Lanceurs réutilisables : la France met un coup de boost

Le CNES et le centre de recherche aérospatiale ONERA lancent une étude de six mois sur la faisabilité d'un premier étage d'un lanceur réutilisable. Un programme de démonstrateur pourrait suivre.
Michel Cabirol
Le CNES et l'ONERA ont déjà l'expérience d'une étroite collaboration dans le cadre du démonstrateur de l'aéronef Eole en lien avec le projet Perseus (projet étudiant de recherche spatiale européen universitaire et scientifique) du Centre national d'études spatiales

Face à la menace de la société américaine de lancement de satellites SpaceX détenue par le milliardaire Elon Musk notamment, la France se met en ordre de bataille pour ne pas se faire distancer par la concurrence dans le domaine des lanceurs réutilisables... même si aujourd'hui le modèle économique n'a pas encore été démontré. Mais les opérateurs de tout poil, dont SES, veulent à tout prix réduire les coûts d'accès à l'espace pour développer de nouveaux marchés, jusqu'ici freinés par les prix des lancements.

"Dans un contexte de concurrence exacerbée, le CNES et l'ONERA (le centre de recherche aérospatiale, ndlr) ont décidé de mettre en commun leurs compétences pour envisager la faisabilité de futurs lanceurs réutilisables", a expliqué le président du CNES, Jean-Yves Le Gall dans un communiqué conjoint du Centre national d'études spatiales et ONERA publié vendredi. Sur son site internet, l'ONERA a précisé que "pour que l'Europe puisse continuer à disposer sur le long terme d'un lanceur qui reste économiquement viable et donc d'un accès indépendant à l'espace, il est temps d'étudier et de préparer un lanceur qui permette de franchir une nouvelle étape dans la baisse des coûts, au-delà des progrès d'Ariane 6".

Vers un démonstrateur?

C'est dans ce cadre que le CNES et l'ONERA se sont associés pour réaliser une étude sur la faisabilité d'un premier étage d'un lanceur réutilisable. Parallèlement, ils réfléchissent à des éléments techniques déterminants pour la validité économique d'un tel système comme la récupération, le retour et la maintenance. Les deux partenaires ont signé une lettre d'intention pour lancer cette étude d'une durée de 6 mois. Elle permettra d'identifier des solutions et leur viabilité technique ainsi que des éléments de réflexion pour une logique de démonstration au sol et en vol.

Cette étude pourrait être in fine le préalable à un programme de démonstrateur, qui pourrait être "mené par la suite dans un cadre de coopération européenne ou internationale", a expliqué l'ONERA sur son site.

Une étude en deux volets

Elle a pour objectif de proposer des solutions techniques "pour rendre un premier étage de lanceur capable d'un retour à sa base de lancement", ont expliqué le CNES et l'ONERA. Ce volet de l'étude abordera les différents paramètres portant sur le retour du premier étage, notamment le design préliminaire du véhicule, l'aérodynamique, la thermique, la trajectoire de retour et les qualités de vol. "Une phase d'études préliminaires a d'ores et déjà démarré", ont précisé les deux partenaires.

Dans le cadre du second volet, la plateforme de simulation multi-physique pour l'énergétique et la propulsion CEDRE de l'ONERA, sera utilisée pour évaluer "les flux thermiques et les efforts appliqués sur l'étage lors du retour lorsque ce dernier n'utilise que la poussée de ses moteurs fusées pour freiner", a souligné le centre de recherche sur son site.

Cette étude "verra l'ONERA mettre en œuvre ses compétences pluridisciplinaires au côté du CNES pour contribuer à définir et à évaluer les véhicules et systèmes aérospatiaux du futur", a précisé le PDG de l'ONERA, Bruno Sainjon.

Les deux partenaires ont déjà l'expérience d'une étroite collaboration, dans le cadre des phases préliminaires du projet Pré-X, démonstrateur de véhicule de rentrée atmosphérique, sélectionné ensuite par l'Agence spatiale européenne (ESA) comme projet de démonstration ou encore dans le cadre du démonstrateur de l'aéronef Eole en lien avec le projet Perseus (projet étudiant de recherche spatiale européen universitaire et scientifique) du CNES. Breveté en 2012, cet aéronef expérimental étudie la faisabilité de remplacer le premier étage d'un lanceur classique par un engin aéroporté automatisé et réutilisable.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 05/01/2016 à 10:44
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C'est vraiment dommage que l'Etat et l'industrie aéronautique manque d'ambition autour de l'ONERA car elle couve en son sein beaucoup de projet ambitieux.

à écrit le 05/10/2015 à 17:16
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Il me semble avoir lu il y a quelques mois (sur la tribune) un projet de rafale lanceur de satellite??? Est ce toujours d'actualité ?

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