Montre connectée : les horlogers accélèrent

Swatch commercialisera d’ici trois mois une montre “intelligente“, a prévenu Georges Nicolas Hayek jr, le Pdg de Swatch. Comme lui, d’autres horlogers consentent à ce revirement stratégique, avec quelque retard sur les Samsung et autres Apple.
Marina Torre
Une montre sur cinq produite dans le monde est siglée Swatch (selon Xerfi Global).

Suffisante pour faire oublier les hausses de prix ? L'annonce par Nick Hayek le Pdg de Swatch du lancement prochain d'une smartwatch, tombe à pic. Une montre intelligente, où s'afficheraient textos et courriels, probablement dotée de technologies de paiement sans contact sera commercialisée d'ici trois mois selon l'héritier du fondateur libano-suisse. Une déclaration faite le 5 février, dans la foulée de la publication de résultats en demi-teinte et quelques semaines après que le groupe a indiqué qu'il augmenterait de 5 à 10% le prix final de ses montres pour répercuter la flambée du Franc suisse. Richemont, l'autre grand du luxe helvète a fait le même choix.

D'un point de vue industriel, hausses de prix et annonces relatives aux montres connectées "n'ont aucun lien", prévient cependant Martin Crépy, associé au cabinet Simon, Kucher & Partners. De fait, d'autres grands acteurs de l'horlogerie ont diffusé des informations à propos de leurs propres montres connectées bien avant que la Banque Nationale Suisse décide de supprimer le cours plancher de la devise helvétique.

A l'opposé du cadran

Lors de la grand messe du numérique à Las Vegas, le CES, Montblanc (Richemont) a ainsi dévoilé un modèle équipé d'émetteurs/récepteurs bluetooth capable de prévenir en cas de réception d'un appel, d'afficher des SMS, ou de mesurer l'activité physique de son porteur. Un petit écran tactile est dissimulé dans un bracelet interchangeable, invisible côté cadran.

Il est également question d'une montre connectée chez LVMH, pour la marque Tag Heuer, qui serait produite à 30.000 ou 50.000 exemplaires dans un premier temps selon Jean-Claude Biver, président de la division horlogère du groupe français lors d'une interview au Figaro en décembre.

L'industrie horlogère prend en marche le train de la montre connectée, occupé pour l'instant par des géants du numérique. Un poignet sur trois équipé d'une montre connectée l'est par Samsung selon Xerfi Global. Cette position permet à la Samsung Gear d'être la cible privilégiée des développeurs pour leurs applications. En France, Carrefour teste par exemple un service permettant d'y synchroniser une liste de courses préalablement enregistrée sur un smartphone. Pour l'instant seulement disponible sur Samsung Gear S, il devrait être étendu à d'autres montres fonctionnant avec le système d'exploitation de Google, Android "dans les prochains mois" selon le distributeur.

Chez les spécialistes de l'électronique toujours, Apple prévoit de commercialiser sa montre en avril. Pour certains analystes, comme au cabinet Forrester, son succès ne fait pas de doute : l'un de ses experts s'attend à ce que 10 millions de smartwatches à la pomme soient commercialisées en 2015 !

Virage raté?

Les horlogers "historiques" ont longtemps relégué l'objet dans la catégorie des innovations secondaires, et le marché, à une "niche" pour fan de technologie. Et même si Swatch avait, dès les années 1960, vendu des montres incluant des systèmes de reconnaissance pour prendre par exemple les remontées mécaniques dans les stations de ski, le groupe suisse a longtemps semblé dédaigner ce segment. Nick Hayek se montrait lui-même sceptique en 2013. Année où l'autre père de la Swatch, Ernst Thomke, remontait les bretelles de ses anciens confrères en affirmant que la Suisse avait "raté le virage" de la montre connectée.

L'objet du reste doit encore surmonter plusieurs difficultés pour espérer conquérir la planète. Parmi eux : "l'absence d'applications majeures et des prix prohibitifs", juge Thomas Chauvet, analyste de Citigroup. Il existe toutefois une "opportunité" d'être adoptées comme les tablettes, ajoute-t-il, si "ces montres deviennent des nouvelles formes d'expérience." Plusieurs observateurs jugent en outre que pour conquérir le monde, la smartwatch devra séduire les femmes et les jeunes.

Swatch justement aurait une carte à jouer en la matière. "Samsung a capté les fans de technologie, Apple les consommateurs pour qui cette montre représente un objet statutaire mais personne n'a encore proposé un produit grand public", résume Martin Crépy. Or, la marque suisse "bénéficiera de réels avantages compétitifs si le groupe fait jouer ses forces : le design, toutes ses déclinaisons de couleurs flashy ou encore ses nombreux brevets qui lui permettent par exemple de développer une pile d'une grande autonomie qu'il n'est pas nécessaire de recharger ", estime le spécialiste. Il évalue entre 75 et 125 euros, un prix "accessible" pour une montre connectée grand public.

A lire aussi :

>> Les Français achèteront 2 milliards d'objets connectés dans les 5 ans

Marina Torre

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 10/02/2015 à 23:37
Signaler
Certains testeront l'utilité, pas pour tous, pas pour les pauvres, avec abonnement à prévoir.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.