Drone tactique : le Patroller de Safran gagne la compétition

L'armée de Terre a choisi le Patroller de Sagem (groupe Safran) dans la compétition sur le drone tactique (SDT). Thales avec le Watchkeeper perd un marché de 300 millions d'euros.
Michel Cabirol
Le drone tactique Patroller de Safran équipera l'armée de Terre française

Et le choix de la direction générale de l'armement (DGA) s'est porté sur le Patroller de Sagem (groupe Safran) à l'issue d'une compétition qui a duré plus de deux ans et portait sur l'acquisition d'un nouveau système de drone tactique (SDT) au profit de l'armée de terre, selon une source proche du dossier. Thales qui proposait le Watchkeeper, un drone de conception israélo-britannique, a été recalé alors qu'il a pourtant longtemps fait figure de favori. C'est aussi une claque à la coopération franco-britannique, la British Army ayant des Watchkeeper.

Le marché remporté par Sagem, qui détenait déjà le marché des drones tactiques avec le Sperwer, porte sur deux systèmes, composés de cinq vecteurs aériens chacun, auxquels il faut rajouter quatre autres vecteurs destinés à la formation des pilotes. Soit au total 14 vecteurs aériens pour un prix de l'ordre de 300 millions d'euros auquel semble-t-il, il faut rajouter 10 ans de maintien en condition opérationnelle (MCO).

Le Patroller vainqueur technique

Pourquoi ce choix? A priori, le Patroller ne gagne pas la compétition sur le prix, les deux industriels ayant sensiblement fait la même proposition financière à la DGA. Mais l'avion "dronisé" de Sagem a finalement séduit l'armée de terre en raison de ses capacités techniques, notamment la charge utile optronique très performante, basée sur les acquis du PEA Boom financé par la DGA et développée par Optrolead, la filiale à 50-50 entre Thales et Sagem. "Elle est bluffante", selon une source proche du dossier. En outre, la plateforme, qui a été jugée "robuste et sûre", dispose d'une capacité d'endurance de 12 à 14 heures, loin des 8 heures demandées dans l'appel d'offres.

Le Patroller a également une capacité à pouvoir voler en France. Ce qui est un plus pour l'armée de terre. La filiale défense de Safran avait réalisé en novembre 2014 avec son drone Patroller "un ensemble d'essais en vol permettant de démontrer la faisabilité d'intégration d'un drone dans un espace aérien partagé suivant la réglementation de l'aviation civile et les procédures du contrôle aérien". D'ailleurs, il n'est pas exclu que l'armée de Terre mette un pilote dans la boucle pour certaines missions.

En outre, le Patroller dispose d'une modularité qui, liée à une capacité d'emport élevée, permettra l'intégration de nouveaux capteurs et, à terme, d'armement tels que les roquettes guidées laser et le missile antichar MMP de MBDA.

Un Patroller "Made in France"

Le Patroller permet enfin de pérenniser et/ou de créer des emplois en France. A l'exception notamment du vecteur fabriqué (ES15) par l'allemand Stemme (5 % de l'ensemble du système), l'emploi est localisé à 80% en France (contre 30% pour le Watchkeeper). Plus d'une vingtaine de PME et sociétés françaises sont associées au projet pour réaliser des éléments clés du système Patroller. Pour autant, ce critère "made in France" n'entrait pas dans les spécifications de l'appel d'offres français.

La filiale de Safran assurait que le Patroller sera fabriqué en France, notamment sur les sites de production de Sagem, à Poitiers, à Fougères (cartes électroniques) et surtout à Montluçon, et développé dans le centre de recherches d'Eragny-sur-Oise. Aujourd'hui, Sagem emploie une centaine d'emplois à la fabrication des Sperwer (drone tactique). Le succès du Patroller pourrait aider et à la création et au maintien de 250 à 300 emplois, dont la centaine qui travaille déjà sur le Sperwer. Sans un contrat Patroller, c'était des emplois (actuels et futurs) qui étaient menacés.

Michel Cabirol

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Commentaires 12
à écrit le 22/01/2016 à 10:31
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Les français sont parfaitement capables de construire des engins de guerre performants. En ingénieur que je suis, je pense aussi que la stratégie est nécessaire ! Il faut limiter les combinaisons avec Israël avec qui un conflit se rapproche et avec l...

le 22/01/2016 à 11:25
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"ingénieur"...hahahahahaha laissez moi rigoler.... Vous venez maintenant vous la péter "d'ingénieur"

le 22/01/2016 à 13:10
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A mon humble avis, je ne sais pas si vous êtes ingénieur ou pas, mais alors je peux vous confirmer que vous ne connaissez rien à la politique du moyen-orient. Apartheid israélien ? Sans les israéliens, ce que certains appelle la Palestine qui n'a jam...

le 22/01/2016 à 21:55
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Je suis du même avis que vous, nous devons faire alliance avec un pays Europeen, un partenaire sur, un allier depuis de nombreuses années.... L'Allemagne et la France porte airebus depuis de le premier jour....Il nous faut develloper un acteur euro...

à écrit le 22/01/2016 à 9:49
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ça en fait des emplois du mot emploi....

à écrit le 21/01/2016 à 23:24
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C est marrant, ce drône est en fait un motoplaneur S10 fabriqué depuis plus de 15 ans en Allemagne par le constructeur Stemme et est accessible à n´ importe quel pilote de vol a voile fortuné. Le S 10 se trouve facile d occase pour 100.000 eu...

le 22/01/2016 à 13:25
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Non ça n'a rien de choquant, l'électronique militaire coute cher car beaucoup de R&D est dans le package et la production en faible quantité fait que l'amortissement est faible. De plus, il faut aussi compter les stations au sol et la communicatio...

le 02/04/2016 à 10:34
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Rien d'anormal en soit, la fiabilisation militaire d'un engin venant du civil est très couteuse et ne parlons même pas des électroniques et optroniques militaires qui sont une véritable ruine car des composants a faible diffusion industrielle très on...

à écrit le 21/01/2016 à 21:42
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Curieux, certaines infos de cet article sont en contradiction avec ce que j'ai pu lire ailleurs : taux de francisation Watchkeeper j'ai pu lire 30 et 40%, prix des offres je lis ici que c'est équivalent, alors qu'ailleurs on dit que le Patroller étai...

à écrit le 21/01/2016 à 20:52
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Félicitations !

à écrit le 21/01/2016 à 18:10
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Business typiquement franco/français ..ce drone n'est même pas en compétition , avec les meilleurs drones actuellement opérationnels , avec des performances validées depuis des années , en situations de guerres réelles ....

le 21/01/2016 à 20:41
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Heureusement que le franco/français fonctionne encore !!!! il existe bien l'américano/américain, le cino/chinois, l'indo/indien....quant aux performances, les militaires avaient exprimé leurs besoins, je ne suis pas militaire, donc je ferme ma grande...

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