Moteurs d'hélicoptère : Safran voit gros, très gros

Safran Helicopter Engines lance une nouvelle famille de moteurs de forte puissance, qui est disponible immédiatement pour le marché. Le motoriste vise la place de leader dans ce segment de marché.
Michel Cabirol
Safran Helicopter Engines estime le marché des hélicoptères super-medium et lourd à 7.400 appareils (modernisation et nouvelle cellule) sur les 20 prochaines années.

Safran Helicopter Engines (Safran HE) se renforce considérablement dans les moteurs de forte puissance. Ainsi, la filiale de Safran a lancé mardi une nouvelle famille disponible pour le marché dès maintenant et baptisée Aneto, du nom du très célèbre et plus haut sommet pyrénéen, qui culmine à 3404 mètres. Conçue pour les appareils super-medium et lourds, la famille Aneto offrira au moins trois versions, qui couvriront la gamme de puissance allant de 2.500 à plus de 3.000 chevaux. Première prise de guerre pour Safran HE, Leonardo qui va remotoriser l'AW189 avec le moteur Aneto 1-K (2.500 chevaux) et le proposer en double source à côté du CT7 de General Electric (GE). Cet appareil entrera en service fin 2018.

"Dans cette famille, il y a des traits de caractère communs et, en même temps, chaque moteur aura sa propre personnalité ainsi que ses caractéristiques bien à lui. C'est le message de Safran HE", souligne à La Tribune le directeur de programme de moteurs de forte puissance, Florent Chauvancy.

Pour Safran HE, la marge de croissance sur ce segment est réelle car au-delà de 2.500 chevaux "rien n'existe pour le moment à la fois chez nous et chez nos compétiteurs sur ce segment de marché", affirme Florent Chauvancy. "Autant nous sommes leaders mondiaux dans les moteurs d'hélicoptères en disposant d'une gamme très étoffée, autant sur le haut de la gamme, nous ne détenons pas une position de leader. C'est donc une réelle marge de progression et un axe de croissance auquel nous croyons", assure-t-il. Car la famille Aneto n'est pas exclusivement dédiée à Leonardo. "Nous espérons que l'avenir de l'Aneto s'inscrira également chez d'autres hélicoptéristes, à commencer chez Airbus Helicopters. Il n'y a pas d'ambiguïté par rapport à cela", explique-t-il.

"Nous souhaitons également montrer au marché que ce moteur s'inscrit dans la tradition des moteurs développés par Safran HE et en même temps pousser certains concepts au-delà de ce que nous avions fait jusqu'à présent, précise Florent Chauvancy. Nous avons la volonté de proposer au marché un moteur performant et d'être également en capacité à répondre à tous les besoins du marché et pas seulement au besoin de puissance".

De nouveaux marchés?

Safran HE estime le marché des hélicoptères super-medium et lourd à 7.400 appareils (modernisation et nouvelle cellule) sur les 20 prochaines années. Une estimation qui englobe également des marchés qui ne sont pas accessible à Safran HE."Nous voulons prendre une place importante sur ce marché où Safran HE a déjà les moteurs Makila (famille H215 et H225, ndlr) et le RTM 322 (NH90, AW101 et l'Apache britannique, ndlr). Ce quoi nous aspirons c'est être un acteur beaucoup plus important ou dominant sur ce segment de marché". Safran HE n'exclut pas non plus des partenariats avec des pays tels que la Russie et la Chine.

"Les marchés russes ou chinois seront difficiles mais peut-être accessibles. La Chine a par exemple des besoins en secours (EMS) ou pour la police. L'avenir n'est pas écrit et il existe différentes solutions pour y accéder. Potentiellement des partenariats sont par exemple possibles", explique Florent Chauvancy.

En revanche, Safran HE ne répondra pas à l'appel d'offres ITEP, qui est un programme de recherche de l'US Army. General Electric et Pratt & Whitney Canada ont l'ambition de développer un moteur de 3.000 chevaux pour remotoriser les Black Hawk et Apache des forces armées américaines à l'horizon 2025. Par ailleurs, si Airbus développait un appareil sur ce marché, "ce sera clairement l'un de nos objectifs tout comme si Leonardo développait un appareil plus lourd... Nous ne balaieront aucun des projets d'un revers de la main", assure le directeur du programme de moteurs de forte puissance.

