Missiles : le feu d'artifice de MBDA à l'export

Le missilier européen a réalisé en 2015 "un niveau de commandes historique" (5,2 milliards d'euros, dont 3,6 milliards à l'exportation). Le Rafale a beaucoup pesé dans la performance commerciale de MBDA.
Michel Cabirol
Le grand export a représenté l'année dernière 70% des commandes de MBDA (5,2 milliards d'euros en 2015)

Pour MBDA, l'année 2015 a été tonitruante sur le plan commercial, comme d'ailleurs pour les groupes de défense français qui travaillent sur le Rafale. Ainsi, le missilier européen a connu l'année dernière "un niveau de commandes historique", à hauteur de 5,2 milliards d'euros (27% de croissance par rapport à 2014), dont 3,6 milliards à l'exportation. Une très belle année commerciale qui a permis à MBDA de porter son carnet de commandes à 15,1 milliards (cinq ans d'activité), record historique qui tenait depuis 2003, année où le missilier avait atteint un pic à 14,8 milliards d'euros.

Le Rafale propulse MBDA à l'export

Le grand export a représenté l'année dernière 70% des commandes de MBDA. Les deux contrats Rafale en Égypte (800 millions environ pour MBDA) et au Qatar (2 milliards) ont bien sûr beaucoup pesé pour atteindre cette performance inédite. En revanche, les petits et moyens contrats semblent en net retrait par rapport aux deux années précédentes même si MBDA a obtenu en 2015 l'armement de la frégate multmissions FREMM en Égypte (300 millions d'euros environ) et en Géorgie un contrat de système de défense aérienne VL-Mica (entre 100 et 150 millions).

En 2013 et 2014, MBDA avait engrangé un bon niveau de commandes à l'export (2,2 puis 2,5 milliards d'euros) en partie grâce à plusieurs contrats d'un montant inférieur à 200 millions d'euros. En 2015, ils ne représentaient qu'un flux de 500 millions d'euros environ, dont notamment des contrats de MCO (Maintien en condition opérationnelle) principalement pour la remotorisation de missiles.

Sur le plan domestique, MBDA a notamment reçu en mai une commande pour équiper les deux dernières FREMM italiennes du système surface-air SAAM ESD basé sur le missile Aster. Le missilier a également obtenu une commande de 300 millions de livres de Londres pour renouveler les stocks de missiles air-air ASRAAM de la Royal Air Force. Enfin, Paris a lancé le programme Aster Block 1NT (New Technology) en vue de moderniser le système de défense anti-aérienne SAMP/T (environ 300 millions d'euros), mené par le consortium Eurosam constitué de MBDA et de Thales.

Un chiffre d'affaires redressé

Avec un ratio commandes sur chiffre d'affaires, le fameux book-to-bill, supérieur à 1 depuis trois ans, MBDA a fortement redressé son chiffre d'affaires en 2015 (2,9 milliards d'euros). Soit un bond de 20% par rapport à 2014 (2,4 milliards), qui était "un point bas". L'export a représenté 43% environ du chiffre d'affaires de 2015 du missilier. Si la rentabilité de MBDA est toujours aussi bonne (une marge de 10% environ en 2015), le redressement de la situation économique de MBDA permet à son PDG Antoine Bouvier de lancer un plan de recrutement en Europe (1.000 embauches) en 2015-2016. Le missilier va essentiellement recruter en France (600, dont les deux tiers en région parisienne et un tiers en région Centre-Val de Loire) et en Grande-Bretagne.

"Année après année, MBDA se renforce à l'exportation, ce qui lui permet de retrouver aujourd'hui une dynamique de croissance après avoir ressenti les effets des réductions budgétaires sur ses marchés domestiques européens, a souligné Antoine Bouvier. (...) Cette dynamique va permettre de consolider l'entreprise et de garantir son statut d'acteur global dans les missiles, à un moment où la concurrence sur le marché international est de plus en plus vive".

Pour 2016, "un objectif raisonnable serait d'être au-delà de 3 milliards" en termes de chiffre d'affaires, a estimé Antoine Bouvier. Avec un carnet de commandes de plus de 15 milliards d'euros en poche au 31 décembre 2015, MBDA a devant lui au moins cinq ans d'activité, et jouit de solides perspectives de croissance jusqu'à la fin de la décennie. Notamment les premières livraisons pour le Qatar interviendront à partir de 2018. En outre, le missile tactique MMP (missile moyenne portée) va être commercialisé à partir de 2017, une fois passée son entrée en service dans l'armée française. Il a déjà reçu "de nombreuses marques d'intérêt", a précisé le patron de MBDA.

