Luxe : les horlogers suisses ont le moral en berne

La chute brutale des exportations de montres-bracelets suisses vers Hong Kong pénalise l'industrie horlogère suisse. La tendance à la baisse enregistrée devrait se confirmer au cours des douze prochains mois, selon les professionnels du secteur interrogés par le cabinet Deloitte.
Sarah Belhadi
"L'affaiblissement de la demande extérieure constitue désormais le plus grand risque" pour l'industrie horlogère, estime le cabinet de conseil Deloitte.

Au vu du contexte macro-économique mondial, les professionnels de l'horlogerie suisse ne sont guère optimistes sur les perspectives d'évolution de leur secteur dans les prochains mois. Une étude du cabinet Deloitte publiée mardi 27 septembre rapporte que le nombre de cadres supérieurs du secteur horloger qui se disent pessimistes atteint le chiffre de 82%, soit le double par rapport à 2015.

Bien que la décision de la Banque Nationale de Suisse (BNS) en janvier 2015 de mettre fin au taux de change plancher a cristallisé les inquiétudes des professionnels de l'horlogerie suisse, l'affaiblissement de la demande extérieure constitue désormais leur préoccupation majeure.

Hong Kong, ex-supermarché du luxe

En effet, le ralentissement de la demande à Hong Kong, principal marché d'exportation des montres suisses, a fortement pénalisé l'horlogerie suisse. Fin 2011, les exportations de montres helvétiques dans l'ancienne colonie britannique atteignaient le montant de 1,3 milliard de francs suisses. Au deuxième trimestre 2016, elles ont chuté à 592 millions de francs suisses seulement, soit une baisse de 54%. "Après une forte tendance à la hausse sur la période 2010-2013 et une pause en 2014, les exportations de montres vers Hong Kong ont chuté en 2015", détaille le cabinet Deloitte qui précise que la tendance baissière devrait se poursuivre.

Hong Kong, ex-temple de la consommation de produits de luxe, accuse un net repli en raison de la baisse du nombre de touristes chinois, qui s'explique par le changement des conditions d'obtention de visa, mais aussi par les manifestations contre le gouvernement ces dernières années. Résultat, toutes les griffes du luxe constatent depuis plusieurs mois une baisse inquiétante de leur activité, à l'instar de Burberry. Le groupe suisse Richemont (Piaget, Vacheron), numéro deux mondial du luxe, s'attend  de son côté à voir son bénéfice fondre de 45% au premier semestre après un début d'exercice difficile entre les attentats en France et les revers de fortune de l'horlogerie suisse à Hong Kong.

Pour 79% des professionnels du secteur de l'horlogerie interrogés par Deloitte, la baisse de la demande extérieure constitue un risque significatif pour leurs entreprises au cours des douze prochains mois, en particulier à Hong Kong où 57% des sondés s'attendent à une poursuite de la chute des exportations.

Les touristes chinois boudent l'Europe

Si les touristes chinois désertent Hong Kong, ils sont également moins présents dans les pays de l'espace Schengen. Certes, les attentats en France et en Belgique ont largement contribué à la désertion du public chinois. Mais la mise en place d'un nouveau dispositif, qui exige des visas biométriques pour les ressortissants chinois souhaitant se rendre dans un pays de l'espace Schengen, a alimenté le phénomène.

Depuis octobre 2015, les ressortissants ne peuvent plus envoyer leur demande de visa par la poste, mais doivent directement se rendre dans un des 14 lieux agréés en Chine pour donner leurs empreintes. Le nombre de visiteurs chinois en Suisse est ainsi passé de 451.000 au premier semestre 2015 à 373.000 sur la même période en 2016. Près de 50% des professionnels de l'horlogerie interrogés estiment que ces changements administratifs ont contribué à réduire le nombre de touristes chinois en Suisse.

De plus, Pékin, qui souhaite favoriser le développement des achats de luxe sur son territoire, a augmenté en avril ses taxes sur les produits de luxe achetés à l'étranger, de 30% à 60%. Un article du quotidien helvétique Le Temps publié début mai, détaillait les conséquences pour la clientèle chinoise qui serait tentée d'acheter une montre en Suisse :

"En achetant une montre de plus de 10 000 yuans (1.480 francs) dans une boutique lausannoise, le client chinois devra débourser à nouveau 60% du prix de la montre en rentrant chez lui contre 30% avant le 8 avril. Le prix total de sa montre peut même doubler voire tripler s'il «oublie» de la déclarer".

Sarah Belhadi

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Commentaires 3
à écrit le 29/09/2016 à 8:46
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Une belle montre? c'est l'assurance d'avoir des frais faramineux à chaque révision ou à chaque changement de pile. les grands horlogers ont exagéré, et le paient. Pour moi, non merci! il existe pléthore de produits très sympas, et pas cher, sans comp...

à écrit le 28/09/2016 à 20:46
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C'est un peu normal en Suisse d'avoir le moral en Berne....non?

le 29/09/2016 à 8:54
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hihi

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