Critères ESG/souveraineté : Ossiam (Natixis) exclut dans un de ses fonds l'industrie de l'armement

La société de gestion d'actifs spécialisée Ossiam, filiale de Natixis Investment Managers, a décidé d'exclure les industries du secteur de l'armement.
Michel Cabirol
Airbus et Thales pourront-ils encore continuer à construire des satellites pour surveiller la Terre et protéger les Français et les Européens de menaces terroristes ?
Airbus et Thales pourront-ils encore continuer à construire des satellites pour surveiller la Terre et protéger les Français et les Européens de menaces terroristes ? (Crédits : DR)

C'est une vraie menace qui monte et qui pourrait à terme laminer la souveraineté de la France et de l'Europe. Le président du GIFAS et d'Airbus Guillaume Faury avait malheureusement bien raison en estimant récemment qu'un "mauvais vent souffle" sur le secteur de l'armement alors qu'on assiste à une multiplication de tensions et de crises internationales (Ukraine, Mer de Chine, Moyen Orient, Iran...). Mais progressivement, le monde de la finance est en train d'exclure l'industrie de l'armement européenne de leur stratégie de financements. Cette stratégie se décline banque par banque, fonds d'investissements par fonds d'investissement, sociétés de gestion d'actifs par société de gestion d'actifs. C'est le cas aujourd'hui avec Ossiam, la filiale de Natixis Investment Managers et société de gestion d'actifs spécialisée, qui développe et gère des fonds d'investissement, notamment des fonds négociés en bourse.

Ossiam a décidé d'intégrer à partir de cette semaine des critères ESG à la stratégie de gestion de son ETF (fonds indiciels cotés) équipondéré. Dans ce cadre, Ossiam, qui a son siège à Paris, a décidé d'exclure les sociétés, qui ne remplissent pas les critères d'évaluation du filtre Sustainalytics Global Standard. Soit les industries du secteur de l'armement (tel que défini par les Nations Unies qui mène pourtant des missions de maintien de la paix), ou des sociétés qui n'ont pas de notation ESG. Le total des actifs sous gestion d'Ossiam s'élevait à 6,5 milliards de dollars à la fin octobre 2021."La stratégie applique des filtres d'exclusion supplémentaires pour les sociétés de l'industrie du tabac, de l'énergie liée au charbon, et du secteur de l'armement", a expliqué le communiqué d'Ossiam. La filiale de Natixis Investment Managers précise à La Tribune que dans la plupart de ses fonds actions, les secteurs de la défense et de l'aéronautique ne sont pas exclus.

"Il me semble majeur d'insister sur le fait qu'il n'y aura pas d'activités soutenables sur le long terme s'il n'y a pas, au préalable, des pays stables et des économies stables elles-aussi, avait expliqué dans une interview accordée à La Tribune le PDG de Thales, Patrice Caine. Il faut bien considérer que la stabilité et la sécurité sont des pré-requis à la durabilité, une réalité qui est parfaitement comprise et admise par les Américains : « No Sustainability without Stability ». Les investisseurs américains estiment qu'investir dans la défense est légitimement un investissement socialement responsable".

Un projet européen controversé

Cette menace est alimentée par un projet de rapport du Centre commun de recherche (JRC), le service scientifique et de production des connaissances de la Commission européenne. Un projet mortifère pour l'industrie de l'armement européenne s'il était adopté en l'état. Un rapport sur l'instauration de nouveaux critères de label écologique de l'UE pour les produits financiers. Tel qu'il est proposé aujourd'hui, ce rapport pourrait laminer l'industrie de l'armement européenne, déjà déstabilisée par les politiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de plus en plus dures des banques et des organismes financiers. Au-delà, il anéantirait la souveraineté des pays membre de l'UE et de l'Europe elle-même, qui pourtant l'appelle aujourd'hui de ses vœux.

Alertées par le rapport de la Commission européenne, les entreprises de défense, qui ont désormais bien conscience de cette menace majeure, appellent les États à les soutenir en vue d'éviter leur exclusion de la taxonomie sur la finance durable de l'UE. Six fédérations d'industriels européens de la défense - BSDI (Belgique), AFDA (Finlande), CIDEF (France), BDSV (Allemagne), NIDV (Pays-Bas) et FSi (Norvège) - ont cosigné une lettre sur la thématique des critères RSE et du financement qu'ils ont remis auprès de leurs autorités nationale.

"Il n'y a pas de durabilité sans sécurité", affirment-elles. Car, selon les six fédérations, les entreprises, qui fabriquent "des produits vitaux pour la sécurité commune des États membres de l'Europe et de l'Union dans son ensemble sont un élément indispensable d'une société durable, garantissant la paix et des institutions fortes". Et de rappeler que l'un des rôles essentiels de la défense est "de protéger la démocratie et les libertés dans un environnement mondial très instable (même en marge de l'Europe)".

Michel Cabirol

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Commentaires 7
à écrit le 25/01/2022 à 18:44
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En son temps, le gouvernement a lancé un fonds d'investissement destiné aux PME de Défense. Il serait judicieux de l'étendre à l'ensemble de la BITD et de faire en sorte que les financements assurés par BPI France soient abondés obligatoirement par l...

à écrit le 24/01/2022 à 17:31
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Terrorisme/terroriste ça en jette et devient le point godwin de tout argumentaire de bon aloi. Au Scrabble cette combinaison magique devrait être le mat des échecs.

à écrit le 24/01/2022 à 16:35
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La bien-pensance va détruire ce pays. Fuyez !

à écrit le 24/01/2022 à 14:29
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Les seuls a avoir tout compris pour l'instant c'est blackrock qui investi là ou il y a de l'argent à se faire et non pour faire plaisir a quelques pseudos bien pensants !!!

à écrit le 24/01/2022 à 13:51
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Ces sociétés de gestion d'actif ou banque qui excluent l'industrie de défense européenne de leur investissements au mépris du plus élémentaire patriotisme - et qu'incidemment quand la Russie nous menace, et s'apprête a envahir l'Ukraine - pourrait ...

à écrit le 24/01/2022 à 12:58
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si cette ste francaise joue contre la France qu elle dégage ou qu on lui mette le fisc sur le dos ras le bol de ces boites franchouillarde qui travaillent contre leur pays, specialité bien héxagonale quand on voit ce que font leurs consoeurs..boycoot...

le 24/01/2022 à 14:14
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le jour ou elle aura des probleme de securite pas d'intervention des organismes de l'etat

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