards the end of the decade. Overall, we will produce and deliver about 750 commercial airplanes this year. By the end of the decade, we will be delivering well above 900 airplanes a year. So, this is a strong, growing business.

Boeing started presenting the B737 MAX-10, a lengthened version of the B737, to challenge the success of the A321neo. Is a launch planned for the Paris Air Show ?

We are continuing to have productive discussions with our customers. We have not made a launch decision, but we are having very productive conversations understanding customers' needs. If we do launch the 737 MAX-10, it would enter service in the 2020 time frame. It would have roughly the same capacity, seat count, as the A321neo, but have roughly 5 % lower operating cost because of its weight advantage, so it would clearly provide superior value in the marketplace. The 737 MAX-10 could potentially take on 20 % to 25 % of the overall single-aisle market over the next twenty years.

Last year you mentioned the idea of launching a new airplane for the "Middle of the Market, " a market segment ranging from 200 to 300 seats with the heart of the market being between 220 and 260 seats. What is your thinking now ?

Here again, we are having productive discussions with our customers. We do see a marketplace, positioned between the 737 (200-210 seats, editor's note) and the 787 (242 seats for the B787-8 in the basic configuration, dual-class, editor's note) families. It can be addressed in several ways. We are evaluating our options.

What would this airplane be like ?

We see that airplane being one that could potentially be an aircraft with a capacity of about 250 seats with around 5,000 miles (9,260 km) of range capacity. If we chose to launch it, this aircraft would enter service in the 2024 to 2025 time frame. And from a development standpoint, a research and development funding standpoint, it would feather in very nicely on the backside of our 777X development program.

Aren't you worried that Airbus will compete with you with the A321neo and A330neo ?

Our competitor certainly has potential options for addressing this market segment, but I would argue that no matter how many plus signs you put on the A321, it can't really address that marketplace. It would be very difficult to address it with a derivative of an existing airplane.

The B787 launch in 2004 was paralleled by a new production organization relying on a multitude of subcontractors around the world. Could this new airplane be an opportunity to reorganize your production system in order to optimize it and reduce costs ?

When we look to the future, we are going through a number of steps to transform our production system. Such a transformation is not dependent on the potential launch of a new Middle of the Market airplane. If we launched a new airplane, certainly we would leverage that production system transformation. We already have work underway that will make us even more competitive tomorrow. This includes use of automation and robotics in our production lines, and new digital design techniques that will help us in production and in servicing our airplanes. Some of those have already been implemented today on the 737 MAX and on the 787. Others are being delivered now as we prepare for the 777X. In fact, some of those advanced automation techniques are already being used on today's 777 line, as we prepare for the 777X. Our production system is experiencing an extremely important period of transformation from which we will no doubt benefit should we decide to launch a new Middle of the Market airplane.

In light of the success of the 737 MAX, when do you expect to launch a new medium-range airplane ?

We are very focused on the 737 family today. Before we can think about future generations of airplanes, we are going to wait until we roll out our new airplane family and get the 737 MAX fully up to its production rate. We have just delivered the very first MAX airplane, actually ahead of schedule and under cost.

But not before 2030 for a new airplane ?

That is correct.

The C919, the airplane by the Chinese company Comac, took off for the first time at the beginning of May. China and Russia have officially launched a long-range jumbo jet program. Do you think that China can genuinely compete with Boeing or Airbus ?

Yes, we expect China to be a long-term competitor. It is not at all surprising that we are seeing new players in the commercial airplane marketplace. It is a very attractive market, which, as I said earlier, will account for US $7.5 trillion over the next 10 years. It generates manufacturing jobs and technology benefits. All of that should attract new and stronger competitors. We like to compete and competition will drive us to continue to invest in innovation for the future. China is a very important market for Boeing. Of the 39,000 new aircraft that will be delivered over the next twenty years, about 6,800 of those will be in China. We are growing our local presence in China while we increase market share there. Consequently, we hope to collaborate with China while at the same time compete with them. This model, based on both collaboration and competition, is one that we will have in the future.

You have attacked the European system of refundable advances granted to Airbus and you accuse Bombardier of price slashing in the United States thanks to subsidies from the Canadian authorities. What do you have to say about the creation of an aviation industry in China that is massively supported by the government ?

