Pour DCNS, l'année 2016 est cruciale

Exportations, compétitivité, profitabilité... Le groupe naval joue très gros sur ces trois volets. DCNS devra très sensiblement faire croître sa profitabilité et sa compétitivité. Il devra surtout remporter des compétitions à l'export, notamment en Australie.
Michel Cabirol
DCNS a vendu en 2015 à l'Egypte une frégate multimissions FREMM baptisée Tahya Misr

Hervé Guillou avait promis un retour à l'équilibre de DCNS. Le PDG du groupe naval l'a fait. Après avoir enregistré de lourdes pertes en 2014 (347 millions d'euros), DCNS est donc revenu à l'équilibre en 2015 avec un résultat net positif de 58,4 millions d'euros. "Ce retour à la profitabilité est en partie le fait de mesures exceptionnelles - plan d'économies, vente à l'Egypte d'une frégate multimissions FREMM - et des premiers effets du plan de progrès et de la transformation de l'industrie concernant l'exécution des programmes ainsi que l'amélioration de la compétitivité", a expliqué DCNS dans un communiqué publié lundi.

Toutefois, ce résultat positif est toujours "partiellement" plombé par de nouvelles pertes enregistrées sur le programme du réacteur nucléaire Jules Horowitz (RJH), pour lequel DCNS a négocié fin 2015 avec le CEA une sortie à l'amiable. L'année dernière, le RJH a encore salement plombé les comptes du groupe et lui a fait perdre environ 100 millions d'euros sur ce programme. Enfin, le chiffre d'affaires s'est établi à 3 milliards d'euros en 2015, comparable à celui de 2014. En 2016, DCNS prévoit d'enregistrer "une légère croissance de son chiffre d'affaires et poursuivre l'amélioration du résultat opérationnel et de la rentabilité opérationnelleLe résultat net devrait être en progression de l'ordre de 10 à 15% par rapport à 2015".

DCNS doit apprendre à mieux travailler

D'une façon générale, on déplore chez Thales, actionnaire à 35%, que la courbe du retour à la compétitivité de DCNS progresse "lentement". D'autant que, affirme-t-on, la direction du groupe naval "a fait plus le facile". Pour Thales, la priorité numéro une de DCNS reste de rétablir sa situation opérationnelle. Car fin 2014, l'écart de coûts à terminaison s'élevait en négatif à 1,2 milliard d'euros, selon nos informations. Bref, le groupe doit apprendre à mieux travailler en renouvelant ses process de design, de fabrication, d'ingénierie, de qualité... Un travail qui sera long et pénible, fait-on valoir à La Tribune. Le groupe part également de très loin dans la construction des devis, la tenue des coûts et des délais. En 2016, DCNS attend la contractualisation du nouveau programme de Frégate de Taille Intermédiaire (FTI) ainsi que de la maintenance des SNLE

"Les audits indépendants de l'année dernière (2014, ndlr) ont montré que le groupe doit remettre certains fondamentaux en place, notamment dans le domaine de la gestion des programmes, dans la construction de devis réaliste, dans une exigence accrue de la tenue des coûts et des délais, avait expliqué le PDG de Thales Patrice Caine dans une interview accordée à La Tribune. Ces audits nous ont par ailleurs rassurés sur le fait que DCNS a toutes les compétences nécessaires pour réaliser les programmes dans son cœur de métier que les clients leur ont confiés".

DCNS finaliser et mettre en oeuvre l'accord global de performance. Le groupe naval doit maintenant engager son plan de 1.000 suppressions d'emplois à partir de la fin février. Une négociation plutôt rondement menée qui n'a provoqué ni grève ni manifestation. Le groupe doit également entamer une négociation sur le temps de travail, selon plusieurs sources concordantes. Enfin, Hervé Guillou doit par ailleurs mieux organiser son groupe. "Tous ces programmes d'amélioration en profondeur vont conduire DCNS sur le chemin d'une profitabilité pérenne", indique-t-on à La Tribune. Au sein du groupe naval, on a conscience que DCNS n'a "pas terminé sa mutation" entamée en 2003.

Des prospects prometteurs mais... difficiles

Après avoir enregistré des prises de commandes de 3,6 milliards d'euros en 2014, elles se sont "maintenues à un bon niveau" en 2015 (3,5 milliards) avec un ratio commandes/chiffre d'affaire (book to bill) de 1,15. Selon DCNS, elles préfigurent "un retour à la croissance rentable". EN 2015, le groupe a vendu une frégate multimissions (FREMM) à l'Egypte et, pour plus de 2 milliards, par les nombreux contrats remportés par l'activité services. Le carnet de commandes s'établissait fin 2015 à 12,26 milliards d'euros. Soit quatre ans de chiffres d'affaires.

