Le ministère de la Défense modernise ses systèmes de communication

Le ministère de la Défense renouvelle l'ensemble de ses communications fixes. Ce programme d'un montant de 500 millions d'euros environ, a été confié en grande partie à Thales.
Michel Cabirol
Thales est le grand gagnant de Descartes, un programme lancé par la direction générale de l'armement (DGA).

Après le lancement des programmes Contact (radio tactique) et Comsat-NG (satellites de télécoms militaires), le ministère de la Défense poursuit la modernisation de ses grandes capacités en matière de télécommunications. Selon nos informations, la Direction générale de l'armement (DGA) a notifié le 30 décembre à Thales notamment, deux contrats portant sur la réalisation du programme de télécoms militaires sécurisés Descartes (Déploiement des services de communication et architecture des réseaux de télécoms sécurisés) à destination de près de 250.000 abonnés du ministère de la Défense. Le ministre Jean-Yves Le Drian avait, quant à lui, donné son feu vert lors d'un comité ministériel d'investissement (CMI) qui s'est tenu le 11 novembre 2015.

Un programme de 500 millions d'euros environ

Le montant du programme s'élève sur la période 2017-2021 à 500 millions d'euros environ, un budget qui englobe également les cinq premières années de MCO (maintien en condition opérationnelle). Deux autres commandes complémentaires sont prévues : des systèmes spécifiques de téléphonie des contrôleurs aériens militaires et la modernisation de la téléphonie du ministère. Concrètement, l'Hôtel de Brienne versera une centaine de millions par an sur une période de cinq ans. Le système Descartes sera opéré par la direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information (DIRISI) du ministère de la Défense. Les premières livraisons des box sécurisées interviendront dès 2017.

Thales est le grand gagnant de Descartes. Le premier contrat a été attribué sans appel d'offre au groupe d'électronique (procédure sans publicité), le second à un groupement composé de nouveau de Thales ainsi que de NextiraOne, une entreprise civile spécialisée dans l'intégration de solutions et services de communications (235 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 1.400 salariés). Au total, Thales, qui s'appuiera notamment sur Nokia (ex-Alcatel-Lucent) pour les équipements télécoms et SFR pour le déploiement de la fibre optique, devrait engranger en valeur la moitié des deux contrats.

Renouveler l'ensemble des communications fixes

Descartes "vise à moderniser et à renouveler l'ensemble des communications fixes (données et communications) du ministère de la Défense en métropole et en outre-mer, explique-t-on à la DGA, qui travaille officiellement sur ce projet depuis fin 2010 (décision de lancement du stade d'orientation). La direction générale de l'armement a structuré et calibré avec l'aide de l'état-major des armées (EMA) les besoins du ministère tout en entretenant en amont du projet un dialogue permanent avec l'industrie. "Tout un travail de préparation a été mené pour aboutir à des décisions sur des choix structurants les plus pérennes sur un horizon de 10 à 20 ans dans un domaine où les technologies, les besoins et les menaces évoluent de manière importante", explique-t-on à La Tribune.

"Il a fallu trouver le bon curseur entre ce qui était vraiment du pur régalien, qui nécessitait des moyens particuliers pour des missions essentielles de l'État et devait fonctionnent tout le temps (en temps de crise, de guerre, voire pour certaines fonctions en cas d'impulsion électromagnétique nucléaire), et ce qui était du fonctionnement, qui pouvait s'aligner sur des offres de services standards dans le civil. Des offres de services que l'on trouve chez les opérateurs qui peuvent satisfaire nos besoins sans investir énormément. La DGA a réalisé un gros travail pour peaufiner ce curseur-là", précise-t-on à la DGA.

C'est d'ailleurs pour cela que le programme Descartes a été divisé dans une première tranche en deux parties (d'où les deux contrats). Le premier porte sur la rénovation du réseau Socrate (Système de cœur résilient adapté aux télécoms), destiné à une centaine de sites stratégiques du ministère, dont Balard, la conduite des opérations extérieures et les sites de la dissuasion nucléaire. Il répond également aux besoins spécifiques d'échanges inter-sites pour le contrôle aérien militaire (une soixantaine de sites). Descartes garantit à la France son "indépendance de décision en temps de crise grâce à un réseau résilient", assure-t-on à la DGA. Car ce système d'armes est conçu pour fonctionner tout le temps.

Le second contrat prévoit la réalisation de l'architecture de sécurisation et de routage Poincaré (Points d'interconnexion et architecture réseaux) pour environ 1.200 sites du ministère. La DGA attend notamment la livraison de box sécurisés pour tous les sites du ministère. La modernisation du réseau Socrate sera terminée en 2021 tandis que le déploiement du réseau Poincaré sera terminé dès 2018.

Pourquoi Descartes ?

Pour le ministère, il était temps de moderniser son infrastructure de télécoms, qui avait bien vieilli depuis le début des années 90, en dépit de ses évolutions successives. D'autant que certains systèmes devenaient obsolètes et le parc était très hétérogène car bâti pour des armées et des services différents. "Le ministère arrivait à une période où il fallait moderniser en profondeur son système de télécommunications et repenser le modèle d'utilisation des télécoms en tenant compte notamment de l'interarmisation des forces, qui en était dans les années 1990 qu'au début", affirme-t-on à la DGA. Elle a dû également tenir compte des besoins du ministère, qui ne sont plus vraiment les mêmes qu'au début des années 1990, en investissant notamment dans la fibre optique.

"L'accroissement phénoménal des besoins en télécoms, notamment en matière de débit, est vraiment différent du début des années 1990, confirme-t-on à la DGA. Il y a 10, 15 ans, on se contentait du modem qui démarrait en quelques minutes et téléchargeait en mode texte des pages. Aujourd'hui, nous avons besoin de la vidéo en temps réel. Ce réseau dédié augmente largement la capacité du ministère".

La direction générale de l'armement a dû en outre prendre en compte la très forte montée en puissance des menaces de cyber-attaques sur les systèmes de communication. "Nous devions améliorer et optimiser nos systèmes", estime-t-on à la DGA, qui a réuni pour ce projet les expertises en matière de télécoms et de cybersécurité. Soutenu également par la filiale cyber-sécurité d'Airbus Group, le ministère garde la maîtrise du volet sécurité en ayant ses propres outils de supervision et d'analyse pour surveiller le bon fonctionnement du système Socrate ainsi que d'éventuelles attaques.

Enfin, la DGA a considéré face à l'évolution rapide des technologies dans les télécoms, qu'il était préférable de développer le système le plus modulaire et le plus évolutif possible afin de pouvoir intégrer de nouvelles technologies, qui arrivent très vite sur le marché civil. D'où la volonté aujourd'hui d'investir dans des services, des produits et des technologies civils. Ce qui n'était pas le cas dans les années 90, une période où le secteur civil n'était pas encore aussi développé.

"Se posait effectivement au tout début de Descartes la question de la bonne utilisation des ressources civiles, qui est un secteur complètement dual pour nous de façon à investir de manière optimisée et ne pas refaire finalement des moutons à cinq pattes alors qu'il suffit d'aller sur le marché", explique-t-on à la DGA.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 08/03/2016 à 9:05
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Pour la mobilité de ses cadres avec smartphone à T il regarde le système Squareway de Vivaction qui permet de protéger par encryptage la voix et la data ?

le 08/03/2016 à 12:35
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C'est une appli de facebouk ou gogole..??

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