Emirates intéressée par l'A380plus d'Airbus, mais...

Tim Clark, le président d'Emirates s'est déclaré intéressé par des améliorations sur l'A380. Surtout, avant de s'engager sur de nouvelles commandes, il veut savoir où Airbus veut aller avec cet avion.
Fabrice Gliszczynski
L'avionneur européen a présenté ce dimanche une version améliorée de son A380 qu'il a baptisée « A380plus », avec des modifications telles qu'un réaménagement de l'espace intérieur de l'avion qui permettrait de gagner jusqu'à 80 sièges, ou des « winglets », ces ailettes verticales situées au bout des ailes pour améliorer l'aérodynamisme et réduire la consommation de carburant de 4%. Au final, selon Airbus, des coûts au siège de l'avion réduits de 13%.

Quand on pose la question de l'avenir de l'A380, on pose inévitablement celle de l'avenir d'Emirates, tant la stratégie de la compagnie de Dubaï est liée à cet appareil. Même si à court terme, certains observateurs estiment qu'il serait préférable qu'Emirates troque une partie de ses A380 en commande pour des A350 pour éviter une trop grande surcapacité qui tire à la baisse les recettes unitaires, un arrêt du programme A380 au cours de la prochaine décennie pour cause d'absence de nouvelles commandes serait néanmoins problématique pour cette compagnie qui recevra cet automne son 100e exemplaire. Car, avec les contraintes aéroportuaires qui ne se cessent de s'accroître et du malthusianisme de plusieurs pays en termes d'attribution de droits de trafic, Emirates a besoin pour croître d'un appareil d'une capacité qu'aucun autre avion ne pourra lui apporter, même les plus gros biréacteurs qui se profilent comme le 777-9X (402 sièges dans une configuration de base en trois classes) et peut-être demain le 10X (450 sièges).

Emirates porte ce programme à bout de bras

Avec 140 appareils sur les 319 officiellement commandés depuis le lancement du programme en 2000, Emirates tient à bout de bras ce programme. Grâce à plusieurs commandes dans le passé, le transporteur du Golfe a souvent donné un bol d'oxygène à cet appareil qui ne se vend plus depuis plusieurs années. Et beaucoup pensent qu'il en sera de même à l'avenir. Qu'Emirates sera condamnée à commander des avions pour maintenir la chaîne de production, dans la mesure où les autres compagnies ne se bousculent pas au portillon pour le faire.

«Ils [Airbus, Ndlr], savent qu'ils continueront le programme, et ils savent que nous continuerons d'en acheter », a indiqué ce mercredi à quelques journalistes le président d'Emirates, Tim Clark, en marge du salon aéronautique du Bourget.

Intérêt pour des améliorations de l'A380

Redoutant que sa flotte devienne obsolète, ce dernier demande des améliorations de l'appareil. Après avoir échoué ces dernières années à convaincre Airbus de remotoriser l'avion (alors que le Trent 900 de Rolls Royce aujourd'hui installé sur l'A350-900 pourrait faire l'affaire selon plusieurs industriels), Tim Clark s'est déclaré intéressé par une modernisation de la flotte actuelle d'A380, sur la base des améliorations proposées ce dimanche par Airbus.

L'avionneur européen a présenté ce dimanche une version améliorée de son A380 qu'il a baptisée « A380plus ».

Airbus propose un réaménagement de l'espace intérieur de l'avion qui permettrait de gagner jusqu'à 80 sièges supplémentaires en remplaçant notamment le grand escalier central pour accéder au pont supérieur par un escalier plus étroit et en créant une cinquième classe de services, avec 11 sièges de front. Cette segmentation de la cabine ne peut que convenir à Tim Clark qui aimerait un jour disposer "de six classes de services".

L'avionneur propose aussi d'installer des « winglets », ces ailettes verticales situées au bout des ailes pour améliorer l'aérodynamisme, qui permettraient de réduire la consommation de carburant de 4%. Au total, l'ensemble de ces mesures permettraient, selon Airbus, de réduire les coûts au siège de l'avion de 13%.

Tim Clark veut conserver le grand escalier

Toutes n'intéressent cependant pas Tim Clark, l'escalier notamment, qu'il veut conserver ("Je l'adore", dit-il). En revanche, l'espace en 11 sièges de front et les winglets, eux, l'intéressent. "S'ils nous disent, nous vous proposons ces ailettes sur la base d'un 'retrofit' [modernisation d'un avion existant], j'examinerai la question", a-t-il déclaré. Problème : contrairement au réaménagement intérieur de la cabine, l'installation des winglets n'est pas prévue sur les appareils existants mais seulement sur ceux à produire, explique Airbus.

Valeur résiduelle

Alors que des discussions sont en cours, selon nos informations, pour une commande portant sur une dizaine d'A380plus, Tim Clark veut en savoir plus sur les intentions à long terme d'Airbus. Avant de s'engager sur de nouvelles commandes, il veut « savoir où Airbus veut aller avec cet appareil » car, derrière, il y a des « conséquences en termes de valeur résiduelle » et donc « des conséquences financières ». Surtout, selon Tim Clark, Airbus n'évoque pas la possibilité de convertir les avions aujourd'hui en commande en A380 plus.

Même s'il n'est pas affiché, l'objectif d'Airbus est clair : arracher de nouvelles commandes qui lui permettraient de maintenir la production de l'appareil jusqu'au milieu de la prochaine décennie au moment où de nouvelles technologies de moteur permettraient d'envisager une remotorisation, voire un allongement de sa taille, si le marché le demandait.

Ses premiers exemplaires reçus à partir de 2008 sont censés sortir de la flotte d'Emirates à partir de 2021, mais Tim Clark n'exclut pas de les conserver plus longtemps si besoin.

Fabrice Gliszczynski

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