Murumuru, le "nouvel argan" brésilien qui fait fondre les fabricants de cosmétiques

Cet ingrédient, issu d'une plante amazonienne, pourrait détrôner d'autres produits comme composant pour shampoing ou crème hydratante. Une caution "nature" que certains utilisent également pour mettre en avant des programmes estampillés "développement durable".
Marina Torre
Le murmuru se présente sous forme de grandes cabosses contenant une chair à partir de laquelle est fabriquée une crème aux vertus émollientes.

Il en va des ingrédients miracles comme des textures de mousse à raser ou des formes des bouteilles de parfum... ils sont soumis aux modes. Argan, aloe vera ou karité se sont ainsi installés dans les rayons cosmétiques. Ils sont depuis peu rejoints par de nouveaux ingrédients en provenance d'Amazonie, à commencer par le beurre de murumuru.

Argument "nature"

Cette substance tirée de la noix d'un palmier, Astrocaryum murumuru, contient des agents émollients utilisés pour les soins capillaires et pour la peau. Son usage permet de jouer l'argument "naturel" sans forcément s'affranchir, dans la formule finale, d'additifs chimiques créés en laboratoire. "On peut se demander quelle concentration de ces ingrédients traditionnels" sont vraiment utilisés dans les produits des grandes marques, pointe ainsi Florence Bernardin-Brec, spécialiste des cosmétiques et directrice de l'agence Information & Inspiration.

Le "nouvel argan"

Les fabricants de cosmétiques "en sont fous", c'est le "nouvel argan", explique Helen Kupfer-Haas, exportatrice de produits brésiliens en France, qui a notamment travaillé pour le Bon Marché où elle a installé les marques de savons Granado et Phebo. L'Occitane, pour l'occasion plutôt "au Brésil" qu'en "Provence", a ainsi développé une gamme de shampoings et d'après-shampoings à base de murumuru. L'Oréal Paris a fait de même avec Absolut Control, lancé au Brésil en 2013.

Cette ancienne employée du groupe Natura, numéro un de la cosmétique au Brésil, évoque le principal fournisseur en murumuru: Beraca. Ce dernier affiche également son partenariat avec L'Oréal. Mais refuse d'indiquer le prix de vente de cette matière première tropicale. Un autre spécialiste des matières premières, Natural Sourcing, précise que "selon son degré de raffinement", le beurre de murumuru coûte entre 30 et 35 dollars le kilo, et que son prix "est stable".

Produit durable?

Pour sa production, l'Oréal affirme faire appel, via ce partenariat, à des procédures respectueuses du développement durable, en s'assurant par exemple que "ses producteurs ont d'autres clients" et en indiquant que la récolte des fruits est réalisée "au sol". Il fait surtout confiance à son sous-traitant et ses "programmes de soutien au communautés" de producteurs. Toutefois, si l'ingrédient séduit à grande échelle, il deviendra plus difficile d'éviter des polémiques comme celles qui ont touché l'huile d'argan au Maroc, où une hausse de la production a contribué à déstabiliser l'économie et à mettre en danger l'environnement dans certaines régions, poussant des organismes publics à soutenir des coopératives respectant nature et culture locales.

Marina Torre

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Commentaires 3
à écrit le 10/10/2014 à 20:02
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Pauvre Amazonie qui va être encore un peu plus dévastée...

à écrit le 10/10/2014 à 17:37
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Ça va être comme le shampoing aux œufs .... on en met deux pour 1000 litres ... le tour est joué !

le 10/10/2014 à 18:54
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@pmxr: d'où l'expression "la poule aux oeufs d'or". Avec ces 2 oeufs elle fait gagner des milliards :-)

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