Findus relance le débat sur l'huile de palme

Alors que les autorités sanitaires ne cessent de décrier une utilisation démesurée de l'huile de palme, nocive à haute dose pour la santé, Findus fait le pari de la supprimer totalement de ses produits. Cette goutte d'eau peut-elle faire tache d'huile ?
(Crédits : <small>Reuters</small>)

La suppression de l'huile de palme est-elle devenue le nouveau cheval de bataille des nutritionnistes ? Nouveau coup de pub ou sincère préoccupation sanitaire, Findus France a en tout cas voulu marquer les esprits en annonçant jeudi sa volonté de retirer ladite huile de l'ensemble de ses produits surgelés. "Depuis 2008, nous avons supprimé l'huile de palme dans tous nos poissons panés. Même chose en 2009 pour nos pommes de terre et d'ici la fin de l'année, elle aura disparu des plats préparés" explique Matthieu Lambeaux, directeur général de Findus France.

L'huile de palme, présente dans de nombreux produits (pâtisserie, biscuits, plats préparés, frites, etc.) est en effet largement décriée depuis quelques années par les autorités sanitaires. Les nutritionnistes comme Jean-Michel Cohen dénoncent une sur-utilisation d'un ingrédient "très riche en acides gras saturés, pire que le saindoux".

Findus l'a donc remplacé par l'huile de colza naturellement riche en oméga 3, reconnue pour ses vertus nutritionnelles.

Une initiative qui veut montrer la voie au secteur

Si d'autres industriels comme le distributeur Casino ou les biscuits LU ont annoncé des mesures pour réduire voir supprimer la portion d'huile de palme dans leurs produits, le secteur rechigne à se débarrasser de ce composant très compétitif.

L'huile de palme profite en effet d'un prix plus bas que l'huile de colza ou de tournesol. Elle est également plus manipulable et nécessite par conséquent moins de personnel sur les chaînes de production.

Preuve de ce différentiel de coût, Findus a chiffré à 2 millions d'euros le prix de son opération, une dépense non négligeable pour une "PME" qui réalise 170 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009. "C'est une prise de risque qui, on espère, va interroger les gens" ajoute son dirigeant qui précise ne pas avoir augmenté le prix de ses produits pour compenser cette charge.

Par conséquent, pour la majorité des groupes agroalimentaires, les intérêts économiques priment les considérations sanitaires et ce malgré la montée au créneau des autorités publiques. Pire, selon le docteur Jean-Michel Cohen, certains industriels useraient de subterfuges pour tromper le consommateur. Ils chercheraient à masquer l'utilisation de l'huile dans les étiquetages en utilisant des appellations plus floues comme huile végétale ou végétaline.

"C'est un vrai scandale alimentaire car au moment où l'on se rend en compte des risques sanitaires de l'huile de palme, elle disparaît des étiquettes" s'insurge Jean-Michel Cohen qui rejoint l'INRA sur la nécessité d'une action concerté entre les industriels et les pouvoirs publics.

"40% des consommateurs pensent que l'on utilise plus d'huile de palme" renchérit le dirigeant de Findus France, qui a annoncé par ailleurs le lancement d'une étude pour connaître la consommation journalière de cette matière grasse dans les foyers français. Cette étude sera menée en collaboration avec le docteur nutritionniste.

Au-delà des risques sanitaires, l'huile de palme est également pointée du doigt par les ONG (Organisation non gouvernementales) environnementales comme une des causes de la déforestation massive en Asie du Sud Est et en Afrique subsaharienne. Sur ce terrain, le groupe Findus mais également d'autres groupes alimentaires comme Unilever ou Nestlé ont pris des mesures pour cesser leurs approvisionnements auprès de producteurs non respectueux des forêts tropicales.

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