Paris pousse fortement Renault Trucks Defense dans les bras de KNDS

La France souhaite imposer à Volvo la solution KMW Nexter Defense Systems (KNDS). Le constructeur suédois a annoncé le 4 novembre son intention de vendre Renault Trucks Defense.
Michel Cabirol
Selon nos informations, la France s'opposera à la vente de RTD à un fonds financier - "nous n'en voulons pas", explique-t-on à La Tribune - ou à un groupe allemand.

C'est peu de dire que le dossier Renault Trucks Défense (RTD) est surveillé comme le lait sur le feu par le ministère de la Défense français. Le vendeur Volvo, qui souhaite céder sa division "Governmental Sales" (500 millions d'euros de chiffre d'affaires environ en 2015), semble être très, très aiguillé par Paris. Selon nos informations, la France s'opposera à la vente de RTD à un fonds financier - "Nous n'en voulons pas", explique-t-on à La Tribune - ou à un groupe allemand.

Interrogé il y a deux semaines par l'opposition à l'Assemblée nationale sur cette vente, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian avait très clairement expliqué qu'il "veille à ce que cette vente par Volvo ne se fasse pas au détriment de nos intérêts". "Je réfléchis aujourd'hui à la possibilité de renforcer par ce biais notre industrie française", avait-il précisé, évoquant "plusieurs pistes de travail" sur lesquelles il s'est déclaré "particulièrement à la manœuvre".

Le dossier est compliqué pour le groupe suédois, qui voit s'éloigner le fruit d'une vente lucrative à un fonds ou encore au groupe Rheinmetall, le rival de Krauss-Maffei Wegmann en Allemagne. Alors que la campagne présidentielle va aller crescendo ces prochaines semaines, la France est prête à brandir tout l'arsenal réglementaire (dont notamment le fameux décret dit Montebourg pour les activités considérées comme stratégiques) pour empêcher une opération qui ne lui convient pas.

À travers les trois marques RTD, Acmat et Panhard, le groupe fournit 90% des plateformes blindées actuellement en service dans l'armée de Terre française. Tout comme on rappelle à La Tribune le poids du programme Scorpion dans le carnet de commandes de RTD. Il pèserait 70% de la valeur de RTD, selon un observateur averti. Bref, tout indique que Volvo ne peut et ne doit pas jouer avec le feu.

KNDS, le favori de la France

Qui donc pour racheter les marques RTD, ACMAT, Panhard, qui représentent environ 50% des ventes de la division Governmental Sales de Volvo ? La France a en tête une solution qu'elle aimerait imposer au constructeur suédois, qui détient également à l'international Mack Defense aux États-Unis, Volvo Defense en Suède et VGGS Océanie en Australie. C'est KNDS (KMW Nexter Defense Systems), le groupe franco-allemand constitué en décembre 2015.

Cette simple opération de rachat ne va surtout pas bouleverser les équilibres de la structure de gouvernance du nouveau groupe (parité franco-allemande), assure-t-on à Paris. Ce qui a évidemment rassuré pleinement les Allemands de Krauss-Maffei, qui sont enthousiastes devant une telle opportunité de croissance externe et de nouvelles synergies possibles, selon des sources concordantes.

Que va faire Volvo?

Il reste une inconnue. Et de taille. Que va faire Volvo, qui a déjà consulté le gouvernement français ? Comment concilier dans cette opération les intérêts du vendeur ? Car Volvo est censé discuter avec un seul acheteur, KNDS, ce qui n'est jamais une position très facile pour valoriser un investissement. D'autant que cette branche a atteint "une position très forte au cours des dernières années" et "il y a d'importantes opportunités de faire davantage croître l'activité", avait d'ailleurs souligné le directeur général de Volvo, Jan Gurander au moment de l'intention de Volvo de vendre cette activité révélée par le journal "L'Opinion".

Une des clés de la réussite de cette opération sera le comportement de KNDS, qui devra trouver un équilibre dans son offre pour ne pas rebuter ou humilier Volvo. Les deux groupes ont déjà pris des contacts. Mais le groupe suédois serait déjà... sur la défensive.

Michel Cabirol

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Commentaires 7
à écrit le 24/11/2016 à 19:41
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avec 3 marques l industrie française est contrainte a acheter les moteurs et les plates formes a l etranger par manque de structure industrielle comme pour les fusils d assaults

à écrit le 24/11/2016 à 18:29
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...avec ses 3 marques , le groupe fourni 90 % des blindés de l'armée française ... ...le groupe s'appelle Renault Truck Defense ...et ? comment RDF est il arrivé dans le giron suédois ???

le 24/11/2016 à 20:21
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Pourquoi, il y a deja 20 ans que nos politiques on laisser mourir les industries de defence terrestre dans notre pays, nous ne fabriquons plus nos blindés , et nos camion et autre depuis quelque temps.... Nous avons garder la construction maritime, i...

à écrit le 24/11/2016 à 12:55
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KNDS déjà une fusion à parité avec nos collègues d'outre-rhin, pas forcément avantageuse pour la France. Si on ajoute RTD, cela devient carrément de la braderie. Mais c'est vrai qu'avec l'exemple d'EADS et encore plus d'Eurocopter, il ne faut plus se...

le 24/11/2016 à 14:50
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L'idée de créer un industriel franco-allemand à parité était de justement le faire sortir de la logique nationaliste, quittes à ce que nous mettions un peu plus que les allemands dans la corbeille de la mariée. Cela permet d'assurer à long terme un ...

le 24/11/2016 à 14:52
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Je suis d'accord avec vous. C'est inquiétant de voir l'absence totale de réflexion stratégique et de solution économique adaptée. PS ou droite libérale pareil, aucune solution mais c'est normal car avec leur pseudo théorie libérale, ils ont en fait l...

le 24/11/2016 à 17:27
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@ Labete : La France n'a pas les moyens d'entretenir seule une politique spaciale, elle n'a pas les moyens de faire seule tous les investissements de R&D qui rendent possible un Eurocopter ou un MBDA. La France n'a pas fait la guerre seule (sans...

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