Pour SpaceX, le show reprend

Quatre mois après un accident à Cap Canaveral, le lanceur Falcon 9 de Space X a mis sur orbite dix satellites de la constellation Iridium.
Michel Cabirol
Pour Iridium Communications, présidé par Matt Desch, ce vol est le premier d'une série de sept lancements sur Falcon 9, qui sont programmés au cours des 18 prochains mois pour placer sur orbite 70 satellites de la constellation Iridium NEXT

Malgré une petite frayeur lors du déploiement des dix satellites de la constellation Iridium développés par Thales Alenia Space et fabriqués par Orbital ATK, SpaceX a parfaitement réussi son retour en vol quatre mois après un accident à Cap Canaveral en Floride. Après plusieurs reports ces dernières semaines, le lanceur Falcon 9 a enfin décollé samedi de la base aérienne de Vandenberg, en Californie, quatre mois après l'explosion d'un autre engin sur le pas de tir de Cap Canaveral en Floride. Près de deux heures après le décollage, SpaceX a annoncé que Falcon 9 avait placé dix satellites en orbite pour la société Iridium Communications, un de ses premiers clients à lui avoir fait confiance en juin 2010.

Le concurrent américain d'Arianespace, la société européenne numéro un mondial des lancements de satellites, a profité de cette mission pour faire atterrir le premier étage de son lanceur réutilisable sur une barge flottant sur l'océan Pacifique. Le premier étage de Falcon 9 est revenu sur Terre dix minutes après le décollage sous les applaudissements des employés enthousiastes de SpaceX présents sur la base de Vandenberg . C'est la quatrième fois que la société du milliardaire d'origine sud-africaine réussit ce type d'opération sur une barge. SpaceX a également réussi à ramener le premier étage d'un Falcon 9 et deux fois sur le sol en Floride.

Sept lancements en 18 mois pour Iridium

Pour Iridium Communications, présidé par Matt Desch, ce vol est le premier d'une série de sept lancements sur Falcon 9, qui sont programmés au cours des 18 prochains mois pour placer sur orbite 70 satellites de la constellation Iridium NEXT, pesant chacun 750/760 kg. Soit un contrat total d'une valeur de 468,1 millions de dollars pour SpaceX (66,87 millions par lancement). Le deuxième lancement de la constellation sera planifié à la fin des essais, en avril. Il y a un délai incompressible de 94 jours entre deux lancements en raison des opérations et des tests en orbite, explique-t-on à La Tribune. L'ensemble d'Iridium NEXT devrait être en orbite d'ici à la mi-2018.

Fournissant une couverture de communications à 100% mondiale, Iridium NEXT est la constellation de satellites de nouvelle génération d'Iridium, qui vient remplacer et améliorer son réseau existant de satellites en orbite basse couvrant tout le globe, "la plus grande constellation de satellites commerciaux dans l'espace", selon Iridium Communications. Une fois entièrement déployée, la constellation offrira de nouveaux services au clients d'Iridium Communication. Grâce à une technologie développée par Aireon, partenaire d'Iridium, elle fournira entre autre un service de surveillance aérienne en temps réel et permettra d'étendre la visibilité des avions à travers toute la planète.

Un satellite produit par semaine

Les dix premiers satellites ont été positionnés sur une orbite de stationnement temporaire de 625 km où ils seront testés et pilotés par Iridium au cours des prochaines semaines. Une fois les tests et la validation passés avec succès, les satellites migreront ensuite vers leur orbite opérationnelle (780 km) et commenceront à fournir des services aux clients d'Iridium. Un par un, les nouveaux satellites seront positionnés près d'un satellite de la génération actuelle (66 au total, dont deux sont déjà hors service), chacun se déplaçant à la vitesse d'environ 27.358 km heure pour commencer les tests. Les liaisons uniques de communication inter-satellite d'Iridium provenant des satellites voisins seront recalculées pour pointer vers le nouveau satellite Iridium NEXT afin qu'il puisse prendre le relais. Les satellites existants finiront par être passivés et désorbités.

"Nous sommes très fiers d'avoir mené un programme aussi unique en terme d'envergure et de complexité, et d'avoir achevé avec succès la validation de la constellation complète au sol, a souligné le vice-président, Télécommunications chez Thales Alenia Space, Bertrand Maureau. Le système est entièrement testé et la compatibilité des satellites Iridium NEXT avec les satellites opérationnel Block-1 a été parfaitement démontrée.