It is very important to be able to operate on a level playing field around the globe and for competition to be healthy. Recently, we had concerns about the Bombardier C Series introduction because of a dumping behavior in terms of pricing of the aircraft. We are eager to compete with companies from around the world. But what's important is to be able to compete on a level playing field anywhere in the world. Regardless of where our competitors are located, it is important that we operate with that principle in mind.

Are you satisfied with your French suppliers ?

Yes. We work with more than a hundred French companies, some for more than fourty years. They are great partners. We do around 6 billion dollars of business per year in France through our direct and indirect supply chains. In the aerospace sector about 30,000 hightech jobs are related to the partnerships that Boeing has established in France. We have a number of great examples of French partners participating in the different Boeing programs. All of our 737s, for example, are equipped with engines by CFM, the Safran and General Electric joint venture. Thirty-seven French companies are part of the 787 program and their products are among the most innovative and advanced in the world. A certain number of French suppliers are also well positioned to win new contracts for the 777X. And if we launch a new airplane, there is a strong likelihood that these partners will continue to work with us.

What can they do to improve ?

It is a highly competitive marketplace and we continue to collaborate closely with our suppliers to improve cost, scheduled performance and quality - and continue to invest in innovation for the future. We therefore need our suppliers to continue to lean forward to invest for the future, to drive quality and cost performance, and competitiveness, and to accompany us on this journey of innovation.

SpaceX and Blue Origin are in the process of disrupting the launch vehicle market. Are GAFA a threat to conventional industrial groups ?

Even though Boeing is stronger, healthier and more competitive than ever, we need to move forward and be ready for new players to enter our marketplace. The space market is just as attractive as the commercial aviation market. It attracts newcomers such as SpaceX, Blue Origin, and other companies in the high-tech sector that are working on low-cost access to space. Some of them have shown an interest in unmanned aircraft, satellite networks and telecommunications networks. In numerous cases these companies can be new competitors, but also new partners. For example, we are currently working with Blue Origin to develop a new rocket engine of our next generation rocket, to provide lower cost access to space.

The American defense industry has obtained huge contracts in Saudi Arabia. Does the Trump presidency offer new opportunities in terms of export contracts ?

We see strength there. The current administration is working on a series of pro-business initiatives, such as tax and regulatory reform, and new trade policies. We are also seeing strength in the defense budget, both for sales in the United States and around the world. The work that we do on commercial airplanes and defense products can be part of enhancing those country-to-country relationships and mutually building economic and national security.

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Commentaires 9
à écrit le 16/06/2017 à 2:59
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Moi aussi je ne sers à rien! Vive Boeing

à écrit le 16/06/2017 à 2:58
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Je tené a precisé que je ne sert à rien!

le 16/06/2017 à 9:51
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t'es comme le H de Hawaï

à écrit le 16/06/2017 à 0:01
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leur F-18 a des problèmes d'alimentation des pilotes en oxygène, d'après article Bloomberg de ce jour. après le F-22. ainsi que le F-35, apparemment. mais que se passe t-il ? accessoirement, Bloomberg fait aussi un article sur le nouveau porte-avion...

à écrit le 15/06/2017 à 19:54
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I / Ils ont perdu le super-bombardier B-21 "Raider" contre Northrop-Grumann II / Le KC-46 "Pegasus", avion politique gagné contre Airbus après de scandaleuses affaires de corruption est un flop. Déjà 3 ans de retard et plus d'un milliards de $ de pé...

à écrit le 15/06/2017 à 17:51
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C'est le principe même de ce genre d'interview qui est critiquable. "Dites moi M. Carlos Ghosn comment allez vous faire augmenter les marges sur vos merveilleuses voitures pour vous servir un salaire à la hauteur de votre égo? " à titre d'info les Ai...

le 15/06/2017 à 20:57
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@Delahaut Il y avait une pointe d'ironie dans votre premier post, je ne l'ai pas saisi immédiatement. Le bruit des avions est en général causé par les moteurs d'ancienne génération, les avions récents sont nettement plus silencieux (A380, 787, A3...

à écrit le 15/06/2017 à 8:37
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Il ne va dire que sa boîte est nulle et que ses avions sont minables.....donc forcément Boeing fabrique les meilleurs avions du monde....votre article est un publireportage....

le 15/06/2017 à 9:27
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@Delahaut Boeing a des produits minables? Pour qui vous vous prenez pour balancer des choses pareilles? Airbus et Boeing font de très bons avions, point. Tout le reste n'est que la subjectivité de bas étage.

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