Vin de Bordeaux : 2015, un millésime au prix du marché ?

Un optimisme prudent règne dans le vignoble bordelais avant la semaine des primeurs du millésime 2015, qui s'ouvre lundi. Un bon cru devrait permettre de revenir aux prix du marché, trop souvent dépassés par certains propriétaires ces dernières années.
Avec une récolte d'une qualité inégalée depuis 2010, la semaine des primeurs devrait être une réussite. D'autant que le journaliste américain Robert Parker, dont les notes et critiques ont longtemps conditionné les prix du marché, est désormais absent.

La semaine des primeurs du millésime 2015 s'ouvre lundi. Comme chaque année au début du mois d'avril, cinq à six mille importateurs, grossistes et distributeurs du monde entier sont attendus dans les châteaux girondins pour goûter la production en cours d'élevage.

Fixer le prix du marché

Cette période de dégustation organisée par l'Union des grands crus de Bordeaux (UGCB), qui réunit 133 des plus grandes propriétés, permettra de fixer les prix d'ici à quelques semaines et de vendre deux ans avant livraison.

Cette tradition unique dans le monde a fait le succès des Bordeaux, apportant de la notoriété et de la trésorerie.

Mais la dernière décennie a été marquée par les prix excessifs des millésimes 2009 et surtout 2010. Les années qui ont suivi, avec des millésimes de moindre qualité voire quelconques, n'ont pas permis de revenir aux prix du marché. Au final, les acheteurs ont parfois acquis des vins à des prix bien au-dessus du marché, ce qui a encombré les stocks et diminué les capacités financières des négociants, notamment.

Le millésime 2013, dont le volume a été historiquement bas, et la crise économique ont semble-t-il ramené le plus grand vignoble de France à la raison.

"On a un bon millésime, voire très bon, qu'on peut comparer au 2005 mais avec plus de corps. On s'attend à une hausse par rapport à 2014, normale et souhaitable compte tenu de la qualité du millésime", explique François Lévêque, l'un des plus grands courtiers de la place. "Mais si le 2015 est au prix de sortie du 2009, on n'y arrivera pas. Je suis optimiste, j'ai le sentiment que les propriétaires l'ont compris", ajoute-t-il.

Des prix déconnectés de la note Parker

Avec une récolte d'une qualité inégalée depuis 2010, la semaine des primeurs devrait être une réussite. D'autant que le journaliste américain Robert Parker, dont les notes et critiques ont longtemps conditionné les prix du marché, est désormais absent. Il ne déguste plus les vins de Bordeaux qu'en livrables, explique le site spécialisé Vitisphère.

"Avant, je proposais un prix à certains propriétaires en fonction des volumes, des stocks. Ils mettaient mon papier dans la poche et ils attendaient la note Parker. Si elle était supérieure à 93, mon papier ne servait à rien et ils fixaient leurs prix au-dessus", se souvient François Lévêque. Bordeaux "déparkérisé" se réapproprie son rôle de prescripteur au moment où le consommateur s'intéresse de près à ce millésime.

Olivier Bernard, président de l'UGCB et propriétaire du Domaine de Chevalier, cru classé de Graves en AOC Pessac-Léognan, note qu'un certain nombre de propriétaires ont eu tendance "à faire plus pour aller chercher la note Parker", mais "qu'ils ont fait marche arrière."

"Bordeaux a toujours assis sa réputation sur des vins d'équilibre, c'est l'ADN de Bordeaux", souligne-t-il.

"Le millésime 2015 fera parler de lui"

Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), estime que "le millésime 2015 fera parler de lui."

"Après, on ne sait pas ce que ça va donner. La semaine des primeurs, c'est un éclairage fort sur Bordeaux et ses vins quand le millésime est intéressant, que les vins soient vendus ou pas en primeurs."

"Après, poursuit-il, on peut toujours imaginer qu'il n'y a plus de grands crus, ni de primeurs. Tout le monde y perdrait."

"A chaque fois que Bordeaux pénètre un marché, il le fait par les grands crus. Ensuite ce sont les Bordeaux et les Bordeaux Supérieurs qui suivent par le volume et enfin le cœur de la gamme en troisième", rappelle Bernard Farges.

Il y aura cette année moins de Chinois dans les chais et châteaux, mais plus d'Américains, qui reviennent après avoir boudé un temps le Bordelais. Les Européens des plus grands marchés (Belgique, Allemagne, Grande-Bretagne) seront également présents.

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