Les pays d'Amérique latine réarment leur marine de guerre

Des pays comme le Brésil, l'Argentine, la Colombie, le Mexique, le Pérou, le Chili et l'Uruguay ont des projets pour renforcer leur marine de guerre.
Michel Cabirol
De très nombreux pays d'Amérique latine ont actuellement en projet à plus ou moins brève échance des programmes pour leur marine.

Brésil, Argentine, Colombie, Mexique, Pérou, Chili, Uruguay... De très nombreux pays d'Amérique latine ont actuellement en projet à plus ou moins brève échéance des programmes pour leur marine. Le plus souvent pour faire la police des mers (narcotrafic, pêche illicite...) et surtout protéger les ressources pétrolières et gazières. Le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay souhaitent d'ailleurs renforcer l'alliance Zopacas, qui regroupe les trois pays sud-américains et 21 pays africains, pour s'opposer aux appétits des Etats-Unis et de l'Europe dans l'Atlantique du Sud.

Certains pays ont déjà lancé des programmes à l'image du Chili et du Mexique, qui a choisi en novembre 2016 sans appel d'offres une frégate de type Sigma qui lui sera fournie par le néerlandais Damen ainsi que Thales pour le CMS (Combat management systems). Le Chili a quant à lui pris la décision de moderniser trois frégates de Type 23, un programme évalué à 1 milliard de dollars et confié en dcembre dernier à Lockheed Martin Canada. MBDA armera les T23 avec son nouveau missile britannique surface-air, le Sea Ceptor.

Au Brésil, priorité au programme Tamandaré

Le Brésil a lancé lundi le programme de quatre corvettes Tamandaré (2.800 tonnes), une version améliorée des Barroso mis en service en 2009. La compétition est ouverte à tous les chantiers mais le design des bâtiments avait été gagné par le chantier naval Fincantieri. Le groupe naval tricolore DCNS regarde évidemment ce dossier évalué à environ 1,8 milliard de dollars mais il lui sera difficile de couler le favori italien. C'est le dossier d'envergure le plus chaud du moment dans la région... Par ailleurs, le méga-projet programme baptisé Prosuper (six frégates, cinq patrouilleurs et un pétrolier-ravitailleur) est "toujours vivant", explique-t-on à La Tribune, mais il est remis aux calendes grecques. Tout comme le futur porte-avions, qui doit remplacer le Sao Paulo (ex-Foch).

Dans le même temps, le Brésil continue de dérouler le programme Prosub (sous-marins Scorpène) en dépit de tous ses problèmes budgétaires. Certes beaucoup moins vite qu'initialement prévu. Le premier sous-marin doit être mis à l'eau avec un an de retard, en juillet 2018. Le ministre de la Défense Raul Jaugmann a également réitéré toute l'importance du programme de sous-marins nucléaires (PNM). Un projet qui, espère le Brésil, donnerait un peu plus de poids à son dossier pour devenir membre permanent au conseil de sécurité de l'ONU. La phase de conception est terminée, mais la construction ne devrait commencer qu'en 2021, pour une mise à l'eau courant 2028, cinq ans au-delà des prévisions initiales.

Colombie, un projet mature

En Colombie, la plupart des grands chantiers navals internationaux scrutent les intentions de la marine colombienne. Ils seraient au moins douze à avoir exprimé leur intérêt pour fournir quatre frégates de 3.000 à 4.000 tonnes entre 2023 et 2027 (+ quatre en option) : le coréen DSME, un singapourien, des chinois, un turc, le néerlandais Damen, l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), l'espagnol Navantia, l'italien Fincantieri, le britannique BAE Systems, DCNS, voire les Etats-Unis, dont la fameuse frégate furtive de dernière génération l'USS Zumwalt a fait escale à Carthagène en novembre 2016. Les premières offres ont été déposées fin janvier. Bref, ça se bouscule en Colombie.

Toutefois, Bogota ne devrait inviter que cinq chantiers navals à concourir en juin prochain quand la marine colombienne lancera son appel d'offres. Les offres engageantes des cinq candidats devraient être déposées en août, puis le choix du gagnant est attendu en novembre. En tout cas, la Colombie devra choisir avant la fin de l'année, 2018 étant une année d'élections (congrès et présidentielle). Les frégates seront fabriquées en Colombie par le chantier naval Cotecmar en partenariat avec le chantier naval sélectionné. Bogota souhaite s'inscrire cette acquisition dans un partenariat stratégique et une relation bilatérale de haut niveau avec le pays du chantier naval choisi.

