« La plupart de gens qui sont nés au 19 ème siècle ne sont jamais allés plus loin qu'à quelques kilomètres de leur lieu de naissance. Puis le train est arrivé, et le premier aéroplane en 1903. Les avions sont passés des hélices au réacteur, ce qui a changé la donne : on est passé de 16 à 6 heures de trajet entre Los Angeles et Hawaï. Puis, en 1969, sont arrivés les avions supersoniques avec le Concorde » évoque Blake Scholl, fondateur et pdg de Boom Supersonic. Mais depuis 15 ans (Concorde a arrêté de voler en 2003), le vol supersonique qui mettait Paris à 3 heures et demie de New York a disparu.

Un Concorde que Blake Scholl qualifie de « merveilleuse technologie » avant de rappeler que le supersonique franco-britannique était très gourmand en carburant et volait la plupart du temps « à moitié vide ». Le jeune pilote et entrepreneur de Denver (Colorado) veut développer une nouvelle génération de  supersoniques plus efficaces grâce à trois avancées : un design aérodynamique de rupture, des moteurs performants et des matériaux composites. Ce nouvel avion pourrait voler à Mach 2,2 (2716,56 km/h) à un coût passager trois fois moindre que celui du Concorde (environ 2.500 dollars pour un New York Londres). Il reliera une cinquantaine de destinations, avec un vol Paris New York en 3H30 au lieu de 7, Paris Sao Paulo en 6 heures au lieu de 12 ou San Francisco Tokyo en 5H30 au lieu 11. Le fondateur de Boom Supersonic a réuni une équipe d'ingénieurs, startuppers et anciens de Pratt Whitney, Boeing, Bombardier ou encore SpaceX.

L'avion civil le plus rapide de l'histoire

 « Avant, il fallait six mois pour un test de chaque partie d'un avion. Avec les logiciels de simulation 3D, il suffit de quelques minutes pour tester des centaines de design. Parmi ceux que nous avons sélectionnés, certains vont nous permettre de mener à bien le projet » se félicite l'ancien responsable marketing automation d'Amazon. Les matériaux composites servent à fabriquer des moules pour aboutir à la forme recherchée, et supportent mieux les hautes températures. En effet, à Mach 2,2, le nez et les bords d'attaque peuvent atteindre 173 degrés !

Blake Scholl veut aussi remplacer la postcombustion (technique qui consiste à injecter et enflammer à l'aide de brûleurs auxiliaires du kérosène derrière la turbine du moteur) par trois turbos réacteurs modernes, des General Electric J85-21. « La postcombustion est très bruyante et aussi effrayante pour les passagers. C'est comme si l'avion prenait feu » décrit le fondateur de Boom Supersonic. Côté cabine, Boom va proposer des espaces confortables avec de grands hublots. Avant de lancer la production de son supersonique, la société américaine va d'abord faire voler l'année prochaine le XB-1, ou « Baby Boom », un démonstrateur qui fait un tiers de la taille du futur supersonique et qui, si les tests se passent bien, pourrait devenir l'avion civil le plus rapide de l'histoire. Le premier vol test est prévu pour 2020, et l'exploitation commerciale du Boom Supersonic en 2023.