Dassault Aviation, 100 ans et de nouveaux défis à relever

De l'hélice Éclair brevetée en 1916 par Marcel Ferdinand Bloch, connu plus tard sous le nom de Marcel Dassault, au Rafale et ses succès récents à l'exportation : un siècle d'innovations qui ont construit la légende de l'aéronautique dans le pays de Clément Ader.
Michel Cabirol

Dassault Aviation, 100 ans au compteur et toujours un temps d'avance grâce à des hommes clés de son histoire. Bien sûr, Marcel Dassault, le génial inventeur de l'hélice Éclair en 1916 et, plus tard, des avions de chasse comme le MB.152 et d'affaires (Mystère 20), reste l'icône du groupe et de l'aéronautique française grâce à sa réussite industrielle hors norme. Mais d'autres personnages ont eu une très grande influence sur la trajectoire du groupe Dassault, comme les présidents successifs Benno-Claude Vallières, Serge Dassault ainsi que Charles Edelstenne, qui a su lancer l'avionneur dans le XXIe siècle avec beaucoup de justesse et de bon sens. Le nouveau PDG Éric Trappier restera quant à lui dans l'histoire du constructeur comme celui qui a vendu en premier le Rafale à l'exportation à l'Égypte, puis au Qatar en 2015.

Dassault Aviation est armé pour affronter la prochaine décennie dans l'aviation de combat et d'affaires. Il prépare déjà l'avenir, bien au-delà des années 2030. Sur le plan économique, l'avionneur dispose d'un carnet de commandes confortable, qui s'élève à 14,2 milliards d'euros à fin 2015. Bref, tous les voyants sont au vert pour le constructeur, qui peut voir l'avenir avec sérénité même si ses avions d'affaires Falcon ont traversé en 2015 quelques turbulences. D'ici à 2020, Dassault Aviation, dont l'emblème est un trèfle à quatre feuilles, devra remporter cinq défis pour continuer à voler au-dessus des nuages.

Conclure de nouveaux contrats Rafale

Premier défi pour l'avionneur, conclure cette année au moins un nouveau contrat Rafale à l'exportation. C'est dans le domaine du possible pour Éric Trappier, qui a souligné à la mi-mars que les succès de l'avion de combat en Égypte et au Qatar assurent sa « pérennité à l'exportation ». Quel pays pourrait signer ? L'Inde à condition que l'avionneur et New Delhi s'entendent enfin sur le montant du contrat. En 2017, les Émirats arabes unis (EAU), qui utilisent les Mirage 2000-9 au Yémen, pourraient suivre.

D'autres pays sont également intéressés à moyen terme comme la Malaisie, la Suisse, la Belgique, voire le Canada (« Je rêverais de vendre le Rafale au Canada », a assuré Éric Trappier). Enfin, un pays surprise n'est pas non plus à exclure, comme l'Arabie saoudite. « Nous avons une chance inouïe de pouvoir vendre demain plus de Rafale que nous n'en avons jamais rêvé », a estimé le PDG de Dassault Aviation. En d'autres termes, le Rafale a une nouvelle vie devant lui.

Maîtriser la montée en cadence du Rafale

Pour 2018, Éric Trappier prévoit « une montée très forte » des livraisons de Rafale. Mais il n'a pas souhaité révéler le nombre de ces avions qui seront livrés cette année-là. Ce qui est sûr, c'est que le Qatar recevra ses premiers appareils. Pour monter à la cadence de trois Rafale par mois (Dassault est déjà plus ou moins à une cadence de deux), l'avionneur doit remporter deux autres contrats : Inde et Émirats arabes unis. Ce dernier pays pourrait découper la commande en trois tranches (trois fois vingt), avec une modernisation des premiers appareils achetés.

Après avoir livré huit Rafale en 2015 (cinq à la France et trois à l'Égypte), Dassault Aviation va remettre neuf appareils à ses deux clients en 2016 (six et trois) et quatre en 2017 (un et trois). Dans ce contexte, l'industriel a anticipé en 2016 une baisse de son chiffre d'affaires par rapport à celui de 2015.

Reconstituer le carnet de commandes des Falcon

Il n'y a pas encore le feu... mais Dassault Aviation doit inverser la tendance : obtenir plus de commandes que d'avions livrés. C'est un des défis cruciaux en 2016, et bien sûr à plus long terme. Car les ventes de Falcon ont toujours été depuis 2008 inférieures aux livraisons, à l'exception de 2014 (66 Falcon livrés, 90 commandés). Le carnet de commandes s'est donc beaucoup effrité, passant de près de 500 fin 2008 à 91 Falcon fin 2015.

C'est un objectif très ambitieux pour Dassault Aviation. Pourquoi ? Alors que le constructeur prévoit de livrer 60 Falcon en 2016 - dont les premiers exemplaires de son nouvel appareil le 8X -, l'environnement économique, notamment dans les pays émergents, n'est pas très favorable actuellement au marché de l'aviation d'affaires. « On sent bien que le marché aujourd'hui est encore un peu mou », a expliqué Éric Trappier.

Rester compétitif dans l'aviation d'affaires

Sur le marché de l'aviation d'affaires, Dassault Aviation est également confronté à une guerre des prix. « Nous sommes sous la pression de la baisse des prix de nos concurrents », a souligné Éric Trappier. Son principal rival américain, Gulfstream, « baisse lui aussi ses prix », tandis que Bombardier, qui serait dans une problématique de recherche de trésorerie, « va chercher les ventes le couteau entre les dents ».

En dépit de la baisse de l'euro, Dassault Aviation va « faire un exercice de gains de compétitivité et de baisse des prix pour répondre favorablement à cette agressivité de nos concurrents ». L'avionneur va baisser ses coûts de revient, qui se répercutent directement sur les prix des Falcon. Éric Trappier s'est engagé à une véritable transformation de l'avionneur « afin d'atteindre un niveau d'efficacité industrielle et de performances économiques capable de battre la concurrence tout en dégageant des marges nécessaires aux investissements futurs ».

Gérer le retard du 5X

Sur le 5X, « la réalité dépasse le pire de nos cauchemars », a regretté Éric Trappier. Il a annoncé que les premières livraisons de l'appareil étaient repoussées au premier semestre 2020, contre 2017 jusqu'à présent. Le PDG de Dassault Aviation, qui s'est dit « déçu de ce contretemps important », a précisé que le groupe recevra des compensations de la part de Safran calculées sur « la globalité du nouveau calendrier » en cours d'évaluation « pour limiter la casse chez Dassault Aviation ». D'autant que le patron de l'avionneur avait expliqué dans un courrier adressé aux salariés que le 5X a « reçu un excellent accueil du marché ».

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 04/07/2017 à 11:21
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Le documentaire passé sur RMC découverte manque gravement d'objectivité, les erreurs et les échecs industriels sont tous passés sous silence, (et je ne parle même pas des démêlés politiques du vilain Serge) quelle honte on se croirait en Russie Commu...

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