Le nouveau directeur général de l'ESA veut amener l'Europe spatiale à « un niveau supérieur »

L'arrivée du huitième directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher suscite beaucoup d'espoirs pour une Europe spatiale plus forte et plus performante. Lors du Paris Air Forum, organisé lundi par La Tribune, il a exposé son ambition spatiale pour l'Europe.
Josef Aschbacher souhaite « un nouveau départ » pour faire table rase des guerres d'influence avec la Commission européenne et le Parlement, qui ont pollué la politique spatiale européenne depuis des années.

Entré en fonction le 1er mars dernier, le huitième directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), l'Autrichien Josef Aschbacher, avait à accomplir une tâche prioritaire : achever la négociation avec la commission européenne de l'accord cadre de partenariat financier (FFPA : Financial Framework Partnership Agreement), qui délimite les prérogatives respectives de l'ESA et de la nouvelle Agence du programme spatial de l'Union européenne (EUSPA), qui s'est substituée à l'Agence du GNSS européen (GSA). Lancée le 12 mai, EUSPA gère pour le compte de la Commission, les programmes en service Galileo pour la navigation et Copernicus pour l'observation de la Terre, mais aussi GovSatCom pour les liaisons gouvernementales sécurisées et les prochaines initiatives qui pourraient être lancées par Bruxelles, telles que le constellation quantique appelée de ses vœux par Thierry Breton.

Ancien directeur de l'observation de la Terre à l'ESA, Josef Aschbacher connaît bien les arcanes européennes pour avoir géré la coopération sur Copernicus. Son équipe a pu mener à bien la tâche difficile d'accorder les deux systèmes, différents par leur gouvernance, leurs modes de financements, leurs procédures et les pays qui les composent. Le FFPA - un bon millier de pages avec ses annexes - a été signé le 22 juin à Bruxelles. Alors qu'EUSPA gèrera les programmes spatiaux communautaires, l'ESA en sera l'architecte et le référent technique, tout en poursuivant son rôle dans les domaines qui ne relèvent pas de Bruxelles, tels que la science, qui est au cœur de son ADN depuis les années 1960.

Les 100 premiers jours de Josef Aschbacher

Au cours de ses cent premiers jours à la tête de l'ESA, Josef Aschbacher ne s'est pas arrêté à ce seul dossier prioritaire. Dès début avril, il a présenté sa stratégie pour l'avenir, sous la forme d'un « Agenda pour 2025 », avec comme objectif de définir une vision commune au niveau européen sur ce que sera l'avenir du Vieux continent dans l'espace au-delà de 2035. Pour Josef Aschbacher, le FFPA n'est que la première étape d'un renforcement de la relation entre ESA et EUSPAS, pour « amener l'Europe spatiale à un niveau supérieur ». Cela passe par un peu de remaniement interne pour rendre les échanges plus fluides et surtout « un nouveau départ » pour faire table rase des guerres d'influence avec la Commission européenne et le Parlement, qui ont pollué la politique spatiale européenne depuis des années.

Parmi les chantiers qu'il s'est fixés, l'un devra répondre à l'influence grandissante du privé dans le secteur spatial, en facilitant la commercialisation du spatial européen. L'ESA apportera son soutien en tant que client de lancement, et établira des partenariats pour faciliter l'accès aux financements, notamment au capital-risque, encore peu courant de ce côté de l'Atlantique. Dans le domaine de la sécurité, l'agence sera un partenaire de premier plan pour la future constellation quantique, en développant les « briques technologiques » qui la rendront possible.

Autre mandat de l'agence : assurer la pérennité de l'accès autonome à l'espace, avec un secteur des lanceurs qui soit compétitif. Josef Aschbacher souhaite aussi pousser les efforts plus avant sur des compétences stratégiques telles que l'intelligence artificielle ou la gestion du trafic orbital, y compris la lutte contre les débris spatiaux. Plusieurs rendez-vous sont pris pour 2022, avec un « Space Summit », pour impliquer davantage les gouvernements au plus haut niveau, puis une conférence ministérielle, qui traduira ces nouvelles priorités en programmes et en budgets.

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