Quelles commandes en 2016?

Les prises de commandes seront probablement en baisse en 2016 par rapport à 2015, a estimé Antoine Bouvier. Le missilier compte essentiellement sur un nouveau contrat Rafale, notamment en Inde (36 avions de combat), et/ou un contrat Typhoon au Koweït (28). En outre, le missilier a bon espoir de vendre à nouveau en 2016 le missile de croisière allemand Taurus. Il lorgne un marché d'une centaine d'unités pour les mettre sous les ailes des F-15 sud-coréens. Et à plus long terme, il proposera le Meteor pour les F-35 de Séoul.

Dans le naval, MBDA pourrait notamment signer l'armement des quatre corvettes en Égypte (voire plus). Ces navires pourraient être armés de missiles surface-air VL Mica et mer-mer Exocet de MBDA. Le missilier européen a déjà signé un premier contrat portant sur les installations de tir avec l'armée égyptienne (50 millions d'euros environ) et propose un lot de missiles évalué autour de 300 millions d'euros. Le missilier pourrait également armer les deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC) égyptiens, de la classe Mistral, avec des missiles anti-aérien léger Mistral de conception "tire et oublie".

2016, une année défense aérienne?

Plusieurs campagnes de longue haleine dans le domaine de la défense aérienne pourraient enfin déboucher en 2016. Notamment en Turquie (MSAM, ex-programme T-Loramids), en Pologne (courte portée, projet Narew) et en Suisse (BODLUV 2020), voire en Inde (SRSAM, ou Short Range Surface to Air Missile). En Turquie, Eurosam, qui proposait le système SAMP/T, a repris les discussions avec des industriels turcs, en vue d'une "coopération" dans la défense aérienne, a annoncé Antoine Bouvier. "Les discussions sont en cours. (...) 2016 nous dira s'il y a ou pas une possibilité de converger sur nos objectifs, les besoins du client turc et les objectifs de coopération", a-t-il expliqué.

La Turquie avait annulé en novembre 2015 un appel d'offres de système de missiles de longue portée, évalué à 3,4 milliards de dollars, dont l'attribution à la Chine avait inquiété les alliés d'Ankara, notamment les États-Unis, à l'Otan. Le pays avait laissé fin février la porte ouverte à la reprise de discussions avec les participants de cet appel d'offres, parmi lesquels Eurosam et l'américain Raytheon. Le processus a été remis à plat et les discussions portent cette fois sur le développement d'une capacité de défense élargie (combinant aussi des capacités contre des cibles aériennes et des missiles de croisière et balistiques) à la fois pour mener à bien des programmes et préparer de nouveaux produits, a expliqué Antoine Bouvier.

En Pologne, MBDA mise sur le VL Mica. Enfin, en Suisse, le missilier européen (Camm-ER) est en compétition face à Diehl (missile Iris-T) pour les missiles (250 millions d'euros). Une commande est attendue fin 2016. En Inde, MBDA a de nouvelles discussions avec les autorités indiennes.Le missilier a dans ce pays une trentaine de compétitions plus ou moins active en cours.

Sur le plan domestique, MBDA pourrait également signer une méga-commande (3 à 4 milliards d'euros pour 8 à 10 systèmes) en Allemagne, qui a décidé de poursuivre le programme Taktisches Luftverteidigungssystem (TLVS), qui s'appuie sur les résultats du développement MEADS (Lockheed Martin). Le programme TLVS sera géré par MBDA Allemagne. Enfin, le missilier attend un contrat de l'Italie qui doit rejoindre l'Aster Block 1NT (New Technology).

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 19/03/2016 à 10:02
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Je confirme que l'inde pourrait être le prochain gros client pour MBDA, j'ai appris par une source personnel que durant le récent exercice militaire Iron Fist 2016 fait par les forces militaires indienne, certains armement d'origine russe ont particu...

à écrit le 18/03/2016 à 9:22
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Voilà pourquoi Va-t-en-guerre est allé faire la guerre de religion entre Chiites et Sunnites !!!

à écrit le 18/03/2016 à 9:00
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En souhaitant que la vente de ces armes ne se retournent pas contre les "allies" en exercice au Moyen-Orient. Il y a un prix a tout, y compris la vente de son ame, il est vrai que les Drian & Co, ignorent ce concept. Le fric d'abord.

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