Les Brésiliens ne pourront plus produire de "Champagne"

Le Champagne consommé au Brésil ne pourra plus être produit sur place. Les autorités françaises viennent d'obtenir la reconnaissance par le Brésil de l'appellation d'origine géographique "Champagne". L'objectif réside davantage dans la protection d'une image de marque que dans un potentiel de croissance des exportations.
En 2011, sur les 143 millions de bouteilles de Champagne exportés par la France, un million était destiné au marché brésilien.

Les "bulles" que vous vous apprêtez à déguster pour les Fêtes proviennent-elles de la région champenoise? Pour un consommateur français, la question ne fait aucun doute. A l'étranger en revanche, elle mérite d'être posée. Au Brésil par exemple, il était autorisé jusqu'à mardi de commercialiser du mousseux brésilien sous l'étiquette "Champagne". Une pratique à laquelle les autorités françaises viennent de mettre fin. Le ministre brésilien en charge du développement, de l'industrie et du commerce Fernando Pimentel a en effet signé mardi 11 décembre l'acte de reconnaissance de l'appellation d'origine géographique "Champagne" à l'occasion de la visite à Paris de Dilma Rousseff, la présidente du Brésil.

"Nous espérons ainsi lutter contre la contrefaçon", explique-t-on au cabinet de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur. "La protection des indications géographiques, qui identifient l'origine et la qualité d'un produit, est essentielle à la promotion du savoir-faire français à l'étranger", soulignent Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Nicole Bricq ainsi que Guillaume Garrot, le ministre délégué de l'Agroalimentaire.

La demande traînait depuis 5 ans

Toutefois, la demande ne date pas d'hier : elle date de 2007! Pourquoi autant de temps pour cette reconnaissance? "Cela est certainement dû au fait que les autorités brésiliennes ont consulté les producteurs locaux de vins effervescent", pense-t-on au cabinet de la ministre du Commerce extérieur.

Cette reconnaissance va-t-elle avoir un impact sur le volume des importations de Champagne par le Brésil? "Difficile de le dire, ce n'est pas fait dans une logique purement commerciale", considère-t-on au sein du Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne (CIVC).

Anglais et Américains sont les plus grands amateurs de Champagne

Le Brésil constitue l'un des partenaires privilégiés de la France pour ses exportations: les ventes de produits français à destination de ce pays sont en augmentation de 20,27% sur la période allant de janvier à septembre 2012 et atteignent 3,466 milliards d'euros selon Le Moci.

Mais l'agroalimentaire n'est pas le domaine qui tire réellement son épingle du jeu. En valeur, les familles de produits qui se détachent sont plutôt les matériels de navigation aérienne et spatiale, les équipements mécaniques et chaudières et les véhicules.

Concernant le Champagne, les principaux pays importateurs sont, dans l'ordre, le Royaume-Uni, les Etats-Unis (19,4 millions de bouteilles importés en 2011) et le Japon, puis l'Allemagne, la Belgique, la Chine... Sur les 323 millions de bouteilles de Champagne vendues en 2011, 44% (soit 143 millions de bouteilles) l'ont été à l'export. Le Brésil s'est porté acquéreur d'un million de ces bouteilles, soit 7% de plus qu'en 2010. On comprend donc que l'enjeu de cette reconnaissance d'appellation réside davantage dans la protection d'une image de marque que dans l'espérance d'un accroissement considérable des volumes de ventes.

Deux visions s'opposent

Dans la même logique, les autorités françaises sont actuellement en négociations avec la Chine pour obtenir la même reconnaissance et éviter ainsi que le terme "Champagne" ne soit galvaudé.

Au sein de l'Union européenne, le droit communautaire reconnaît les appellations d'origine géographique, il y a donc relativement peu de difficultés à faire respecter l'usage du nom "Champagne". En revanche dans d'autres pays, en particulier ceux où le droit est d'inspiration anglo-saxonne, comme aux Etats-Unis, le droit des marques prévaut sur la protection géographique. Les négociations s'y annoncent donc plus tendues. "Il y a clairement deux visions qui s'affrontent", explique-t-on au cabinet de la ministre du Commerce extérieur. La Russie et les Etats-Unis ne reconnaissent pour l'instant pas cette appellation et des producteurs nationaux peuvent donc y commercialiser des mousseux sous le nom de "Champagne" en toute légalité.

Au rayon des initiatives pour la reconnaissance du patrimoine champenois, une autre action retient l'attention : le dépôt le 21 septembre dernier d'une demande d'inscription des "Coteaux, Maisons et Caves de Champagne" au Patrimoine mondial de l'Unesco par une association de producteurs. A charge au gouvernement français de choisir en janvier 2013 les deux candidatures qui représenteront la France dans cette compétition, dans la catégorie "paysages culturels".

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Commentaires 10
à écrit le 09/02/2013 à 12:01
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Qui l eut cru ?

à écrit le 15/12/2012 à 13:52
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Dingue!!

à écrit le 13/12/2012 à 17:32
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J´habite au Brésil et je n´ai presque jamais vu de "faux Champagne". Une seule fois, une erreur d´étiquetage avec un MUMM argentin dans un supermarché qui était annoncé comme "Champagne". Ici ils disent "espumante" pour les pétillants génériques.

le 14/12/2012 à 11:04
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Je suis brésilienne et franchement, moi je ne jamais vu des "faux champagne" au Brésil, vous avez raison quand vous parlez des "espumantes". Totalement dispensable cette initiative de Dilma, autant de choses beaucoup plus importantes à discuter/accor...

à écrit le 13/12/2012 à 12:23
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Depuis des années, il n´ya a pas de fabrication de CHAMPAGNE au BRÉSIL. Les derniers, si je me souviens bien, ont été fabriqués par CHANDON, qui correspond au Brésil à la Maison MOET et CHANDON! Nous aimons bien les PROSECCOS italiens, qui sont en tr...

le 13/12/2012 à 14:13
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On dit "prosecchi" au pluriel

le 13/12/2012 à 14:57
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@cavaliere: et c'est comment le pluriel de racaille ? si on sait, cela nous évitera de les appeler les Italiens :-)

le 13/12/2012 à 15:02
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Les proseccos, c'est un peu trop sucré ou vert. Je n'en ai jamais apprécié un seul. Par contre, au niveau des tarifs, c'est beaucoup moins cher. Je préfère d'autres mousseux.

à écrit le 13/12/2012 à 11:58
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ce qui fait 3 bouteilles/an/hbts en france (en retirant les -15 ans)

à écrit le 13/12/2012 à 11:16
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Outre ce label, appeler un vin pétillant "champagne" constitue à mon sens une contre façon... Un crocodile en quelques sorte, les bulles en plus! Mais attention quand même, car un écologiste va bien nous ressortir un jour, que le CO2 dégagé par ces b...

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