Thales Alenia Space, maitre d'œuvre du système et son sous-traitant pour la production, Orbital ATK, ont participé de bout en bout au développement du programme Iridium NEXT, depuis la conception et la fabrication des satellites Iridium NEXT jusqu'à la gestion d'une chaine de production de 18 stations à la pointe de la technologie. Actuellement, l'usine d'assemblage de Phoenix dans l'Arizona sort un satellite par semaine, soit 10 tous les deux mois environ. La production de la constellation, composée de 81 satellites, devrait être achevée avant la fin de cette année, compte tenu que 30 ont déjà été fabriqués. Orbital ATK attaque en production le 41ème satellite.

Deux accidents en quinze mois

SpaceX avait suspendu tous ses vols après la destruction d'une Falcon 9 le 1er septembre lors d'un test de routine, deux jours avant la date prévue du lancement. Cet accident s'est produit quinze mois après une première explosion du lanceur peu après son décollage, le 28 juin 2015. La société de lancement a conclu après enquête que l'accident du 1er septembre était dû à l'explosion d'une bonbonne d'hélium placée à l'intérieur du réservoir d'oxygène de la fusée. L'explosion du 1er septembre a fait perdre à la société plus de 260 millions de dollars (62 millions pour la fusée, 200 millions pour un satellite de communications israélien).

Ce lancement sera un test crucial pour vérifier si SpaceX a bien déterminé et corrigé la cause apparemment complexe de l'accident du 1er septembre. Début janvier, un essai statique de mise à feu des moteurs de Falcon 9 s'était avéré concluant et avait ouvert la voie à la reprise des vols. La société, qui est dirigée par Elon Musk, le fondateur du constructeur de voitures électriques Tesla, a opéré plus de 70 missions pour le compte de la NASA ou des clients privés à son carnet de commandes, d'un montant estimé à 10 milliards de dollars.

Des conséquences financières?

Cette série noire, après plus de treize années de succès ininterrompus qui ont bousculé le secteur du lancement, a jeté un froid parmi les clients de la société californienne fondée en 2002 et toujours dirigée par le milliardaire Elon Musk. Ces revers ont aussi eu un impact financier sévère. Selon le Wall Street Journal (WSJ), citant une analyse des documents internes auxquels il a eu accès, SpaceX a subi une perte annuelle de 250 millions de dollars et une baisse de 6% du chiffre d'affaires dans l'année qui a suivi le premier accident en 2015 et ce après une longue période de succès. Après la seconde explosion de Falcon 9 en septembre, les pertes financières se sont encore accrues, selon le WSJ.

"Nous avons plus de 70 lancements dans notre carnet de commandes qui présentent plus de dix milliards de dollars de contrats", a rappelé le directeur financier de SpaceX, Bret Johnson précisant que SpaceX dispose de plus d'un milliard de liquidés et n'a aucune dette.

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 18/01/2017 à 13:38
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Hahahaha j'aime bien quand vous écrivez "la société européenne numéro un mondial des lancements des satellites" ... histoire de vous rassurer un peu car vous savez qu'elle va se faire exploser par Space X.

à écrit le 18/01/2017 à 13:37
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Hahahaha j'aime bien quand vous écrivez "la société européenne numéro un mondial des lancements des satellites" ... histoire de vous rassurer un peu car vous savez qu'elle va se faire exploser par Space X.

à écrit le 17/01/2017 à 17:57
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Voir le feuilleton Mars de Ron Howard.

à écrit le 15/01/2017 à 17:56
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C est du recyclage du papier de toilette avec SpaceX

à écrit le 15/01/2017 à 10:57
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La chose dont personne ne parle et qui est 'important à signaler c'est que 10x800kg, ca represente 8t pour la charge utile, jusqu'a présent elle restait en config 4-5t de CU, ca veut dire que la falcon 9 était en configuration lourde de 9-10t en CU ...

le 15/01/2017 à 13:59
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Petite erreur dans l'article.. l'usine d'Arizona qui assemble les satellites, si elle fait 1 satellite par semaine, ça ne peut pas donner 10 par mois !

le 15/01/2017 à 18:02
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Merci Hicham, oui effectivement, ce sont dix satellites sortis tous les deux mois environ, selon une source industrielle, et non dix par mois. Bien vu. Cordialement Michel Cabirol

le 15/01/2017 à 20:26
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12 t c' était le projet ESC B, il a été arrété il y deux ans pour lancer A6. car A5 trouve difficilement 2 charges lourdes faisant 12 t au total a envoyer sur le même tir. L' idée est bonne sur le papier mais les clients sont tétus ;ils fabriquent l...

le 07/02/2017 à 7:49
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Exact. Le programme ESC B (ou Ariane5 ME), s'il a un temps coexisté avec le programme A6, a été stoppé. Il a fallut faire un choix car budgets et calendriers incompatibles.

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