Aérospatial : cette "French Touch" que le monde nous envie

La filière aérospatiale française maintient un très haut niveau de savoir-faire. Ce bain culturel qui implique écoles, PME, grands groupes, fait de la France un territoire leader de la culture mondiale de la troisième dimension. Par Bruno Lancesseur
Une partie importante de cette réussite dans le secteur civil est dopée par le carnet de commandes d'Airbus qui a livré l'an dernier 629 avions et par Boeing (723 avions).

«Nous sommes dans un contexte de réussite insolente», résumait récemment un grand patron de l'industrie. Quand les commandes augmentent chez Airbus et chez Boeing, c'est toute une filière qui en profite. Les 159 équipementiers et les 158 PME, membres du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), ont enregistré, en 2014, un chiffre d'affaires de 50,7 milliards d'euros (+2,9%), le civil représentant 39,1 milliards (+6,5 %) et le militaire 11,6 milliards (+7,7 %).

Les commandes, 73 milliards, égalent le record de 2013. Selon le Gifas, la filière aéronautique française a présenté une balance commerciale positive de 23,6 milliards d'euros. Avec de tels résultats, l'aéronautique est «le plus gros contributeur à la balance commerciale nationale».

Une partie importante de cette réussite dans le secteur civil est dopée par le carnet de commandes d'Airbus qui a livré l'an dernier 629 avions et par Boeing (723 avions), désormais l'un des très grands clients de l'industrie aéronautique française. Et il y a encore de belles années en perspective puisque, selon le Gifas, le carnet de commandes d'Airbus à fin 2014 atteindrait 6.386 appareils.

Dans le sillage d'Airbus et de Boeing, c'est donc toute la filière aéronautique française qui est en pleine effervescence. Les entreprises de l'aéronautique, qui emploient 180.000 salariés ont recruté 10.000 salariés au total en 2014.

Environnement porteur et supply chain... de plus en plus tendue

Certes, les équipementiers sont aujourd'hui sous pression à cause d'une supply chain de plus en plus en tendue, mais l'environnement est porteur. Dès 2017, Airbus prévoit ainsi de sortir chaque mois 50 A320, contre 42 aujourd'hui.

Ces entreprises françaises du secteur aéronautique disposent d'un savoir-faire reconnu à travers le monde et elles sont donc très courtisées. Boeing a ainsi créé la Boeing French Team (1). Et en mars dernier, l'avionneur américain a déroulé le tapis rouge à Seattle pour 22 PME-PMI françaises du secteur aéronautique.

Boeing France rappelle que les entreprises françaises réalisent chaque année un chiffre d'affaires de 6 milliards de dollars et que 30.000 emplois ont été créés en France en une dizaine d'années.

Côté militaire, la rallonge de 3,8 milliards d'euros dans la loi de programmation militaire 2014-2019, promise par le président de la République en mai dernier, et la vente de 84 Rafale à l'export (24 pour l'Egypte, 36 pour l'Inde et 26 pour le Qatar) va relancer les investissements dans la défense.

Un réseau de PME unique au monde à préserver

Le dynamisme de l'activité aérospatiale, civile et militaire, bénéficie aux PME qui «devraient connaitre une croissance moyenne comprise entre 7 et 10%», indique Bertrand Lucereau, président du comité Aéro-PME au Gifas, mais aussi aux très petites entreprises réputées pour leur savoir-faire.

Toutefois, leur structure capitalistique, des entreprises familiales pour la plupart, et leur manque de fonds propres, les rendent souvent fragiles face à un retournement de cycles.

Pour les soutenir et ne pas risquer de perdre ce « joyau technologique », l'Etat, les régions, les industriels et le Gifas ont lancé en 2014 le plan triennal « Performances industrielles ». Il vise, avec une enveloppe de 23 millions d'euros à améliorer la compétitivité des PME et leurs relations avec les donneurs d'ordre. Est-ce suffisant ? Pas sûr.

Emmanuel Viellard, président du Groupe des équipements du Gifas (GEAD) et président du groupe LISI, n'hésite pas à tirer la sonnette d'alarme:

"Nous sommes une industrie duale qui l'est de moins en moins. La plupart des entreprises qui avaient un rapport 50% civil, 50% défense, ont désormais un rapport 85/15. On voit bien que les spécialités de défense sont en train de se tarir, et je me demande si, demain nous devions faire un nouveau Rafale, il pourrait être 100% français ; je n'en suis pas sûr. Il y a un certain nombre de spécialités qui descendent en dessous du niveau de flottaison. Toute la problématique est là : les pouvoirs publics ne maintiennent plus le savoir-faire, ils n'investissent plus assez dans la R&D. Il y a clairement un risque de pertes de compétences si rien n'est fait pour inverser la tendance."

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(1) Aubert & Duval, Daher-Socata, Dassault Systèmes, Deutsch, Labinal, Latécoère, Liebherr Aerospace, Lisi Aerospace, Messier-Bugatti-Dowty, Michelin, Radiall, Snecma, Souriau, Thales, Zodiac Aerospace, Aéroports de Châteauroux (membre associé).

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Commentaires 2
à écrit le 02/06/2015 à 12:08
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L'article porte sur une industrie que le monde nous envie. Pas une fois Bruno Lancesseur n'explique en quoi le monde (qui ? comment ?) nous l'envie. C'est censé être un article offrant un point de vue de l'extérieur, à al lecture de son titre, et c'e...

à écrit le 01/06/2015 à 14:12
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Quand je lis "French Touch" j'ai envie de hurler. C'est comme "French Tech". A t-on besoin d'expression aussi ridicules et ringardes pour nommer ce que la France saurait encore faire? Le recours à la sonorité anglaise donne t-il de la crédibilité aux...

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