DCNS joue sa carte à fonds et a déjà ouvert un bureau commercial en 2016 en Colombie. D'autant que le groupe naval en partenariat avec Thales a modernisé avec succès les quatre frégates de classe Almirante Padilla de la marine colombienne. Un contrat qui s'est conclu en 2014 lors des essais d'acceptation à la mer du quatrième navire. Dans le cadre de cette modernisation, les équipements ont été installés et intégrés par Thales et Cotecmar. Enfin, le groupe naval tricolore est également intéressé par le transfert de la base navale actuelle de Carthagène vers un nouveau site. Là encore compte tenu de son expérience, DCNS peut aspirer à être sélectionné.

L'Argentine et l'Uruguay souhaitent se doter d'OPV

L'Argentine qui souhaite acquérir quatre patrouilleurs de type OPV 90 (Offshore Patrol Vessel), a consulté plusieurs chantiers naval, dont DCNS. Le groupe naval en partenariat avec Piriou a proposé quatre OPV de type Gowind (1.500 tonnes). Deux des quatre navires de guerre seraient fabriqués par le chantier naval argentin de Tandanor, basé dans le port de Buenos Aires. Une commande d'OPV de type L'Adroit est évaluée entre 350 et 400 millions d'euros. La compétition sera rude face aux Chinois et au chantier naval espagnol Navantia. Toutefois, la Coface un temps réticente à garantir cette opération, est sur le point de rouvrir un bureau à Buenos Aires. Le choix de Buenos Aires pourrait être annoncé d'ici à la fin de l'année mais le calendrier semble encore fluctuant.

L'Uruguay souhaite lui aussi acquérir des OPV. Après avoir envisagé de vendre L'Adroit à l'Uruguay en 2013, puis à l'Égypte début 2016, DCNS le reproposerait à nouveau à Montevideo... C'est la nouvelle option privilégiée par le groupe naval tricolore, qui souhaite séduire avec un bâtiment opérationnel et pas cher la marine uruguayenne plutôt proche de la marine allemande. Pour autant, Montevideo souffre encore de la crise économique.

Le Pérou, des projets à plus long terme

Le Pérou reste une terre de conquête pour DCNS. Le groupe naval vise sur le long terme le remplacement des sous-marins de fabrication allemande U-209 dans les dix à quinze ans à venir et des frégates italiennes Lupo. "C'est le début de l'histoire", explique-t-on à la Tribune. DCNS part de loin. Car TKMS vient de gagner la modernisation très légère de ses quatre sous-marins U-209 vendus au Pérou.

Michel Cabirol

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Commentaires 7
à écrit le 12/04/2017 à 17:40
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De bonnes opportunités de marchés en perspective pour Fincantieri avec leurs remarquables frégates Lupo !

à écrit le 12/04/2017 à 13:09
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Le monde , et l'Amérique du sud se rends compte que les choses ne tourne pas ronds et que tous doucement cela vas mal se terminer.... Donc comme beaucoups, ils se réarme, pour ne pas être entraîner dans un conflit sans un minimum de préparation.... ...

à écrit le 12/04/2017 à 10:54
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Proximité de la Marine Uruguayenne avec l'Allemagne: ça remonte sans doute au Pocket Main Battle Ship Graf Spee, dont l'équipage y a fait souche.

à écrit le 12/04/2017 à 10:28
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une coquille je pense "dont la fameuse frégate furtive de dernière génération l'USS Zumwalt a fait escale à Carthagène en novembre 2016" Le Zumwalt est classé destroyer par la marine américaine même si vu son déplacement et son armement, il serait p...

à écrit le 12/04/2017 à 10:06
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Effectivement, excepté le Chili, presque tout les pays cités sont dans le rouge financièrement donc faut pas s'attendre à ce que nos industriels décrochent de gros contrats. De plus, tout ces pays sont assez stable et n'ont pas de menaces extérieures...

à écrit le 12/04/2017 à 9:40
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C'est surtout pour s'attacher la loyauté des militaires prompt à renverser les gouvernements dans ces pays. Les raisons invoquées pour s'équiper sont souvent ridicules, pour couvrir un risque qui n'a pas d'antécédents ils ruinent les populations, ça ...

à écrit le 12/04/2017 à 8:48
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Comme quoi des pays écrasés par les dettes, les crises financières et les catastrophes naturelles arrivent à trouver de l'argent. Imaginez la France mille fois plus avantagée ...

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