Voilà à quoi sert la R&T

Cette nouvelle famille de moteurs intègre des technologies de pointe issues des travaux de R&T (notamment du programme TECH 3000) de Safran HE. Le motoriste recueille le fruit de son investissement dans la R&T (Recherche et Technologie) et la R&D (recherche et Développement). Comme quoi il n'est pas inutile d'investir lourdement pour une direction générale en vue de pérenniser une entreprise industrielle et de s'ouvrir des marchés. Safran HE a investi en l'occurrence "plusieurs centaines de millions d'euros" pour développer cette famille, selon Florent Chauvancy.

Le lancement de la famille de moteurs Aneto "est l'aboutissement d'un important programme d'acquisition et de maturation de technologies démarré il y a plusieurs années. (...) Nous sommes convaincus qu'Aneto va offrir au marché de nouveaux niveaux de performances conjugués à des coûts d'utilisation réduits", a assuré le président de Safran HE, Bruno Even, cité dans le communiqué.

Derrière l'Aneto 1-K, Safran HE va continuer à introduire progressivement des briques technologiques développées au sein du projet Tech 3000 dans un ou deux nouveaux moteurs qui seraient intercalés entre 2.500 et 3.100 chevaux. Et ce en fonction de ce que demandera le marché. Pour l'Aneto 1-K, "toutes les briques technologiques ont été testées individuellement à tel point qu'aujourd'hui nous sommes en mesure de proposer ce moteur à la vente afin de motoriser des appareils en développement ou existants", assure Florent Chavancy.

Maintenance prédictive

L'objectif de Safran HE est de proposer aux hélicoptéristes un moteur capable d'accroître les performances d'un appareil (+ 25% de puissance) et d'élargir ses missions. Clairement cette gamme de puissance en termes de ratio poids/puissance ou volume/puissance, doit avoir un avantage compétitif significatif. Ainsi, Safran HE a été capable de présenter une alternative intéressante dans le cadre de la remotorisation de l'AW189. Le motoriste a également beaucoup travaillé dès la phase de design sur les concepts de maintenance de l'Aneto 1-K ainsi que sur ses coûts et sa facilité d'utilisation.

"Notre objectif était de mettre au point un moteur avec des coûts d'opération faibles, précise Florent Chauvancy. Nous avons essayé de mettre les curseurs sur le point optimum de manière à proposer une solution qui permet de satisfaire les besoins opérationnels des opérateurs ainsi que les les besoins techniques des hélicoptéristes". Safran HE a souhaité être capable de proposer des tarifs de contrat à l'heure de vol très compétitif tout allongeant les délais de maintenance. Notamment grâce à des fonctionnalités connectées comme le health monitoring (maintenance prédictive).

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 05/10/2017 à 7:29
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Bien sur, mais ils fait que les moteur tiennent le coups, pas d'usure rapide lors d'utilisation dans des condition extrêment.... Maintenant il faut dire que les europeen sont peux présent sur les hélicoptères de game lourd, marché principalement Ru...

à écrit le 04/10/2017 à 11:33
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Moi je lis que ce moteur est l'aboutissement d'un programme d'acquisition et de maturation (lire les notices, les modes d'emploi, comprendre les nouvelles technos etc...). C'est quoi alors R&T, licence Release & Transaction ? Qu'on-t-il acheté a qu...

le 04/10/2017 à 15:50
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Safran Helicopter Engines a acheté en 2013 les 50% de Rolls Royce dans la filiale commune RTM322.

le 04/10/2017 à 19:04
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Merci, jean avait entendu parlé. La question est donc : pourquoi Rolls Royce vend le fruit de ce travail ? estiment ils que ça ne vaut pas le coup, ont-il something under their sleeves, stolen a march ?

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