La mise sous tutelle de Liliane Bettencourt examinée

Les problèmes de santé de la milliardaire de 88 ans, qui sont examinés alors que les enquêtes judiciaires visant les aspects politiques de l'affaire se poursuivent, risquent de jouer sur la gouvernance du géant mondial des cosmétiques.
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Un juge des Hauts-de-Seine examinera mardi l'éventuel placement sous tutelle de l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt, au centre d'un imbroglio judiciaire et familial sur fond de lourds enjeux économiques. Les problèmes de santé de la milliardaire de 88 ans, qui sont examinés alors que les enquêtes judiciaires visant les aspects politiques de l'affaire se poursuivent, risquent de jouer sur la gouvernance du géant mondial des cosmétiques.

"Je beuglerai"

Liliane Bettencourt exerce en effet les droits de vote liés aux 30% de parts de L'Oréal détenus par sa fille Françoise Meyers en nue-propriété. Elle conteste ne pas être en état mental de gérer ses affaires, comme le concluent pourtant des examens médicaux réalisés à la demande de la justice. "C'est une imbécillité monstrueuse, car on ne peut pas mettre sous tutelle des gens qui veulent faire. Si on me met sous tutelle, on me mettra sous tutelle mais je beuglerai", a-t-elle dit dans un entretien à la chaîne M6 diffusé dimanche.

Un nouveau venu, l'avocat Pascal Wilhelm

C'est Françoise Meyers qui a relancé les hostilités au printemps dernier en demandant à nouveau la mise sous tutelle de sa mère malgré un accord passé fin 2010 qui mettait fin à une première phase du conflit commencée en 2007. Plusieurs personnes de l'entourage de la femme la plus riche de France suspectées de profiter de sa faiblesse présumée avaient été écartées, dont le photographe François-Marie Banier et le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre. François-Marie Banier a conservé l'équivalent de 400 millions d'euros de dons et renoncé au bénéfice d'assurances-vie pour 600 autres millions Un nouveau venu, l'avocat Pascal Wilhelm, a obtenu alors dans le cadre de l'accord un "mandat de protection future" le désignant par avance comme le gestionnaire des affaires de la milliardaire en cas d'incapacité.

"Guerre nucléaire"

C'est cet homme que Françoise Meyers met en cause en demandant la révocation de son mandat, car elle le soupçonne d'avoir poussé sa mère à investir 143 millions d'euros dans la société de jeux en ligne de l'homme d'affaires Stéphane Courbit, dont l'avocat serait proche. L'annulation de cet investissement a été annoncé et Me Wilhelm s'est sorti sans dommages d'une enquête déontologique du barreau, mais le litige familial persiste. Liliane Bettencourt , en réponse, a exprimé son intention de contre-attaquer, parlant à son avocat de "guerre nucléaire" avec sa fille et envisageant d'annuler diverses donations. Si ces intentions se concrétisaient, cela pourrait remettre en cause l'actuelle détention en nue-propriété par Françoise Meyers des titres du numéro un mondial des cosmétiques, ainsi que le poste de Jean-Pierre Meyers - mari de Françoise - à la direction générale de Téthys, holding chargée de gérer la fortune familiale.

Nicolas Sarkozy... "quand il était jeune homme"

Sur le plan pénal, le parquet de Bordeaux a rouvert la semaine dernière, sur le fondement d'un rapport d'expertise médicale, des poursuites pour abus de faiblesse portant sur la période 2006-2011, visant implicitement Patrice de Maistre. Une information judiciaire conduite à Bordeaux tente de déterminer si les allégations de financement politique illégal et de versements d'espèces par les Bettencourt à des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, sont ou non exactes.
Dans son entretien à M6, Liliane Bettencourt a assuré n'avoir jamais récemment versé d'argent à Nicolas Sarkozy, ajoutant cette phrase à propos d'un éventuel financement de campagne : "il y a belle lurette, alors, avant, quand il était jeune homme".  Nicolas Sarkozy a été maire de Neuilly, où réside Liliane Bettencourt , entre 1983 et 2002.

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