Déforestation : Casino mis en demeure par diverses ONG

Le groupe ne respecte pas la législation sur le devoir de vigilance, selon ces associations françaises, américaines et colombiennes, de défense de l'environnement. Si l'entreprise "ne se met pas en conformité dans un délai de trois mois", elles se disent prêtes à porter l'affaire au tribunal.
52 produits vendus en rayon et aussi dans les étals de boucher de deux magasins du groupe seraient issus de quatre fermes liées à la déforestation illégale au Brésil, en Amazonie et dans le Cerrado.
52 produits "vendus en rayon et aussi dans les étals de boucher de deux magasins du groupe" seraient issus de quatre fermes liées à la déforestation illégale au Brésil, en Amazonie et dans le Cerrado. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Une coalition d'associations a épinglé ce lundi le groupe Casino sur les filières d'approvisionnement en bœuf de certaines de ses filiales en Amérique du Sud, le mettant en demeure de respecter la législation sur le devoir de vigilance.

"Ces associations françaises, américaines et colombiennes nous ont mandaté afin de vous mettre en demeure de respecter les obligations légales qui s'imposent à la société Casino Guichard-Perrachon en matière de devoir de vigilance et de risques liés à la déforestation en Amérique du Sud", ont annoncé leurs avocats dans un courrier adressé ce lundi au PDG du groupe, Jean-Charles Naouri.

La procédure de ces ONG, parmi lesquelles Notre Affaire à tous, Sherpa, Mighty Earth et Envol Vert, s'appuie sur un rapport de cette dernière publié en juin. Il mettait en lien quatre fermes liées à la déforestation illégale au Brésil, en Amazonie et dans le Cerrado et 52 produits "vendus en rayon et aussi dans les étals de boucher de deux magasins du groupe".

"À elles seules, ces fermes représentent 4.500 hectares de forêts coupés illégalement pour laisser place au pâturage de bovins. Des terres autochtones protégées sont également converties", dénonçait le rapport de l'ONG colombienne.

Lire aussi : Au Brésil, la déforestation de l'Amazonie atteint son pire niveau depuis 2008

Vérifier les trois principaux fournisseurs, "ce n'est pas suffisant"

Dans la lettre de mise en demeure, les avocats font valoir que "l'enquête de terrain menée par Envol Vert a permis de démontrer que ces fournisseurs du groupe Casino [...] se sont régulièrement fournis auprès de fermes mises en cause dans des activités de déforestation et d'accaparement des terres indigènes".

Les ONG exigent que le groupe établisse une cartographie des risques, une traçabilité sur toute la chaîne d'approvisionnement ainsi que la mise en place d'un système d'alerte, notamment en cas de violation des droits des peuples amazoniens.

"Lorsque Casino dit qu'ils ont vérifié que leurs trois principaux fournisseurs s'approvisionnent directement auprès de fermes qui ne font pas de déforestation, c'est l'objet de ce dossier de leur dire que ce n'est pas suffisant", a fait valoir Me François de Cambiaire.

Si l'entreprise "ne se met pas en conformité dans un délai de trois mois", les associations se sont dites prêtes à porter l'affaire au tribunal et à "solliciter la réparation des préjudices qui en découlent", ont déclaré les ONG dans un communiqué commun.

Lire aussi : Alimentation: les ONG plaident pour une stratégie européenne verte et sociale

Casino conteste ces accusations

La loi sur le devoir de vigilance invoquée oblige les sociétés de plus de 5.000 salariés en France, ou plus de 10.000 dans le monde, à publier un plan de vigilance destiné à prévenir les risques en matière d'environnement, de droits humains et de corruption qui pourraient résulter de leurs activités et de celles de leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants. "Les liens entre la viande vendue par Casino et la déforestation montrent combien aujourd'hui cette loi est nécessaire", a estimé Sandra Cossart, directrice de l'ONG Sherpa, lors d'une rencontre avec la presse.

Sollicité par l'AFP, l'avocat du groupe a contesté ces accusations, affirmant que le groupe "se conforme scrupuleusement à ses obligations légales" et "ne cesse, en partenariat avec des ONG locales, d'améliorer les procédures de contrôle des fournisseurs et des fermes".

"Certaines ONG ont fait le choix contestable de porter sur un plan polémique et inutilement contentieux cette problématique", a-t-il commenté, faisant valoir un  "contexte géopolitique complexe qui nécessite une collaboration constructive et apaisée".

Lors des huit premiers mois de l'année, les satellites de l'Institut national de recherches spatiales (INPE) ont identifié 6.086 km2 déboisés dans la plus grande forêt tropicale de la planète. La déforestation avait atteint un niveau exceptionnel en 2019 (9.178 km2), première année du mandat du président d'extrême droite Jair Bolsonaro, très critiqué pour sa politique environnementale.

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Commentaires 3
à écrit le 22/09/2020 à 10:07
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Le Groupe Casino-Rallye souffre d'une mauvaise gouvernance, et éprouve de grosses difficultés dans tous les domaines.

à écrit le 21/09/2020 à 12:51
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on devrait mettre en cause ces associations dans les massacres d'indiens pemons au venezuela, par l'ami de melenchon elles n'ont rien fait donc elles sont coupables de non intervention, et il faut les poursuivre devant les tribunaux pour qu'elles pr...

à écrit le 21/09/2020 à 9:35
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Coalition de journalistes en matière de dumping fiscal, coalition d'associations en matière de dumping environnemental, il manque encore une coalition contre le dumping social, le plus abjecte au final qui se retrouve sans critique alors que tuant ce...

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