Les producteurs laitiers sont à bout, le gouvernement tente de les rassurer

Alors que doit se tenir ce mercredi une réunion des principaux syndicats agricoles pour exiger une réévaluation du prix du lait auprès des industriels, le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a exprimé son soutien à la filière.

Les producteurs de lait ont reçu ce mercredi matin le soutien de Bruno Le Maire. Invité sur RTL, le ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche, s'est dit favorable à une réévaluation du prix du lait. Mais ce soutien reste purement verbale. Bruno Le Maire souhaite que "les industriels et les coopératives fassent l'effort nécessaire pour que les producteurs soient rémunérés à leur juste valeur".

Après une chute de plus de 50% de leurs revenus en 2009, les producteurs laitiers se plaignent de ne toujours pas voir une nette amélioration du prix d'achat du lait auprès des industriels malgré la remontée des cours. Et l'échec d'un accord interprofessionnel qui aurait dû être conclu en juin pour fixer les prix des livraisons au troisième trimestre, a ravivé les tensions entre les agriculteurs et l'industrie agroalimentaire.

"C'est une attitude irresponsable des industriels" a fustigé le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, ce mercredi matin sur France Info. Il faut "sortir de l'impasse" sinon "les producteurs vont être obligés de passer à l'action", a -t-il menacé.

Concernant la juste valeur du prix du lait, Bruno Le Maire explique que c'est à l'interprofession de le fixer, précisant que "l'Etat a (déjà) joué son rôle pour intervenir sur les marchés en 2009 en mettant 300 millions d'euros par l'intermédiaire de la commission européenne et faire remonter les cours du lait".

A terme, le ministre explique qu'il faut "sortir de ce système où une il y a une crise tous les trois mois sur le prix du lait". Il propose, en réponse à cela, la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche qui doit permettre la mise en place de contrats sur plusieurs années entre les producteurs et les agriculteurs. Une idée que rejoint le président de la FNSEA qui souhaite surtout que les agriculteurs soient moins impactés par la volatilité des prix sur le marché des matières premières.

La colère gagne les producteurs laitiers depuis quelques jours

Les manifestations se sont multipliées depuis le début de la semaine.

Ce mercredi, une trentaine de producteurs laitiers de l'Aveyron ont appelé à boycotter la Vache qui Rit (Bel), le Caprice des Dieux (Bongrain) ou encore le Camembert Président (Lactalis). Ils se sont rendus dans des supermarchés pour apposer des autocollants sur les produits phares des trois transformateurs laitiers avec inscrit "Boycottez ce produit fabriqué par une entreprise qui ne paie pas les producteurs de lait".

En revanche, ils ont distingué les yaourts Danone avec l'autocollant: "Equitable: cette entreprise paie les producteurs de lait au prix équitable".

Lundi dernier, des producteurs de la région Midi-Pyrénées ont exprimé leur mécontentement devant les préfectures et ont exigé de l'Etat qu'il applique les "accords de juin 2009 sur le mode de fixation du prix du lait", rapporte l'AFP. Ils reprochaient également aux industriels du secteur de ne pas faire monter les prix autant qu'ils le demandent.

"Suivant cet accord, aujourd'hui le prix devrait être de 323 euros la tonne, or ce n'est pas le cas, car ce sont unilatéralement les acheteurs qui fixent le prix d'achat aux producteurs", a regretté auprès de l'AFP Olivier Beaufils, producteur de lait et membre des Jeunes agriculteurs (JA) et de la délégation reçue par le préfet à Toulouse.

"En ce moment nous sommes dans une phase de reprise, tous les indicateurs sont positifs, sauf que cela ne se répercute pas sur le prix d'achat aux producteurs", a-t-il ajouté.

"On nous paie le lait au-dessous de 30 centimes le litre, or pour être rémunérateur le lait devrait être payé au producteur entre 35 et 40 centimes le litre", a déploré auprès de l'AFP, Jean-Michel Bersia, producteur de lait en Haute-Garonne.

Dans la foulée, les principaux syndicats agricoles : la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), les Jeunes Agriculteurs et la Fédération nationale des producteurs de lait, ont décidé de se réunir ce mercredi et faire pression pour une résolution rapide de la situation.

L'association des producteurs de lait indépendants (Apli) s'est rassemblée quant à elle lundi dernier pour élaborer sa propre stratégie face à la contestation. "On va laisser faire les syndicats dits représentatifs (FNSEA, JA, FNPL, Ndlr), voir s'ils sont capables d'engager une grève du lait et là, nous, on suivra", a déclaré à l'AFP Pascal Massol, président de l'Apli.

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