"Il n'est pas question de renoncer à la défense en France" (Airbus)

Airbus a mis les choses au point avec Jean-Yves Le Drian. Pas question de renoncer à la défense. Le groupe aéronautique travaille même sur un successeur de l'avion de combat Eurofighter.
Michel Cabirol
Airbus travaille travaille sur le futur système de combat aérien qui remplacera les avions de combat Eurofighter

Pour Airbus, il n'est pas question de renoncer à la défense, notamment en France. Ce n'est pas le scoop du siècle certes. Mais ce qui sont initiés ont compris. De quoi parle-t-on ? D'une passe d'armes entre Jean-Yves Le Drian et Airbus, qui a chatouillé à la fin de l'hiver les narines de Tom Enders. Le ministre de la Défense français n'a pas apprécié l'éviction de Marwan Lahoud, patron de l'international et de la stratégie d'Airbus et dirigeant historique d'EADS. En outre, le courrier adressé en février aux sept pays clients de l'A400M pour demander à nouveau de l'aide sur ce programme cauchemardesque, avait très fortement irrité la France. Bref, Jean-Yves Le Drian était furax et l'avait fait savoir publiquement début mars à Airbus sur la base aérienne d'Orléans où sont stationnés les A400M français.

Le ministre a clairement mis sous surveillance les orientations que pourrait prendre Tom Enders sur le devenir de son groupe. "C'est bien connu, et ce que je vais dire maintenant n'est pas un avertissement, c'est une précaution, la confiance se perd plus vite qu'elle ne se gagne, avait-il expliqué dans son discours. Le partenariat qui nous unit à l'entreprise franco-allemande d'aéronautique doit respecter la vocation autant militaire que civile de cette dernière, et Tom Enders le sait bien et je crois l'entend".

D'ailleurs, la présence de Tom Enders n'avait pas été souhaitée à l'occasion de la livraison du sixième A400M au standard tactique à l'armée de l'air française à Orléans. Le ministre avait préféré la présence de Marwan Lahoud, à qui il avait rendu hommage. Cet ex-DGA qui était jusqu'ici l'interlocuteur attitré du ministère de la Défense dans le groupe européen, est remplacé par le patron d'Airbus Helicopters, le nouveau référent de la Direction générale de l'armement (DGA) au sein d'Airbus pour les questions militaires. A Orléans, le message était clair. Il serait inacceptable pour la France que le patron d'Airbus vende les activités Avions militaires et/ou arrête le programme A400M, comme on prête de temps en temps l'intention à Tom Enders, beaucoup plus passionné par la Silicon Valley.

La défense, "un secteur-clé" pour Airbus (Dirk Hoke)

Airbus a répondu à son tour publiquement à Jean-Yves Le Drian, qui a de bonnes chances de rester au ministère de la Défense si Emmanuel Macron gagne l'élection présidentielle. Peut-être que le groupe aéronautique anticipe une telle hypothèse. Toujours est-il que Airbus a tenu à rappeler toute l'importance des activités défense françaises pour Airbus Defence and Space (DS). Et c'est un proche de Tom Enders, le président exécutif d'Airbus DS Dirk Hoke, qui s'y colle, ainsi que le patron de la stratégie d'Airbus DS, le général Antoine Noguier... un ex du cabinet de Jean-Yves Le Drian entre 2012 et 2014 (chef du cabinet militaire).

Dans l'édito de la lettre institutionnelle d'Airbus France titré "Airbus Defence and Space, un leader  industriel français", Dirk Hoke écrit noir sur blanc que la défense "est un secteur-clé" pour Airbus. "La France est un pays majeur pour Airbus DS" et "les compétences situées" sur son sol (satellites civils et militaires, cybersécurité et aéronautique militaire - A400M, SCOOA... -, missiles) "sont essentielles pour nous", précise-t-il. En outre, il rappelle que le groupe y emploie "directement 6.000 salariés dans ses pôles d'excellence et plus de de 15.000 si nous ajoutons MBDA et Airbus Safran Launchers".

