Le coup de gueule des pilotes de ligne contre les drones

L'Association européenne des pilotes de ligne a récemment publié un document où elle exprime ses inquiétudes sur l'utilisation de plus en plus massive des drones civils.
Michel Cabirol
L'utilisation de plus en plus intensive des drones civils inquiètent les pilotes de ligne

L'Association européenne des pilotes de ligne (ECA), qui représente 38.000 pilotes sur le Vieux-Continent, est inquiète. Très inquiète même sur l'utilisation des drones, notamment à proximité des aéroports. Elle vient de publier un nouveau document appelé "les menaces aériennes à faible altitude, les drones" pour clarifier sa position en matière de normes et de règles nécessaires en vue d'une utilisation sûre des drones civils.

Créée en 1990 et basée à Bruxelles pour défendre les positions des pilotes de l'Union européenne face aux institutions communautaires, ECA (European Cockpit Association) est devenue aujourd'hui l'interlocuteur privilégié des instances européennes auprès de qui elle exprime des positions officielles au nom de l'ensemble des pilotes.

Pour ECA, "il est absolument essentiel que la technologie soit introduite en toute sécurité, en particulier en ce qui concerne l'aviation commerciale". Et d'estimer qu'un "accident à l'avenir impliquant des drones dans lequel des gens seraient gravement blessés, ferait beaucoup plus de dégâts pour le développement de cette industrie qu'une réglementation  efficace et bien pensée". Pour les pilotes de ligne, la sécurité des personnes en vol ou au sol reste "primordiale". Et la sécurité est bien plus importante que "la capacité ou le droit d'exploiter un drone".

Une étude sur l'impact d'une collision drone contre avion

Un coup de gueule d'autant plus important que ECA rappelle que la plupart des drones civils dans la catégorie "Open" définie par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) seront "des produits de consommation de masse sur le marché". Ces drones pourront améliorer leurs performances de façon significative dans quelques années, estiment les pilotes. "La réglementation doit traiter cette question. Cela ne peut se faire sans une évaluation adéquate des risques, en particulier des risques de collision en plein ciel", explique ECA.

Les pilotes de ligne demandent une étude pour évaluer les effets d'une collision entre un drone et un avion. "C'est une question urgente", a estimé ECA. L'association préconise également d'interdire les drones des espaces aériens utilisés par les avions commerciaux. Tout comme, ils recommandent notamment la récupération automatique du drone en cas de perte de contrôle, un poids limité à 500 grammes et un système de traçage pour identifier l'opérateur..

De nombreux incidents

L'inquiétude des pilotes parait justifiée. Car les incidents se multiplient. Pas plus tard que la semaine dernière, un drone est passé à environ cent mètres d'un appareil de la compagnie allemande Lufthansa arrivant à Varsovie en provenance de Munich, selon l'agence polonaise de la navigation aérienne, citant l'équipage. L'appareil, un Embraer 195, se trouvait à environ dix kilomètres de l'aéroport international de Varsovie Okecie, à l'altitude de 700 mètres, quand ses pilotes ont aperçu un objet volant. L'objet n'a pas perturbé cependant l'atterrissage normal de l'appareil de la Lufthansa.

"C'était probablement un drone, dont la présence à cet endroit était inadmissible, puisqu'il se trouvait dans l'axe de la piste d'atterrissage", a indiqué un porte-parole de l'agence. Par précaution, une vingtaine d'appareils arrivant à Varsovie ont dû changer d'itinéraire d'atterrissage, avant que le trafic revienne à la normale. La police a interpellé l'opérateur présumé du drone, un habitant de Piaseczno, commune limitrophe de l'aéroport de Varsovie Okecie. L'homme pourrait être accusé d'avoir créé un danger pour le trafic aérien, un délit passible de huit ans de prison au maximum.

Un incident similaire s'est produit l'année dernière à Cracovie. En Californie, les pompiers se sont plaints le 21 juillet de voir cinq drones gêner leurs hélicoptères dans leur combat contre un incendie. En France, depuis le début de l'année, trois vols de drones ont été signalés par des pilotes dans l'axe des pistes d'Orly et deux à Roissy, selon le porte parole de la Direction générale de l'aviation civile.

Michel Cabirol

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Commentaire 1
à écrit le 28/07/2015 à 19:03
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Clair que c'est une concurrence déloyale. Et pour avoir été gêné par un avion lorsque j'étais à dos de drone, ils pourraient tout de même se pousser... Bon, La Tribune : si un avion se plante avec plus de 300 morts, merci de retirer mon commentaire a...

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