Espagne : le flop des yaourts de Danone, la Vache qui rit de Bel au top

Le fabricant du Leerdamer et de Babybel affiche une progression d'activité de 12 % sur les trois premiers mois de l'année en Espagne. Danone dit lui y souffrir terriblement. Au point de revoir ses prévisions de résultat 2012.
Les espagnols n'ont pas délaissé le fromage en portion.

Bel rit. Danone pleure. Au lendemain de l'avertissement sur résultat de Danone, le groupe Bel dévoile des résultats solides. Au premier trimestre 2012, le fabricant des fromages Babybel, Vache qui Rit et Leerdamer a vu ses ventes progresser de 9,1%. En Espagne, pays où précisément Danone dit souffrir de la crise de la consommation, le fromager a, lui, vu ses ventes bondir de 12 %, après + 20 % sur l'exercice 2011. "Et sans baisser nos prix", a précisé son président, Antoine Fiévet, lors d'une conférence de presse à Paris. La tendance serait restée.

Envolée des matières premières

Le président du numéro trois mondial des marques de fromage, derrière Kraft Foods et Lactalis, dit pouvoir préserver sa rentabilité opérationnelle sur l'exercice en cours et les deux suivants. Il le faut. En 2011, la marge opérationnelle de Bel s'est établie à 6,72 % de son chiffre d'affaires. Soit 12,5 % de moins qu'en 2010. "Notre principal défi est toujours de faire face à la hausse des matières premières et à la volatilité des cours", observe Antoine Fiévert. Le dit défi exigera "une réduction des coûts, une plus grande maîtrise des achats et une répercussion progressive de la hausse du prix des matières premières dans les prix de vente", a-t-il indiqué, en précisant n'envisager aucune réduction d'effectif en 2012 (11.400 salariés, dont 30 % en France).

Le titre Danone dévisse de 1,57 %

Bel serait-il le contre-exemple de Danone ? Le groupe laitier présidé par Franck Riboud a annoncé hier devoir réviser ses prévisions de résultat pour l'exercice en cours. En cause : l'Espagne où le chomage flirte avec les 25 %. "Le groupe Danone fait face depuis la fin du premier trimestre à un contexte de consommation en dégradation rapide et significativement plus forte qu'attendue dans les pays d'Europe du Sud, et tout particulièrement en Espagne", a précisé mardi, par communiqué, Danone. Le fabricant de yaourts dit être victime du changement de comportement d'achat des consommateurs espagnols : aux Danone, ils préféreraient les yaourts vendus sous les marques de distributeurs 20 % moins cher. Dans la foulée, le titre Danone avait dévissé à la Bourse de Paris. Ce mercredi, il était toujours mal orienté.

Trois milliards d'euros visés en 2015

Mais, chez Bel, en Espagne, Antoine Fiévet ne constate rien de tel. L'entreprise, détenue à 71 % par les familles Fiévet et Bel et à 25 % par Lactalis, dit profiter de son "positionnement de niche" sur les fromages vendus en portion (Babybel) ou en tranche (Leerdamer) et d'un bon marketing. Tout n'est pas rose cependant en Europe de l'Ouest, convient-on chez Bel. "Les marchés se tendent", reconnait Antoine Fiévet. Au premier trimestre 2012, les ventes des fromages Bel ont progressé de 3,7 % en Europe occidentale (59 % de ses ventes annuelles). Il n'empêche.

Le groupe vient de se fixer des objectifs de croissance ambitieux. D'ici à 2015, il compte faire bondir ses ventes de 20 %, pour atteindre 3 milliards d'euros. "A cette date, la moitié de notre chiffre d'affaires proviendra des pays hors d'Europe", espère Antoine Fiévet. Signe de ses ambitions, il s'apprête à lancer la construction d'une deuxième usine dans le Dakota aux Etats-Unis, pays où Babybel fait un tabac (voir encadré). Cette construction exigera 18 mois de travaux. En 2011, Bel y investira 80 millions d'euros.

Les Américaines sont folles du Mini-Babybel Elles le déshabillent et le dévorent sans culpabilité. "Aux Etats-Unis, le Mini-Babybel fait partie des snackings dits sains", explique Antoine Fiévet, président du groupe Bel. Aux pays du Coca et de la barre chocolatée, cette portion de fromage fade et compact emballée dans de la cire rouge est vue comme un "moyen de contrôler" les quantités absorbées. Depuis quatre ans, la version light du Babybel fait un tabac auprès des femmes en surpoids âgées entre 35 et 45 ans. Et le fromage La Vache qui Rit prend le même chemin. Ces deux marques ont fait bondir de 8 % les ventes de Bel, au premier trimestre 2012, aux Etats-Unis, après quasiment + 12 % en 2012. Et ces portions de fromage ont permis à Bel de se faire un nom dans les supermarchés que dominent le géant Kraft Foods et sa marque Philadelphia. Boursin devrait y rencontrer un grand succès, assure Bel. Il lui faudra probablement aussi compter sur une version...light. 

 


 

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