Pourquoi l'activité transport s'inscrit dans l'ADN de Thales

Thales a signé un méga-contrat avec le métro de Londres de plus de 1 milliard d'euros portant sur la modernisation de quatre lignes. La signalisation ferroviaire est une activité très prometteuse au niveau mondial pour le groupe d’électronique. C'est pour cela qu'elle reste au cœur de sa stratégie. Pour cinq raisons.
Michel Cabirol
Signé avec le métro de Londres (London Underground), Thales a remporté un méga-contrat d'une valeur de plus de 1 milliard d'euros environ portant sur la modernisation de quatre lignes du métro de Londres, qui seront notamment équipées d'une nouvelle signalisation ferroviaire.

Signé avec le métro de Londres (London Underground), Thales a remporté un méga-contrat d'une valeur de plus de 1 milliard d'euros environ portant sur la modernisation de quatre lignes du métro de Londres (Circle, District, Metropolitan et Hammersmith & City - soit 40 % du réseau), qui seront notamment équipées d'une nouvelle signalisation ferroviaire. Cette commande gagnée par Thales rappelle à tous ceux qui en doutaient encore combien l'activité transport terrestre est stratégique et s'inscrit parfaitement dans l'ADN du groupe d'électronique.

Pas question donc de vendre cette activité contrairement aux rumeurs, qui circulaient au début de l'année, le laissaient entendre. Des rumeurs qui se nourrissaient notamment des difficultés rencontrées ces derniers mois dans l'exécution de certains de ses grands contrats et du peu de goût a priori de l'actionnaire industriel Dassault pour cette activité. Le PDG de Thales Patrice Caine y a mis fin en expliquant à l'assemblée générale des actionnaires que cette activité transport faisait partie des axes stratégiques de développement de Thales. Une annonce qui n'a d'ailleurs pu se faire qu'avec le plein accord de son conseil d'administration et donc de ses deux principaux actionnaires, l'État et Dassault.

Les cinq raisons pour Thales de garder cette activité

Pourquoi l'activité est au cœur de la stratégie de Thales? Dans une interview accordée à "La Tribune" en juin dernier, Patrice Caine a été très clair sur l'importance de l'activité transport au sein du groupe : "nous voulons aller dans les émergents et ces pays ont des besoins considérables en infrastructures, avait-il expliqué. Nous voulons poursuivre le développement de notre chiffre d'affaires vers le civil et le transport, qui représente déjà 15% de notre chiffre d'affaires, est une activité 100% civile. Enfin, nous cherchons des activités en croissance, et ces marchés sont en progression rapide".

C'est d'ailleurs une activité qui enchaîne actuellement accumule de nombreux succès commerciaux : contrat pour le métro de Doha pour près de 400 millions d'euros en début d'année ou encore pour le métro de Hong-Kong environ de 200 millions d'euros.... "Notre technologie est exploitée sur plus de 80 lignes de métro dans 40 grandes métropoles du monde, dont New York, Dubai, Shanghai et Hong Kong", a rappelé Patrice Caine dans le communiqué portant le contrat du métro de Londres publié ce lundi

Au total au premier semestre, l'activité transport a engrangé 1,19 milliard d'euros de commandes, contre 637 millions en 2014 sur la même période (1,65 milliard en 2014 et 1,45 milliard en 2013). Soit un bond de 88%.

Trois bonnes raisons pour Thales, qui souhaite équilibrer son chiffre d'affaires entre civil et militaire, de rester dans cette activité très internationale en forte croissance, notamment dans les pays émergents. Ainsi, 50% des métros dans le monde vont être construits en Chine dans les dix prochaines années. Parallèlement, il existe aussi un besoin d'optimiser les infrastructures de transports existantes dans les pays occidentaux en densifiant le trafic - plus de trains roulant plus vite -, sans rien concéder en matière de sécurité. "Dans les deux cas, la signalisation ferroviaire est au cœur de ces projets", avait rappelé le patron de Thales. Bref, le groupe d'électronique dispose d'un réservoir de croissance important. A condition de démontrer sa faculté de maîtriser des technologies complexes.

Des systèmes à fort composante logicielle

En outre, "d'un point de vue technologique, avait expliqué Patrice Caine, la signalisation ferroviaire est un système à contenu logiciel prépondérant, « safety critical » (qui touche la sureté de fonctionnement, ndlr) et qui sont embarqués dans un environnement exigeant (température, vibration, choc...). Ce que je viens de décrire pour la signalisation ferroviaire, j'aurai pu le dire pour l'avionique ou pour toutes les autres activités du groupe (...) La signalisation ferroviaire repose bien sur des technologies au cœur de ce que Thales sait faire".

Enfin, Thales dispose d'un atout qui va certainement lui donner un avantage concurrentiel très rapidement par rapport à la concurrence classique comme Alstom, Bombardier..., sa légitimité dans la cybersécurité qui devient un must dans des systèmes à fort composante logicielle.

La cybersécurité, un élément commercial différenciateur

Une des forces opérationnelles et commerciales de Thales, c'est de marier la compétence métier, en l'occurrence les systèmes de signalisation ferroviaire dans l'activité transport, avec une autre, la cybersécurité. "C'est d'ailleurs ce qui va de plus en plus distinguer Thales des autres acteurs dans ces domaines civils, avait souligné le patron de Thales. Nous maîtrisons à la fois les technologies civiles et militaires (...) Dans les années à venir, cette expertise va conférer à Thales un discriminant unique par rapport à nos concurrents".

"Nous discutons aussi bien avec les opérateurs de transport qui ont bien identifié que Thales est le seul acteur du monde de la signalisation ferroviaire grande ligne ou métro à avoir des capacités à traiter ce type de menaces qu'avec les grands équipementiers automobiles qui s'interrogent également. Demain, lorsque ces questions se traduiront en des exigences techniques dans les appels d'offre internationaux, nos concurrents auront bien du mal à y répondre. Et cela crédibilisera donc encore plus les systèmes Thales auprès de nos grands clients et donneurs d'ordres".

Un atout qui va aller en s'accentuant. Car comme l'avait rappelé Patrice Caine, "il n'y a aucune raison que les cyberattaques se limitent aux systèmes d'information des entreprises. Un pays a déjà fait atterrir un drone en prenant son contrôle. C'est pour cela qu'aujourd'hui, nous avons de plus en plus de sollicitations et de discussions sur ce thème avec nos grands clients pour protéger leurs avions, leurs trains, leurs navires de guerre ou civils..."

Michel Cabirol

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