Pesticides : la contrefaçon coûte chaque année 1,3 milliard d'euros à l'Europe

Les quelque 600 fabricants européens de pesticides emploient ainsi 2.600 personnes de moins qu'ils ne le pourraient. En intégrant les effets indirects, les pertes atteignent 2,8 milliards d'euros de ventes et 11.700 emplois.
Giulietta Gamberini
Les pesticides contrefaits sont aussi particulièrement dangereux pour les agriculteurs, les consommateurs et l'environnement, souligne l'Euipo.

Questionnés quant à leur place dans une agriculture durable, les pesticides doivent également faire face au défi de la contrefaçon. Selon une étude* publiée mercredi 8 février par l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO, ancien OHMI), la vente dans l'UE de ces intrants chimiques contrefaits fait perdre chaque année aux fabricants légitimes des 28 Etats membres 13,8% de leurs revenus, soit 1,3 milliard d'euros. Ces quelque 600 entreprises, pour les deux tiers des PME, qui comptent dans leur ensemble près de 25.300 travailleurs, emploient ainsi 2.600 personnes de moins qu'elles ne le pourraient.

Si l'on tient compte aussi des effets de la contrefaçon sur le marché, à savoir la baisse des achats des entreprises victimes auprès de leurs fournisseurs, les pertes atteignent par ailleurs 2,8 milliards d'euros et 11.700 emplois, calcule l'Euipo. Et ces chiffres n'incluent pas le commerce de gros et de détail, en raison de l'absence de données exploitables, ainsi que les effets de la contrefaçon de pesticides européens sur les exportations vers des pays tiers, lesquelles s'élèvent à 2,6 milliards d'euros, précise l'office.

Des produits échappant aux normes de sécurité

La France, deuxième plus grand producteur de pesticides en Europe, avec un chiffre d'affaires européen de 3,5 milliards d'euros, est parmi les pays les plus impactés en valeur absolue: 240 millions d'euros de ventes et 500 emplois y sont perdus chaque année à cause de la contrefaçon. Elle est en ce sens dépassée seulement par l'Allemagne, plus gros fabricant européen (pour 4 milliards d'euros), qui perd 299 millions d'euros et 500 emplois chaque année. Dans ces deux pays, les effets relatifs en termes de ventes perdues se révèlent néanmoins moins importants que la moyenne de l'Union: 11,4 % et 12,8 % respectivement, selon l'Euipo.

Mais dans ce domaine où les enjeux de santé et d'environnement sont particulièrement sensibles, la contrefaçon n'a pas que des conséquences économiques. Les pesticides contrefaits échappent en effet aux tests de conformité aux normes de sécurité exigés par l'UE pour la mise sur le marché, souligne l'Euipo, insistant sur le danger accru qu'ils représentent donc pour les agriculteurs, les consommateurs et les écosystèmes. Si ces dommages ont eux aussi un impact économique potentiel, celui-ci n'a toutefois pas été intégré dans l'étude.

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*Ce rapport est le dixième d'une série d'études publiées par l'EUIPO, par le biais de l'Observatoire européen des atteintes aux droits de propriété intellectuelle, au sujet de l'incidence économique de la contrefaçon sur différents secteurs industriels de l'UE.

Lire notamment:

Cosmétiques : la contrefaçon coûte quelque 80.000 emplois chaque année à l'UE

Habillement : la contrefaçon coûte 26 milliards d'euros par an à l'Europe

La contrefaçon des articles de sport coûte à la France 82 millions d'euros par an

La contrefaçon des produits AOP et IGP coûte 2,3 milliards d'euros par an aux Européens

Giulietta Gamberini

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Commentaires 4
à écrit le 08/02/2017 à 23:00
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L'argument des emplois me parait quelque peu fallacieux dans la mesure où les contrefacteurs ne peuvent produire avec une baguette magique. Il leur faut bien du personnel ! En revanche, les produits, contrefaits ou non, sont mauvais pour notre santé....

le 09/02/2017 à 19:55
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Parce que vous croyez que les produits contrefaits sont fabriqués en France ? Même les produits non contrefaits ne le sont pratiquement plus sauf si cela présente un réel intérêt économique ou fabriqués dans des vieilles usines qu'il n'est pas rentab...

à écrit le 08/02/2017 à 18:36
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Ben maintenant que BAYER a acheté monsanto l'europe va se faire le fer de lance de l'agro-industrie, misère. Vite un frexit. Je connais un viticulteur dans le vaucluse, un pro monsanto à fond, d'ailleurs il dit que si ya plein de nouvelles maladi...

le 08/02/2017 à 20:06
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Idem ici, Citoyen, en Bretagne. J'ai la joie d'habiter une commune dont l'eau n'est PAS POTABLE. Et ne peux rien faire. Par contre, il faudrait m'expliquer à quoi servirait un frexit..?? Tu parles que les entreprises se moquent à fond des états. Comm...

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