"Il n'est pas question de renoncer" à ces compétences et "nos sites français forment le socle de la réussite de demain", a fait valoir Dirk Hoke. (...) La France et les pays européens font face à des défis sécuritaires : nous souhaitons être, plus que jamais, leur partenaire industriel  de référence. C'est pour cela qu'Airbus Defence ans Space s'st engagé sur le futur drone MALE européen".

Airbus veut participer au futur système de combat européen

Dirk Hoke a également lancé un petit pavé dans la mare en affirmant que le géant européen reste "aussi force de proposition, en particulier pour les avions militaires de demain". Ce que précise de son côté mais de façon très sibylline le général Antoine Noguier, un ex-pilote de chasse. Dans le cadre de la préparation de l'avenir, Airbus travaille sur le futur système de combat aérien qui "combinera des aéronefs pilotés et des vecteurs autonomes ou pilotés à distance (différents types de drones), explique le général. Il devra aussi intégrer les plateformes actuelles comme le MRTT et l'A400M, qui ont un très gros potentiel pour effectuer encore plus de missions simultanément. Ces aéronefs pourront par exemple, tout en accomplissant leur mission principale, servir de relais de communication, de commandement, accomplir des missions de renseignement ou recueillir de multiples données".

"Notre ambition consiste à faire d'Airbus le principal fournisseur européen de solutions aérospatiales et de défense d'avant-garde pour un monde plus sûr et plus connecté", explique de façon plus large Antoine Noguier.

Michel Cabirol

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Commentaires 10
à écrit le 20/04/2017 à 8:23
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Il faudrait surtout qu'Airbus arrête de vouloir faire du militaire, ça ne leur réussi pas!! Le programme A400M est une supercherie et le typhoon est un avion raté, vrai aspirateur à oiseaux à basse altitude....

à écrit le 20/04/2017 à 7:55
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Airbus veut participer au futur "système de combat européen" ça ne marchera jamais.

à écrit le 19/04/2017 à 22:35
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Cette situation est inacceptable pour un groupe comme Airbus. Engagé sur une terminaison du projet, il est inconcevable de demander des rallonges (ce n'est pas les premières fois) sous couvert que le secteur de la défense française est un secteur cl...

à écrit le 19/04/2017 à 16:01
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Airbus est une entreprise germano-française plutôt que franco-allemande. Sous l'impulsion de Tom Enders, elle donne à la France les apparences (siège à Toulouse) pour lui enlever les réalités (usines à Hambourg).

le 20/04/2017 à 7:59
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Je pense que vous en oubliez toutes ces villes allemandes :: -Toulouse -Saint-Nazaire -Méaulte -Nantes soit environ 20000 allemands....

le 20/04/2017 à 9:38
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Il ne faut pas raconter de bêtises. Toulouse reste le plus gros centre de production de Airbus. Toulouse reste le siège centrale du consortium pour des raisons pratiques, techniques et surtout historique !

à écrit le 19/04/2017 à 14:09
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Il est claire que la branche défense de Airbus dois être maintenu voir renforcer dans certain domaine... Il manque un avion à décollage cours ou vertical ( le seul programme qui existe est americain) , de même il nous faut un avion d' appuis au sol (...

à écrit le 19/04/2017 à 12:32
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Enders n'est certainement pas le patron qu'il faut à Airbus. Il a un cerveau américano-anglais et (évidemment) il est Atlantiste. La France doit le pousser vers la sortie.

le 19/04/2017 à 14:03
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comment peut-on demander de l'argent pour subventionner une firme qui a soustraité toutes les activités hors de l'europe. ceci n'a pas de sens. où va cet argent?

le 19/04/2017 à 16:23
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vous semblez oublier que airbus n est pas qu une societe francaise. Autrement dit les autres pays ont aussi leur mot a dire. Enders n est pas forcement plus mauvais qu un autre. Par ex recentre Airbus sur toulouse et liquide le site de paris, chose ...

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