Les Chinois se lancent à l'assaut des vignobles français

Les rachats de propriétés viticoles dans le Bordelais par des investisseurs chinois font régulièrement la une des journaux. Mais quelle est la réalité ?
Fabien Piliu
elon une étude réalisée par International Wine and Spirit Research (IWSR) pour le salon Vinexpo 2015, la consommation chinoise de vins ne progresserait « que » de 24 % d'ici à 2018, après avoir bondi de 69,3 % entre 2009 et 2013.

Nooooon ! Pas le vin ! Pas ce symbole du savoir-vivre à la française ! Les vignobles français et particulièrement bordelais, passent-ils sous pavillon chinois ? À la lecture de certaines unes de journaux, on pourrait le penser. Pourtant, la réalité est autre. Certes, les investisseurs chinois sont les premiers investisseurs étrangers dans la région, dépassant de peu les Belges et les Britanniques. Mais leur présence reste tout à fait marginale. Sur les 9 800 propriétés viticoles recensées dans le Bordelais, seule une soixantaine appartient à des investisseurs chinois. Soit 0,61 % du total des châteaux !

Les exportations de vin s'essoufflent

Les investisseurs chinois s'intéressent-ils à d'autres vignobles ? En 2012, un milliardaire chinois, s'offrait le château de Gevrey-Chambertin et les deux hectares de vignes attenants pour 8 millions d'euros. Un montant qui fait grincer quelques dents dans le village, le domaine et le château médiéval ayant été évalué à moins de quatre millions.

Ce coup d'éclat en Bourgogne est - il le signe que les investisseurs chinois visent désormais les châteaux les plus prestigieux ? Peut-être. En attendant, la plupart des rachats se sont jusqu'ici essentiellement concentrés sur des vignes en appellations génériques bordeaux de l'Entre-deux-mers. Des appellations qui flattent le palais des

150 millions de personnes composant la classe moyenne chinoise et qui sont quasi intégralement exportées vers l'« Empire du Milieu ». Mais ces exportations sont en train de s'essouffler. Selon une étude réalisée par International Wine and Spirit Research (IWSR) pour le salon Vinexpo 2015, la consommation chinoise de vins ne progresserait « que » de 24 % d'ici à 2018, après avoir bondi de 69,3 % entre 2009 et 2013.

Le bordeaux ne plaît-il plus ?

Deux éléments expliquent cette décélération : Pékin a intensifié la lutte contre la corruption en Chine en interdisant les cadeaux d'affaires, dont fait partie le vin ; et après avoir importé beaucoup de grands crus, les consommateurs chinois semblent aujourd'hui se contenter de vins français plus modestes et vendus en vrac qu'ils mélangent ensuite au vin produit localement.

Vient de paraître : À qui appartient la France ?, de Fabien Piliu et Denis Boulard, First éditions, 298 pages, 16,95 euros.

Fabien Piliu

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