Pesticides : le gouvernement lance de nouvelles mesures

La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, veut accélérer le mouvement initié par les lois de transition énergétique et de protection de la biodiversité.
Le ministère lance en 2017 une expérimentation d'un dispositif de conseil indépendant aux agriculteurs pour l'utilisation des produits phytosanitaires.

Déjà engagée contre le glyphosate et les néonicotinoïdes, Ségolène Royal renforce les outils de sa bataille contre les pesticides. La ministre de l'Environnement a annoncé mardi 14 février un ensemble de nouvelles mesures, visant à atteindre l'élimination totale de ces intrants dans les pratiques agricoles et horticoles.

"En 2015, la consommation des particuliers (collectivités et jardiniers amateurs, NDLR) a enregistré une baisse de 14%", s'est réjouie la ministre, qui considère ce résultat comme une conséquence la Loi de transition énergétique et de la Loi de protection de la biodiversité. Pour accélérer ce mouvement, elle vient donc de lancer une campagne d'information "Zéro pesticide, c'est mille fois mieux pour ma santé et pour notre planète", qui sera diffusé dans la presse quotidienne régionale fin février.

Les communes orientées dans leurs pratiques

Depuis le début de l'année, l'interdiction de la vente en accès libres de pesticides vise par ailleurs à dissuader les particuliers d'en acheter : une mesure qui selon un sondage Ifop réalisé pour l'Onema (Office national de l'eau et des milieux aquatiques) en novembre 2016, cité par le ministère, serait approuvée par 93 % des personnes interrogées. Un pas supplémentaire sera franchi en 2019, la loi sur la transition énergétique prévoyant une interdiction totale des pesticides pour le grand public, qui devra se tourner vers des techniques manuelles et des produits autorisés en agriculture biologique.

Depuis le 1er janvier 2017, il est en outre interdit à l'ensemble des structures publiques (communes, départements, régions, État, établissements publics) d'utiliser des produits phytosanitaires chimiques pour l'entretien de leurs espaces verts et de leur voirie. Et selon le même sondage de l'Ifop, 80 % des élus et responsables d'espaces verts se disent favorables à cette interdiction. Afin de les orienter dans le choix de solutions alternatives, le ministère a mis en ligne un guide des solutions zéro pesticides, destiné spécifiquement aux communes.

Le décret contre les néonicotinoïdes en consultation

Quant à l'agriculture, qui consomme 90% des pesticides, et où la baisse de leur utilisation enregistrée en 2015 est bien inférieure (2,5%) - malgré le plan Ecophyto -, Ségolène Royal compte agir sur plusieurs fronts.  L'objectif serait en effet celui d'une réduction de 50% d'ici 2025 par rapport à 2008.

Le décret concernant l'interdiction des principales substances néonicotinoïdes au 1er septembre 2018 est ainsi enfin mis en consultation, après une "rédaction compliquée". Les principales molécules de cette catégorie de produits seront interdites et les dérogations, possibles jusqu'en 2020, seront octroyées au cas par cas, "pour une culture spécifique et lorsqu'il n'y aura vraiment aucune alternative à court terme", a précisé à l'AFP Marc Mortureux, directeur général de la prévention des risques.

Plus de précautions autour des épandages

Ségolène Royal s'est également engagée à agir pour que le prochain arrêté qui sera pris sur les épandages comprenne une distance minimale à respecter avec les riverains des zones agricoles, à la grande satisfaction des ONG, dont Générations futures. Elle compte aussi lancer en 2017 une expérimentation d'un dispositif de conseil indépendant aux agriculteurs pour l'utilisation des produits phytosanitaires, en partenariat avec quatre coopératives de typologies et territoires différents. Une initiative saluée par la Fondation Hulot, pour laquelle la séparation de la vente et du conseil constituent un "levier essentiel de la réduction de l'usage des pesticides". Les données annuelles sur les pesticides seront d'ailleurs mises à disposition sur le site du ministère de l'Environnement .

Le ministère prépare également deux autres arrêtés : l'un sur l'interdiction du Bisphénol A dans les jouets, l'autre sur l'obligation de mentionner la présence de nanoparticules dans les produits de consommation. Pour la définition des perturbateurs endocriniens, attendue depuis fin 2013, et objet d'un bras de fer l'an dernier à la Commission européenne, une nouvelle réunion est prévue dès le 28 février.

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Commentaires 4
à écrit le 15/02/2017 à 20:40
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Pendant ce temps on ne fait rien contre le tabac et l'alcool, autrement plus dangereux ...

à écrit le 15/02/2017 à 18:21
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Le fait que le milliardaire buffet investisse dans monsanto est quand même un mauvais présage concernant les futurs règlements internationaux régissant ce poison quotidien dont les agriculteurs aspergent la planète. Surtout connaissant l'UE qui e...

à écrit le 15/02/2017 à 14:03
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Une bonne nouvelle, reste à convaincre et inciter les agriculteurs a abandonner l'agriculture intensive et orienter la production vers le bio. Notre pays devrait favoriser une agriculture haut de gamme , sans pesticides. Idem pour l'élevage , ou ...

à écrit le 15/02/2017 à 14:02
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Toujours des mesures à la marge et, manque de chance, sous la contrainte de la concurrence mondiale. Le marché du cancer va encore bien rapporter pour longtemps.

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