La Turquie achète le très redoutable système de défense aérienne russe S-400

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé l'achat à la Russie de systèmes de défense aérienne S-400. Moscou a confirmé cette vente.
L'achat par la Turquie de systèmes de défense aérienne S-400 suscite l'inquiétude des alliés de la Turquie au sein de l'Alliance atlantique.

Article mis à jour le 13/09/2017

La Turquie a signé avec la Russie un contrat majeur portant sur l'achat de systèmes de défense aérienne S-400, a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan, cité mardi dans les médias turcs. "Les signatures ont été faites pour l'achat de systèmes S-400 à la Russie", a déclaré Recep Tayyip Erdogan, cité par plusieurs journaux dont le quotidien Hürriyet, ajoutant: "Un acompte a également été versé pour autant que je le sache". Le président russe Vladimir Poutine "et moi-même sommes déterminés sur cette question", a-t-il poursuivi, dans des déclarations à la presse à bord de l'avion qui le ramenait d'une visite au Kazakhstan.

Cet accord d'armement, dont le montant n'a pas été dévoilé, suscite l'inquiétude des alliés de la Turquie au sein de l'Alliance atlantique. Le Pentagone a déjà tiré la sonnette d'alarme, affirmant que "généralement, c'est plutôt une bonne idée pour des alliés d'acheter du matériel qui opère ensemble". Mais le président Recep Tayyip Erdogan a estimé que la Turquie était libre d'acquérir le matériel de défense nécessaire à ses besoins. L'accord est, semble-t-il, limité. Il porterait sur la fourniture par Moscou de deux S-400 à Ankara d'ici à la fin de 2018 et la production en Turquie de deux autres systèmes. "Nous prenons les décisions à propos de notre indépendance seuls. Nous sommes obligés de prendre des mesures de sécurité et de défense pour défendre notre pays", a affirmé Recep Tayyip Erdogan.

"L'achat de ces équipements militaires par la Turquie relève d'un choix souverain qu'il n'appartient pas aux membres de l'Alliance atlantique de commenter, a souligné ce mercredi le porte-parole du Quai d'Orsay exprimant une attitude plus neutre. La Turquie est fortement soutenue par ses alliés de l'OTAN pour faire face aux menaces régionales qui pèsent sur sa sécurité. Depuis 2013, à la demande de la Turquie, l'Alliance atlantique déploie ainsi des systèmes de défense antimissile dans l'Est du pays. Un paquet de mesures d'assurance a en outre été adopté, comprenant pour la Turquie des survols d'AWACS de l'OTAN ainsi que des escales navales plus régulières des forces navales permanentes de l'OTAN".

Moscou confirme

Moscou a également confirmé l'accord. "Le contrat a été signé et on se prépare à le mettre en œuvre", a assuré à l'agence de presse russe TASS le conseiller pour la coopération militaire et technique du Kremlin, Vladimir Kojine. Il a expliqué que "les S-400 sont un des systèmes les plus compliqués, composé d'un ensemble de matériels techniques", d'où un grand nombre de "subtilités" à régler. Un système S-400 comprend plusieurs stations radar ainsi que des missiles de diverses portées et des équipements de maintenance.

"Je peux seulement dire que toutes les décisions prises sur ce contrat correspondent à nos intérêts stratégiques", a-t-il poursuivi, ajoutant comprendre "très bien la réaction de certains de nos partenaires occidentaux qui essaient de faire pression sur la Turquie".

Les relations de la Russie avec l'OTAN sont en crise depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et le soutien apporté à des séparatistes pro-russes en Ukraine. Et tandis que la Turquie reste un membre-clé de l'OTAN, ses relations avec les États-Unis sont particulièrement tendues du fait de la décision américaine de soutenir des milices kurdes syriennes considérées comme "terroristes" par la Turquie pour lutter contre le groupe État islamique (EI).

La Turquie également intéressée par le système Aster

L'accord avec la Russie n'empêche pas la Turquie de commencer à travailler sur moyen et long terme avec l'Europe sur un futur système de défense aérienne. Un accord préliminaire (HOA ou Head of Agreement) a été signé la semaine dernière entre le consortium européen Eurosam (50-50 entre MBDA et Thales) et les industriels turcs Aselsan et Roketsan. Les trois partenaires devraient développer sur le long terme un nouveau système de défense aérienne sur la base du système du missile Aster (système SAMP/T).

"Les Turcs achèteraient le S-400 pour couvrir leurs besoins court terme et affichent en même temps leur volonté de coopérer avec Eurosam pour couvrir leurs besoins de développer sur le long terme un programme turc", a expliqué une source contactée par La Tribune.

La Turquie devra se décider si elle entre dans le programme de modernisation du système de défense Aster 30 Block 1 NT lancé en coopération entre la France et l'Italie. Ou si elle choisit une autre voie.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 9
à écrit le 07/10/2022 à 19:24
Signaler
octobre 2022 : finalement la Russie est bien un nain economique, est ses missiles ne sont pas aussi bon qu énoncer : la preuve par les faits:

à écrit le 14/09/2017 à 13:44
Signaler
@ BONJOUR : contrairement à l'opinion occidental les armes russes sont de bonne qualité précises et fiables contrairement aux affirmations des "prophètes occidentaux" je ne crois pas que si un jour un conflit par malheur venait à éclater entre la...

à écrit le 12/09/2017 à 23:31
Signaler
les prochains avions russes qui survoleront la turquie n'auront qu'a bien se tenir, s'ils ne veulent pas etre abattus par un missile russe vendu aux turcs

à écrit le 12/09/2017 à 22:36
Signaler
Disons le clairement,la Russie, un nain économique, possède une technologie qui menace la suprématie aérienne de l'Otan, rien que ça. Et il en fait profiter Erdogan qui semble de plus en plus préférer être un vassal de Moscou que de Washington. En m...

le 13/09/2017 à 5:55
Signaler
Je pense qu elle est le vassal de personne elle fait juste ce qui est dans son intérêt et prend des propres décisions et d ailleur elle le montrent bien depuis qu Erdogan est au pouvoir ,et c est justement ca qui agacent bcp les usa et l europe!

le 13/09/2017 à 8:10
Signaler
@johnmckagan: nain économique ? Reviens un peu à la réalité, un pays qui possède autant de ressources naturelles ne peut pas être un nain économique. La preuve est bien que les sanctions occidentales ne s'appliquent pas à l'énergie, notamment :-)

le 18/09/2017 à 9:36
Signaler
Et inversement, les alliés de Moscou ne peuvent pas la lâcher. Printemps de Prague... Ukraine, Pologne...

à écrit le 12/09/2017 à 13:14
Signaler
S'éloignant de l'OTAN, on l'éloigne de l'UE!

le 12/09/2017 à 14:16
Signaler
Beaucoup s'éloignent de l'Europe qui joue au double face : surtout de Mme Merkel ( pro USA)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.