La Norvège va acheter en 2019 des sous-marins allemands

La ministre de la Défense norvégienne Marie Eriksen Soreide a annoncé la signature d'un contrat avec ThyssenKrupp Marine Systems en 2019 portant sur l'achat de quatre U-212 NG. La commande est évaluée à 4,3 milliards d'euros.
Michel Cabirol
L'offre des Allemands était imbattable pour la fourniture de sous-marins à la Norvège

Un pas de plus pour ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) vers la signature d'un contrat important. La Norvège va passer une commande pour l'acquisition de quatre sous-marins U-212 NG (Next Generation) à TKMS en 2019, a annoncé mardi la ministre de la Défense Marie Eriksen Soreide pendant une visite avec son homologue allemand d'une base navale allemande. Selon la presse allemande, le prix des quatre sous-marins s'élève à 4,3 milliards d'euros au total.

Ce contrat s'inscrit dans le cadre d'un accord de coopération entre les deux pays, qui prévoit également que l'armée allemande acquiert deux sous-marins identiques à ThyssenKrupp et des missiles au norvégien Kongsberg.

Un appel d'offres biaisé

Pour contrer l'offre de Naval Group (ex-DCNS) qui était extrêmement séduisante, le groupe allemand, avec l'aide de la chancelière Angela Merkel, a été contraint d'aller au-delà de ce que permettait le dialogue compétitif norvégien. C'est-à-dire, très clairement ne pas le respecter en proposant à Oslo un achat groupé avec l'acquisition de deux sous-marins supplémentaires à la marine allemande. Bonne pioche pour les Allemands qui ont remporté le marché norvégien. "Cette offre était imbattable", assurait-on en février dernier en France, qui n'a que des sous-marins nucléaires dans sa flotte. Naval Group ne pouvait donc pas proposer une offre similaire à TKMS.

C'est d'ailleurs ce que suggérait en février Naval Group dans son communiqué sans le dire très clairement : la Norvège a interrompu "le processus compétitif avant sa conclusion pour sélectionner une solution alternative sous forme d'un achat groupé intergouvernemental avec un autre pays européen (Allemagne, ndlr)" . Comme quoi la prime a été donnée à celui qui ne respectait pas l'appel d'offres. Il faudra s'en rappeler en Norvège pourtant considéré comme un partenaire fiable et sérieux dans le processus des appels d'offres.

Des économies d'échelle pour la Norvège

Dans les années 80, les Allemands avaient proposé ce même type d'accord aux Norvégiens. Oslo avait acheté six sous-marins Ula (type 210 allemand) mais Berlin n'avait pas confirmé par la suite son achat. En tout cas, l'offre allemande est aujourd'hui encore imbattable sur le papier. Berlin propose ni plus ni moins de partager entre deux pays les coûts d'acquisition, de développement d'un nouveau sous-marin à partir du U212, d'approvisionnement, de logistique, et des opérations aux Norvégiens. C'est-à-dire des économies et des synergies inespérées pour la Norvège. Il fallait être fous pour refuser une telle offre mais l'histoire peut bégayer de temps en temps...

Proximité de la marine norvégienne et allemande

Dans cette compétition, Naval Group a fait longtemps figure d'outsider face à TKMS avant que son offre n'inquiète vraiment les Allemands, qui ont compris que le groupe tricolore séduisait vraiment Oslo. Car jusqu'ici TKMS et Berlin considéraient la Norvège comme une chasse gardée, la marine norvégienne étant culturellement proche de l'Allemagne. Surtout le chantier allemand a fabriqué puis entretenu les six sous-marins Ula norvégiens (type 210 allemand) mis en service entre 1989 et 1992 et qui devraient être retirés du service autour de 2025. D'où une certaine proximité avec l'état-major de la marine norvégienne. "La Norvège et l'Allemagne entretiennent une coopération couronnée de succès", avait expliqué le ministère de la Défense norvégien.

Et pourtant, il y avait beaucoup à redire dans cette coopération. Faut-il rappeler simplement que la marine nationale française utilise 240 jours par an ses sous-marins alors que la Norvège ne peut employer ces bâtiments de fabrication allemande que 100 jours par an. Enfin, la Norvège peut s'appuyer sur la marine nationale, une marine océanique de premier rang, qui a elle aussi des missions dans le cercle arctique.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 23/08/2017 à 13:15
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Moi je trouve qu´il y a beaucoup à redire sur les articles consacrés à ce Sujet. Quand la France est favorite c´est "normal", quand c´est un autre qui gagne c´est "biaisé". Limite que les Clients sont trop idiots. On ajoute à cela que les articles p...

le 24/08/2017 à 15:08
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Celui qui gagne ne respecte pas l'appel d'offres. Et vous trouvez ça logique? Soit vous êtes allemand, soit vous travaillez pour TKMS, soit vous êtes un bisounours français. Cochez la case

à écrit le 22/08/2017 à 22:55
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Les 6 sous-marin d'attaque français ont passé 1000 jours en mer soit 160 jours par an et par sous-marin et non 240 jours. http://www.opex360.com/2017/01/02/en-2016-les-marins-nucleaires-dattaque-francais-ont-passe-1-000-jours-en-mer/ De plus, l'...

à écrit le 22/08/2017 à 19:55
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Il va falloir faire votre deuil de cette histoire M. Cabirol :) Voilà une coopération européenne efficace et constructive. A reproduire autant que possible. A la France de savoir proposer ce genre de partenariat à nos alliés européens.

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