Tandis que dans la division avions d'Airbus souffre, sa branche spatiale se porte bien, même très bien.
"L'année 2020 sera la meilleure année de la décennie en matière de télécoms. Nous avons déjà quatre satellites signés plus deux options. Sans compter les 34 satellites supplémentaires de la constellation OneWeb qui seront lancés au mois de décembre", a indiqué Jean-Marc Nasr, directeur Space Systems chez Airbus Defence and Space à l'occasion de sa participation au Paris Air Forum ce vendredi 20 novembre.
Même optimisme du côté de l'autre grand donneur d'ordre de la filière spatiale européenne, Thales. "Nous avons connu cette année de grands succès sur des programmes de l'ESA (l'agence spatiale européenne, ndlr). Sur les six missions Copernicus, nous avons été retenus en maître d'oeuvre pour trois d'entre d'elles et nous avons été sélectionnés pour deux charges utiles", se félicite Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space.
Bien sûr, les acteurs du spatial ont dû composer avec la pandémie. "On ne peut pas produire des satellites en télétravail donc nous avons eu des interruptions sur nos sites industriels", complète Hervé Derrey. Du côté d'Airbus aussi, "la crise a provoqué une fermeture des nos chaînes de production pendant près de deux mois en mars-avril". Le groupe européen a même dû développer en urgence un gel hydroalcoolique spécial pour les salles blanches où l'on finalise l'assemblage des satellites.
15 à 18 mois de retard pour Ariane 6
En revanche, côté lanceurs, la situation est plus critique. André-Hubert Roussel, président exécutif d'ArianeGroup, annonce un chiffre d'affaires en chute de 30%.
"2020 est une année extrêmement difficile. Nous avons 15 à 18 mois de retard sur le développement d'Ariane 6 et des surcoûts importants. L'année sera blanche en matière de production et toute la chaîne industrielle va connaître de grandes difficultés pour passer cette année", constate-t-il même si Ariane 5 a pu refaire un lancement dès la mi-juillet.
Pour passer le cap, ArianeGroup compte faire appel au chômage partiel. Du côté d'Airbus, un plan de restructuration avait été engagé avant la crise sanitaire.
Paiements accélérés et maintien des contrats
Surtout, la filière spatiale peut compter sur ses agences, le CNES pour la France et l'ESA en Europe.
"Les agences nous ont beaucoup aidés en apportant un soutien au niveau des paiements qui a été très utile vis-à-vis de notre chaîne de sous-traitance. Nous avons pu faire profiter de ces facilités de paiement à nos sous-traitants les plus critiques pour les aider à passer cette période très difficile du confinement", tient à souligner le dirigeant de Thales.
Une stratégie confirmée par Jean-Yves Le Gall, le président du CNES : "Nous avons bien compris que cette crise allait toucher l'industrie et qu'il fallait tout faire pour qu'elle la surmonte à travers notamment ces paiements accélérés. Nous avons poussé pour qu'il y ait un plan de relance. Il est doté de 515 millions d'euros, c'est considérable !"
Et puis, les gouvernements ont maintenu le rythme des contrats, une bouffée d'air pour les industriels. L'Esa a encore attribué au mois de septembre un pactole de 2,5 milliards d'euros dans le cadre du programme Copernicus, qui fait la part belle à Airbus et Thales.
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