Boeing sonde les industriels aéronautiques français. De bon augure pour le "MOM" ?

Pour la première fois de son histoire, Boeing a mené une enquête sur les fournisseurs d'un seul pays, la France. L'objectif est mieux cerner les attentes des entreprises françaises et "de donner les chances d'aller plus loin". De bon augure pour les équipementiers tricolores alors que se profile pour la prochaine décennie le lancement d'un nouvel avion sur le segment du Middle of the Market (MOM).
Fabrice Gliszczynski
Pour les industriels français un partenariat avec Boeing revêt une grande valeur. Il leur permet non seulement d'augmenter leur chiffre d'affaires et l'emploi, mais aussi de développer leur présence à l'international.

Boeing veut aller plus loin dans sa collaboration avec l'industrie aéronautique française. C'est ce qui ressort  de la décision du géant américain de mener une enquête auprès de ses fournisseurs français, laquelle a été réalisée au printemps par Opinionway sur un échantillon de 32 entreprises (sur la centaine qui travaillent pour Boeing dans l'Hexagone), allant de la PME à la grande entreprise couvrant l'ensemble des métiers de l'aéronautique.

"L'objectif est d'analyser de façon détaillée le partenariat en cours et donner les chances d'aller plus loin", a confié à La Tribune, Yves Galland, le Président de Boeing France.

Les résultats de l'enquête sont évidemment favorable à l'avionneur qui en a décidé la diffusion. On peut y lire notamment que 90% des fournisseurs français interrogés se déclarent satisfaits de leur relation avec Boeing, que 100% sont fiers de travailler pour lui, ou encore que 75% jugent cette collaboration identique ou meilleure que celle qu'ils entretiennent avec des concurrents.

"Organisation complexe"

Les fournisseurs français ont été plus sévères sur l'organisation de Boeing qu'ils estiment un "peu trop complexe" ou sur les prix payés par le constructeur.

"Il est exact que la performance est un paramètre très important chez Boeing. Cette performance doit s'accompagner de prix compétitifs, à la fois pour financer nos investissements de Recherche Développement (R&D) mais aussi pour rééquilibrer le financement des avions. En moyenne les marges des fournisseurs sont de 15%, celles des constructeurs de 9 à 10% et celles des compagnies aériennes de 2 à 3%", a expliqué Yves Galland.

Plus que les résultats, la démarche de Boeing est peut-être encore intéressante. Si Boeing réalise une enquête tous les deux ans sur tous ses fournisseurs à l'échelle mondiale, c'est en revanche la première fois qu'il mène cet exercice sur un pays spécifique. Il est vrai que la part de l'industrie française dans les avions américains a fortement augmenté avec le B787.

30.000 emplois en France

"Boeing a une représentation remarquable de l'industrie française. Pour preuve, le chiffre d'affaires et les emplois créés en France n'ont cessé de croître. Aujourd'hui, les équipementiers aéronautiques français réalisent un chiffre d'affaires de 6 milliards de dollars sur les programmes Boeing ce qui génère 30.000 emplois directs et indirects en France", précise-t-il.

L'espoir d'embarquer sur le "MOM"

Après le B787, cet intérêt pour l'industrie française est-il de bon augure pour les industriels français pour les futurs programmes de Boeing ? Et notamment le fameux Middle of the Market, un appareil censé remplacer le B757 sur le segment du 200-300 sièges au cours de la prochaine décennie qui fait saliver tous les industriels français  ?

"Il ne faut jamais anticiper. Aucune décision n'est prise, explique Yves Galland. Ce qui est sûr, c'est que beaucoup de ceux qui ont déjà signé un contrat avec Boeing ont obtenu par la suite un deuxième contrat », fait-il remarquer.

>> Lire aussi : L'A321neo, l'avion qui agace Boeing (et va l'obliger à lancer son"MOM")

Pour les industriels français un partenariat avec Boeing revêt une grande valeur. Il leur permet non seulement d'augmenter leur chiffre d'affaires et l'emploi, mais aussi de développer leur présence à l'international.

Les critères de performance n'ont pas varié : l'innovation, la capacité de produire dans les délais et les prix. Boeing a été surpris de constater que seuls 57% des sondés estiment que le recours à l'innovation sera primordial pour les futures décisions d'achat de Boeing. "Cela devrait être 100%", conclut Yves Galland.

Fabrice Gliszczynski

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