Ce que vont payer Airbus et Safran pour mettre la main sur Arianespace

Airbus Safran Launchers (ASL) va payer tout de suite "moins de 100 millions d'euros" comme prix plancher pour acquérir la participation que le CNES détient dans Arianespace (34,68 %). Au total, ASL pourrait débourser jusqu'à "130 millions d'euros environ maximum", selon la clause d'earn-out négociée entre l'Etat et ASL.
Michel Cabirol
En 2014, Arianespace a renoué avec les bénéfices, avec un résultat net de 3 millions d'euros pour un chiffre d'affaires record de 1,4 milliard d'euros, en hausse de 41 % par rapport à 2013 (989 millions d'euros)

Selon nos informations, Airbus Safran Launchers (ASL), la filiale commune des groupes Airbus Group et Safran dans les lanceurs, va payer tout de suite "moins de 100 millions d'euros" comme prix plancher pour acquérir la participation que le CNES détient dans Arianespace (34,68 %). Au total, ASL pourrait débourser à terme jusqu'à "130 millions d'euros environ maximum" selon la clause d'earn-out négociée entre l'Etat et ASL. Cette clause permet d'indexer une partie du prix de la transaction sur les résultats futurs d'Arianespace.

Ce qui n'est pas gagné pour l'Etat puisque la société de services de lancement, qui va être certainement lourdement restructurée par ASL, n'a jamais gagné beaucoup d'argent. En 2014, Arianespace a toutefois renoué avec les bénéfices, avec un résultat net de 3 millions d'euros pour un chiffre d'affaires record de 1,4 milliard d'euros, en hausse de 41 % par rapport à 2013 (989 millions d'euros).

Manuel Valls confie les clés d'Arianespace à ASL

Entre un partenariat public-privé, qui avait fait ses preuves, et confier Arianespace au secteur privé, Manuel Valls a choisi la seconde solution. Le Premier ministre, qui a confié les clés d'Arianespace à ASL, a confirmé mercredi "qu'Arianespace avait vocation à être contrôlée par la coentreprise Airbus Safran Launchers, via la cession des titres Arianespace détenus actuellement par le CNES", selon un communiqué de Matignon à l'issue d'une réunion avec les ministres en charge de la Recherche, de l'Industrie et de la Défense.

"Les négociations sur les conditions de réalisation de cette opération industrielle vont donc se poursuivre sur cette base, dans le respect des procédures habituelles", a en outre expliqué Matignon. Elles devront associer "étroitement nos partenaires européens et les autres acteurs industriels de l'industrie spatiale française et européenne, avec l'objectif commun d'écrire une nouvelle page de l'histoire spatiale européenne". Puisse-t-elle être aussi glorieuse que les 40 dernières années... alors que le lanceur Ariane 6 traverse déjà une période de turbulences.

Une centaine de millions pour acheter Arianespace

Taux de change aidant, les industriels ont fait un effort financier pour mettre la main sur Arianespace. Alors qu'initialement ils considéraient que la société européenne de service de lancement valait zéro euro, ils sont prêts à mettre sur la table jusqu'à 130 millions d'euros maximum, selon une source proche du dossier. C'est le prix "politique" pour racheter la participation du CNES, estiment-ils. Ils sont également prêts à payer une partie du coût des installations du Centre spatial guyanais (entre 30 et 40 millions d'euros) alors qu'ils demandaient pourtant sa gratuité il y a peu de temps encore. Ils souhaitent toutefois avoir des garanties sur une stabilité de cette contribution.

En revanche, les industriels ne veulent pas payer la totalité des 800 millions d'euros qu'il manque pour le développement d'Ariane 6. Une somme que le PDG d'ASL Alain Charmeau avait réclamé fin janvier à l'Agence spatiale européenne (ESA) en demandant une hausse de la participation des Etats. Mais l'ESA avait confirmé aux Etats membres que le coût de développement du futur lanceur européen s'élevait à 3,215 milliards d'euros, et non à 4 milliards comme le souhaitaient les industriels dans son courrier adressé au directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain. Pour autant, ils sont prêts à prendre à leur charge la moitié des 800 millions qui pourraient être compensés par des économies. Mais pas question de payer la totalité.

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Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 15/06/2015 à 9:14
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Et moi qui pensait que ça valait des milliards ce truc .... Encore de l'enfumage ...et puis , avec spaceX sur le marché ça va vite se rétamer cette histoire ...

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