L'industrie agroalimentaire appelle les distributeurs à cesser la guerre des prix

Hausse des volumes produits, baisse des défaillances, emploi très légèrement en hausse... La situation semble s'améliorer dans l'industrie agroalimentaire. Mais l'Ania, association représentant les grands fournisseurs, craint toujours les effets déflationnistes de la guerre des prix entre distributeurs.
Marina Torre
L'Autorité de la concurrence a mis en garde les distributeurs contre des risques de pratiques anticoncurrentielles après leurs rapprochements.

Malgré la guerre des prix, l'industrie agroalimentaire française sort la tête de l'eau. En volume, les quantités produites par ce secteur en France ont diminué de 0,2% au cours de l'année dernière d'après une étude statistiques menée par le cabinet spécialisé Utopies pour l'Association nationale des industries agroalimentaires. Ces quantités produites avaient reculé bien plus fortement entre 2012 et 2013 de 2,2%.

Par ailleurs le nombre de défaillances d'entreprises a reflué, passant de 376 en 2013 à 273 en 2014. "Mais elles touchent tous les types d'entreprises, pas seulement les plus fragiles", note Jean-Philippe Girard, patron de l'organisation de défense des intérêts des grands groupes agroalimentaires. La filière viande serait particulièrement touchée.

Légère hausse de l'emploi

En outre, fait notable compte tenu de l'état du marché de l'emploi, les effectifs de salariés dont l'activité est directement liée à cette industrie ont très légèrement augmenté (+0,13%, soit 664 emplois supplémentaires). Au total, quelque 493.000 emplois directs sont comptabilisés dans ce secteur au 31 décembre 2014. Au total, le niveau actuel des capacités de productions serait revenu plus ou moins au niveau de 2012.

De toutes les explications à cette légère amélioration - baisse de l'euro, chute du coût des matières premières principalement - la dernière prête particulièrement à polémique. "Nos clients mettent en avant la baisse des prix des matières premières", argue Jean-Philippe Girard qui affirme que depuis 2010 au contraire, ces prix ont eu tendance à augmenter. Ces dernières mois pourtant, énergie mais aussi lait - en raison de la fin des quotas notamment ont bel et bien eu tendance à baisser.

La rivalité entre grands distributeurs qui, pour s'assurer les prix les plus bas, se sont rapprochés au sein de grandes centrales d'achat, reste au cœur des préoccupations des industriels. Résultat: en valeur, leur production totale l'an dernier atteint 157,6 milliards d'euros, soit 0,8% de moins qu'en 2013. Entre 2012 et 2013 la baisse avait atteint 0,6%. "L'industrie est résiliente mais elle reste fragile",commente Jean-Philippe Girard.

Baisse des prix

L'an dernier, les marques dites nationales, c'est-à-dire celles vendues sur tout le territoire, souvent par des multinationales, ont vu le prix de leurs principaux produits chuter. Les 1600 produits les plus achetés par les Français auraient ainsi vu leurs prix (à l'achat par les distributeurs ou bien par les consommateurs?) baisser de 4% d'après l'Institut Iri. En revanche, les marques de distributeurs, celles qui rapportent plus en termes de marges aux réseaux de Carrefour, Casino, Intermarchés, Auchan etc... ont vu leurs prix augmenter de 0,3% l'an dernier selon la même source.

Le lancement de nouveaux produits, notamment dans le yaourt  - les Yopa de Yoplait et Danio de Danone - ont cependant permis à ces industriels de s'en tirer s'en trop de dégâts. Il s'agirait même d'après l'Iri des deux innovations ayant eu le plus de succès l'an dernier. Surtout que de vastes politiques de promotions sur les prix ont visé à préserver les volumes.

Reste que les négociations commerciales pour 2015, achevées à la dernière minutes le 28 février dernier ont une fois de plus révélé les tensions entre les industriels et les distributeurs. Une situation que le patron de Nestlé Richard Girardot a dénoncé en début de semaine, à la veille de la publication de l'avis de l'Autorité de la concurrence sur les rapprochements entre distributeurs.

Nesté, un exemple?

Deux annonces qui concordent, aux yeux du patron de l'Ania, pour tenter de mettre fin à la guerre des prix. Mais si Michel Edouard Leclerc a récemment déclaré qu'elle était terminée, "aucun des distributeurs n'est pour l'instant prêt à se décaler par rapport aux autres", affirme Jean-Philippe Girard. L'exemple de Richard Girardot le patron de Nestlé fera-t-il des émules? Pour l'instant aucun autre dirigeant n'est ouvertement sorti du bois.

Marina Torre

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