Exploitation des ressources dans l'espace : de la science-fiction à la réalité

C'est un futur qui n'est pas aussi lointain qu'on ne le pense. Pour la survie de la Planète bleue mais aussi pour leur profit, les grandes et aussi les petites puissances spatiales travaillent sur des programmes d'exploitation des ressources naturelles venues de l'espace. Une réalité qui va bientôt complètement balayer la science-fiction. C'était le thème d'une table-ronde dans le cadre du Paris Air Forum 2020 organisé par La Tribune et à laquelle participaient Marc Serres, directeur de l'Agence Spatial du Luxembourg (LSA), Jean-Jacques Dordain, ancien directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) et conseiller du gouvernement du Luxembourg, et Bruno Pagliccia, PDG et Fondateur de SeisBEE.
"Le programme Artemis de la NASA a changé la donne, explique Jean-Jacques Dordain, conseiller du gouvernement du Grand-Duché du Luxembourg. Les astronautes d'Apollo ne pouvaient rester sur la Lune que quelques jours, en amenant toutes leurs ressources - eau, air, nourriture, ergols, sources d'énergie - de la Terre. Avec Artemis, il s'agira de s'installer durablement sur place, et donc d'utiliser les ressources locales. La mission Artemis".

En février 2016, lorsque le Luxembourg a annoncé son intention de se doter d'une législation pour donner un cadre juridique à l'exploitation des ressources sur d'autres corps du système solaire sans contrevenir aux traités actuels, qui interdisent l'appropriation de territoires sur ceux-ci, le sujet lui-même semblait encore relever de la science-fiction. Mais, en quatre ans et demi, les missions spatiales se sont accélérées. Deux sondes, une américaine et une japonaise, viennent de prélever des échantillons de matériaux sur deux astéroïdes géocroiseurs. La seconde est même déjà sur le chemin du retour. La Chine s'apprête à lancer une sonde qui va rapporter des échantillons de la surface de la Lune, pour la première fois depuis 1976. Surtout, dans le monde entier, des agences spatiales, des laboratoires et même des entreprises privées développent des technologies pour extraire de l'eau du régolithe lunaire.

L'exploitation des ressources naturelles sur la Lune

Pour faire une réalité de l'exploitation des ressources naturelles sur la Lune, les astéroïdes, Mars ou ailleurs, il faut quatre choses : une capacité de détecter et d'identifier ces ressources, la technologie nécessaire pour les extraire et éventuellement les traiter, le marché qui va en avoir besoin, et le cadre juridique. Tous ces éléments se mettent aujourd'hui en place, même le marché.

"Le programme Artemis de la NASA a changé la donne, explique Jean-Jacques Dordain, ancien directeur général de l'ESA (Agence spatiale européenne), aujourd'hui conseiller du gouvernement du Grand-Duché du Luxembourg. Les astronautes d'Apollo ne pouvaient rester sur la Lune que quelques jours, en amenant toutes leurs ressources - eau, air, nourriture, ergols, sources d'énergie - de la Terre. Avec Artemis, il s'agira de s'installer durablement sur place, et donc d'utiliser les ressources locales. Une grande part des Accords Artemis, proposés par la NASA et déjà signés par sept pays, porte sur la question des ressources".

Car loin du fantasme de ramener sur Terre des métaux précieux récoltés sur les astéroïdes, l'objectif de l'exploitation des ressources spatiales c'est de les utiliser sur place. "On utilise les ressources spatiales afin que les futures missions humaines sur la Lune ou sur Mars puissent s'installer. On ne parle pas ici de ramener de telles ressources sur Terre", confirme Jean-Jacques Dordain. L'eau, disponible sur la Lune, les astéroïdes et Mars, permettra de créer des ergols pour alimenter les moteurs ou les piles à combustible, de l'oxygène à respirer et évidemment de l'eau à boire pour les astronautes.

"Nous avons fait une étude de la chaine de valeur concernant les ressources spatiales, précise Marc Serres, le président de l'Agence spatiale luxembourgeoise (LSA). (...) Nous avons essayé d'identifier un certain nombre de différents cas d'utilisation. Par exemple, l'utilisation des ressources spatiales qu'on ramènerait sur Terre n'est pas rentable et ne serait certainement pas la première utilisation de ces ressources spatiales".

Une station-service sur la Lune !

"La première application crédible à la surface de la Lune sera une station service, annonce Bruno Pagliccia. Ancien de l'industrie pétrolière, ce géophysicien a décidé de mettre à profit son expertise dans la prospection, en créant SeisBEE (Seismic for Beyond earth Exploration), une start-up basée... au Luxembourg. Celle-ci propose d'appliquer les méthodes d'imagerie sismique de la recherche pétrolière à l'exploration du sous-sol lunaire ou de l'intérieur des astéroïdes, pour identifier quoi chercher et où. "Un forage pétrolier coûte très cher, il faut donc savoir où forer à coup sûr. La problématique sera la même dans l'espace".

Le Luxembourg ne se contente pas d'être un facilitateur juridique, son agence spatiale est très active sur le développement des compétences technologiques nécessaires à l'exploitation des ressources extraterrestres. Elle vient ainsi d'ouvrir avec l'ESA un centre de recherche spécialisé doublé d'un incubateur technologique, l'ESRIC (European Space Resources Innovation Centre). On retrouve également la LSA (Luxembourg Space Agency) à bord de la mission Hera de l'ESA. Elle fournira un microsatellite chargé d'étudier la mini-lune de l'astéroïde Didymos après son bombardement par une sonde de la Nasa.

"Nous aurons un radar à bord pour observer l'intérieur de ce corps, explique Marc Serres. Comprendre cette structure interne est indispensable si nous voulons un jour pouvoir réaliser la déflexion d'un astéroïde qui se trouverait sur une trajectoire de collision avec la Terre".

Clairement, des pétroliers effectuant des forages dans l'espace et l'évitement de collisions d'astéroïdes avec notre planète. Ce n'est déjà plus de la science-fiction.

Revoir la table-ronde : https://youtu.be/UkYUBiM3FqU

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Commentaires 2
à écrit le 22/11/2020 à 15:23
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Pigs in space ! The gravity of the situation !

à écrit le 21/11/2020 à 18:52
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Pour la survie de la planète vous êtes sûr ?

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