Observation spatiale : Thales en mode reconquista

Thales et Leonardo ont finalisé leur alliance dans le domaine de l'observation spatiale avec la société spatiale américaine Spaceflight Industries. Ils vont lancer une constellation de 60 satellites.
Michel Cabirol
Le marché des services d'observation est évalué à 3 milliards de dollars en 2017 et il est estimé à 5,8 milliards de dollars en 2025.

Bang, la "reconquista" a commencé pour Thales dans le domaine de l'observation spatiale pour suivre le train d'enfer mené par Airbus, qui a investi 600 millions d'euros dans des satellites de nouvelles technologies. Elle passe par le fameux "New Space". Six longs mois après avoir annoncé leur partenariat, l'Alliance spatiale formée par Thales Alenia Space (TAS) et Telespazio (Leonardo) et la société spatiale américaine Spaceflight Industries ont enfin réussi à finaliser leur opération, qui comporte trois étages.

Six mois ont été nécessaires pour attendre entre autre l'accord du CFIUS (Comité pour l'investissement étranger aux États-Unis, l'organisation chargée d'analyser les acquisitions d'entreprises américaines par des compagnies étrangères. Le CFIUS a donné début février "un accord sans clause de restriction", explique-t-on à La Tribune. Puis, tout le monde a travaillé d'arrache-pied pour fin prêt lors de la conférence Satellite 2018 de Washington, qui rassemble du 12 au 15 mars toute l'industrie spatiale mondiale.

Une levée de fonds de 150 millions de dollars

Premier étage de la fusée, l'Alliance spatiale prend une participation minoritaire dans le capital de Spaceflight Industries dans le cadre d'une levée de fonds de 150 millions de dollars à laquelle les actionnaires de la société spatiale américaines et le géant du négoce japonais Mitsui & Co ont également pris part. L'investissement de l'Alliance spatiale s'élèvera à 75 millions de dollars en cash et en apport industriel en plusieurs tranches, selon nos informations. Ainsi, l'Alliance spatiale, qui a déjà versé 25 millions d'euros, contribuera à 50% de cette levée de fonds. Avec cet apport d'argent frais, Spaceflight Industries obtient ainsi un capital de plus de 200 millions de dollars.

Surtout, cette levée de fonds va permettre à BlackSky, la société de géo-information de Spaceflight Industries, d'assurer la production et le lancement de 20 satellites de BlackSky, une constellation de satellites d'observation haute résolution en orbite basse présentant un taux de revisites très élevé (entre le 45e Nord et le 45e Sud). Ces satellites ne seront pas soumis à la réglementation américaine ITAR (vente d'arme). D'une durée de vie de trois ans, ces mini-satellites pesant entre 50 et 70 kg, seront mis en orbite d'ici à 2020. Spaceflight a déjà conçu et fabriqué seul les quatre premiers satellites de la constellation, qui vont être lancé en mai prochain à bord du lanceur indien PLSV (Polar Satellite Launch Vehicle).

LeoStella, l'entreprise commune entre Thales et Spaceflight

Deuxième étage, TAS et Spaceflight créent une société commune LeoStella LLC, détenue à parité par les deux partenaires et opérationnelle dès cette année. L'équipe de direction sera composée de responsables provenant à la fois de Spaceflight Industries et de Thales Alenia Space mais aussi d'autres grandes organisations.

LeoStella, qui a signé le contrat de fabrication des 20 premiers petits satellites à haute performance et à faible coût, sera en charge de leur fabrication à grande échelle. Thales apporte à SpaceFlight son expertise et son expérience dans ce domaine. Cette entreprise  va commencer dès octobre prochain l'assemblage à Seattle des 20 satellites additionnels de la constellation BlackSky. Les deux partenaires prévoient de fabriquer deux satellites par mois. Ils seront livrés à partir de juin 2019. Ces petits satellites génèreront des revenus qui permettront la production et le lancement de la constellation globale de 60 satellites.

Cette nouvelle société offrira aussi bien une capacité au marché américain qu'au marché international en forte croissance des constellations en orbite basse. Pour Thales, déjà grand spécialiste des constellations avec Globalstar, Iridium NEXT, O3b..., c'est un très joli coup. Le groupe électronique se dote d'une unité d'assemblage de petits satellites à faible coup, qu'il pourra alimenter avec de nouveaux contrats tout en renouvelant régulièrement la constellation BlackSky. Dans sa configuration, l'unité de production peut fabriquer par an jusqu'à 30 satellites, qu pourront peser jusqu'à 300 kg. Soit deux à trois satellites par mois. Cette chaine d'assemblage est "un outil extrêmement moderne et low-cost pour être performant sur ce segment de marché".

Partenariat entre BlackSky et Telespazio

Enfin, BlackSky et Telespazio ont signé un accord de coopération et de marketing leur permettant de distribuer leurs produits et services respectifs et de codévelopper ainsi un marché unique d'applications et de services. TAS, Telespazio et Spaceflght vont s'attaquer aux deux leaders du marché dans l'imagerie spatiale : DigitalGlobe (70% de parts de marché) et Airbus, qui est en train de développer une nouvelle génération de satellites d'observation dans la cadre de son programme VHR 2020 afin d'assurer la continuité de Spot Image. Avec cet accord, Telespazio commercialisera les produits et services Blacksky en Europe auprès des principaux clients gouvernementaux.

Le marché des services d'observation est évalué à 3 milliards de dollars en 2017 et il est estimé à 5,8 milliards de dollars en 2025. L'offre de BlackSky est destinée à toucher non seulement les principaux clients du marché commercial, dont 50% environ des revenus proviennent de la défense et des marchés institutionnels. C'est également un marché en croissance importante fortement poussé par les services B2B (secteur minier, énergie, transport, finance, agriculture, industrie et l'environnement).

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 13/03/2018 à 20:12
Signaler
'Ces satellites ne seront pas soumis à la réglementation américaine ITAR (vente d'arme)'. Avec un instrument de chez Harris c'est assez peu probable.... 'D'une durée de vie de trois ans, ces mini-satellites de 300 kg seront mis en orbite d'ici ...

le 15/03/2018 à 10:27
Signaler
Pour le poids des satellites, vous avez raison. J'ai d'ailleurs corrigé depuis. Bien cordialement Michel Cabirol

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.