En 2016, DCNS pourrait décrocher le jackpot. A condition de remporter trois compétitions en Australie, au Qatar et en Egypte. Pour DCNS et les deux autres candidats (l'allemand ThyssenKrupp et le consortium japonais, composé de Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries), l'Australie est la compétition du siècle. Une compétition "Sea 1000" qui vise à équiper la marine australienne de huit à douze sous-marins océaniques de plus de 4.000 tonnes. Soit un contrat estimé à 30 milliards d'euros, dont un tiers pour les plateformes. DCNS semble avoir fait la meilleure offre technique avec un sous-marin de 90 mètres de long pour 4.000 tonnes de déplacement en plongée. Ce navire est dérivé du sous-marin nucléaire Barracuda, le Shortfin Barracuda Block 1A.

Au Qatar, DCNS joue gros également avec le programme "Protector", qui est vital pour le site de Lorient. C'est le programme prioritaire cette année de Doha qui veut acheter avant la Coupe du Monde 2022 trois frégates. DCNS propose des frégates armées de missiles Aster 30 (MBDA et Thales) et de missiles mer-mer Exocet. Le contrat est estimé à 2,5 milliards d'euros environ. Les Italiens tentent de jouer à Doha les trouble-fêtes. En Arabie Saoudite, le groupe naval doit remettre au carré le programme de modernisation des frégates Sawari 1 (LEX) avant de séduite à nouveau la marine saoudienne (corvettes et frégates).

Enfin, les équipes commerciales de DCNS visent un nouveau contrat en Egypte. le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a entre ses mains une proposition très séduisante de DCNS portant sur la vente d'un lot de quatre navires : deux corvettes, l'OPV Adroit qui avait été autofinancé par le groupe naval puis prêté à la marine nationale, et, enfin, un navire plus petit fourni par Piriou. Une offre qui s'élèverait à 580 millions d'euros environ.

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[ DIAPORAMA ] Ventes d'armes: les plus gros contrats passés sous l'ère Hollande (au 26.04.2016)

Diaporama, ventes d'armes, DCNS, Dassault, MBDA, missiles, frégates, corvettes, lance-missiles, sous-marins, Barracuda, Shortfin, Egypte, Qatar,

Michel Cabirol

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Commentaires 8
à écrit le 23/02/2016 à 17:03
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Nous sommes dans la complexité des stratégies et parades européennes pour permettre les fusions des anciens acteurs tout en comblant les désidératas des tenants. En France le noyau Dassault gêne toute évolution. Le Brexit passé devrait permettre un c...

le 23/02/2016 à 19:46
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Heureusement que Dassault a mis en place Mr Caine qui a permis les succès de Thales ... Dassault n'est pas un conglomérat de voyous ... Mais tu sembles le penser !

le 24/02/2016 à 9:14
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"DCNS devrait regrouper prochainement les sous-marins allemands et européens." Pas clair! Dans le secteur naval, l'interconnexion de la France est plus importante avec l'Italie que l'Allemagne, et ceci depuis longtemps. FREMM, Horizon, (SAMP/T) +...

à écrit le 23/02/2016 à 12:13
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Armer les dictateurs nous permet ensuite de pouvoir aller libérer les peuples...des dictateurs :-) Le tout est de savoir ce qui nous rapporte/coûte le plus, n'est-ce pas :-)

à écrit le 23/02/2016 à 11:02
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Pas de panique. Avec son copain Mario-intérêt de presque zero, FH peut faire un autre tour de promotion.

à écrit le 23/02/2016 à 10:45
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Bonjour, malheureuses dans notre monde la mise en concurrence des forces vives conduits a une diminutions des conditions de travail, que cela soit pour le priver ou le publique ( français ou européen) ... Il faut s'adapter ou disparaitre.... Que cela...

à écrit le 23/02/2016 à 9:59
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Effectivement, il n'est pas facile de transformer une administration en une entreprise moderne. Chez orange et Renault, cela a été au prix de nombreux suicides...

le 23/02/2016 à 14:24
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DCNS n'est plus une administration depuis 2005. En revanche, je suis pour des entreprises privées à capital majoritaire de l'Etat comme DCNS, et comme devrait l'être toute entreprise stratégique comme l'énergie, le transport (autoroutes...), les ...

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