Exportations d'armes : pourquoi 2018 sera bien mieux que 2017 pour la France

En 2018, les exportations d'armements français devrait dépasser les 10 milliards d'euros. Plusieurs grands contrats ont été mis en vigueur en 2018 et d'autres, encore en salle d'attente, pourraient l'être.
Michel Cabirol
Le Qatar a finalisé une commande de 12 Rafale en 2018
Le Qatar a finalisé une commande de 12 Rafale en 2018 (Crédits : Dassault Aviation)

En 2018, les exportations françaises d'armements vont rebondir. Après avoir chuté à 6,9 milliards d'euros en 2017 (contre 13,9 milliards en 2016), elles devraient atteindre au moins 10 milliards d'euros cette année. Plusieurs grands contrats ont été signés en 2017 mais n'ont été mis en vigueur qu'en 2018. C'est le cas des 12 Rafale de Dassault Aviation (plus de 1 milliard d'euros) ainsi que du contrat d'Arquus, ex-Renault Trucks Defense, au Koweît portant sur la fourniture de 300 véhicules blindés Sherpa (270 millions d'euros).

"Certains contrats majeurs signés en 2017 (dont l'acquisition par le Qatar de 12 Rafale supplémentaires) ne sont entrés en vigueur qu'en 2018", a confirmé le ministère des Armées dans le rapport au Parlement 2018 sur les exportations d'armement de la France en 2017.

Des mises en vigueur attendues

En revanche, les 28 NH-90 et 16 Ecureuil (plus de 3 milliards d'euros au total, dont plus de 1,5 milliard pour Airbus Helicopters) vendus au Qatar attendent encore leur mise en vigueur. Le Qatar devrait également confirmer un autre grand contrat pour le compte de Nexter. Il avait signé lors de la visite d'Emmanuel Macron à Doha le 7 décembre une lettre d'intention pour la fourniture de 490 VBCI, un contrat potentiel de 1,5 milliard d'euros, selon l'Élysée.

En outre, la Belgique devrait pour sa part confirmer son intention d'achat de 60 blindés Jaguar et 417 véhicules de combat légers de type Griffon. Un contrat de 1,1 milliard d'euros pour Nexter, Renault Trucks Defense et Thales. Soit environ 5,5 milliards d'euros de ventes plus ou moins acquises aux industriels de l'armement français en 2018. Des commandes auxquelles il faut rajouter la vente prochaine par Naval Group à la marine argentine de quatre patrouilleurs de type OPV Gowind pour environ 280 millions d'euros.

En 2018, "nous avons un certain nombre de prospects bien identifiés avec lesquels nous poursuivons des discussions, avait expliqué en avril la ministre des Armées, Florence Parly, dans une interview accordée à La Tribune. J'ai effectué des déplacements à l'étranger au cours de ces derniers mois pour faire avancer certains dossiers. Avec l'Inde, nous poursuivons nos discussions notamment sur deux projets, l'un bien connu qui est le Rafale. Il y a également un autre sujet qui intéresse beaucoup les Indiens et qui pourrait avancer en 2018. C'est le programme Kaveri destiné à motoriser l'avion de chasse indien, le Tejas. Ce projet pourrait avancer et nous allons continuer à travailler très activement sur ce sujet avec Safran. Actuellement, nous travaillons par ailleurs beaucoup sur deux prospects: les sous-marins avec la Pologne et le renouvellement de la flotte d'avions de combat en Suisse. Berne a récemment publié un RFI (Request for information, ndlr). Enfin, nous avons des discussions qui se poursuivent avec l'Égypte concernant une nouvelle commande de Rafale. Je m'y suis rendue en décembre".

2017, une année dans un cadre plus contraint

Avec ces seuls contrats, dont certains restent encore à confirmer, et en tenant compte d'un socle de ventes d'armes de 4 milliards d'euros de la France, les exportations françaises devraient pulvériser le chiffre de 2017, qui s'est "inscrit dans un cadre plus contraint", a expliqué le ministère des Armées. "Le contexte électoral a suscité un certain attentisme chez les partenaires traditionnels de la France. Par ailleurs, le ralentissement économique qui a touché la plupart des pays producteurs de pétrole a entraîné le report de certains projets d'acquisition de systèmes d'armement", a expliqué l'Hôtel de Brienne.

D'autres grands contrats pourraient être finalisés en 2018. A commencer par la vente de 24 Rafale supplémentaires à l'Egypte. En revanche, l'Inde ne devrait pas signer une nouvelle commande de Rafale en 2018 compte tenu d'une polémique sur la vente des 36 exemplaires vendus en 2016 dans un contexte préélectoral. Outre l'Argentine, Naval Group est en course en Égypte, où le groupe naval négocie la vente des deux corvettes supplémentaires équipées du système de combat de Naval Group, le Setis (autour de 500 millions d'euros). En parallèle, Naval Group tente de finaliser la vente de deux corvettes Gowind aux Emirats Arabes Unis. En revanche, Naval Group devra patienter jusqu'à fin 2019 pour signer le contrat de fabrication des sous-marins (36 milliards d'euros au total), dont la construction sera lancée en 2020. Enfin, le groupe nourrit toujours des espoirs de vendre quatre sous-marins armés par des missiles de croisière (MdCN) à la Pologne.

Nexter toujours en salle d'attente

De façon plus aléatoire, Nexter est présent dans deux compétitions gigantesques en Inde. La première, qui pourrait être le contrat du siècle en matière d'artillerie porterait sur une commande de 1.400 canons de 155 millimètres tractés, pour lequel Nexter propose le Trajan. Ce contrat s'élèverait à 1 milliard d'euros, soit un montant jamais atteint dans le domaine de l'artillerie. Le groupe français fait partie des deux derniers candidats avant la décision finale. Le Trajan est actuellement en train d'effectuer une nouvelle campagne de tests en Inde, avait expliqué en février le PDG de Nexter Stéphane Mayer. La deuxième compétition porte sur 800 canons montés sur camion, pour lequel le groupe propose le Caesar.

En Arabie Saoudite, Nexter attend patiemment depuis plus de deux ans environ une décision venant de Ryad pour son offre à base de Titus. L'Arabie Saoudite pourrait devenir le premier client du blindé 6x6 polyvalent Titus tant à l'export qu'en France. Ryad souhaite équiper deux brigades de l'armée de Terre de Titus ainsi que de canons tractés de 155 mm, selon des sources concordantes. Soit un contrat d'environ 300 millions d'euros.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 06/07/2018 à 11:02
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Nous sommes aux antipodes du désarmement des avions au Salon International de l’Aéronautique et de l'Espace du Bourget en juin 1981 par Mitterrand (80 milliards de francs d'annulations de commandes et 30 ans pour remonter la pente avec des clients dé...

à écrit le 05/07/2018 à 16:07
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la France exporte de plus en plus d'armes qui servent, en partie, à nous faire importer de plus en plus de migrants

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