L'essai auto du week-end : Nissan Juke, ludique, sympa et efficace

Ce drôle de (faux) 4x4 semble a priori bizarre, voire caricatural avec sa silhouette rondouillarde. Mais, dans le gabarit d'une citadine, le Juke n'est pas si irrationnel que ça. Il est même très amusant à conduire, se faufile partout et, grâce à ses excellentes qualités routières, permet d'envisager de longues randonnées. Bref, un modèle original et fort bien conçu. Mais l'habitabilité est réduite.
(Crédits : <small>Nissan</small>)

Nissan veut attaquer le créneau de plus en plus couru des citadines à la mode. Le succès des Mini, Fiat 500, Citroën DS3, des petits modèles chers à fortes marges, fascine. A son tour, Nissan essaye de s'y frotter, avec une offre très originale. De la taille d'une Clio, le Juke se présente sous la forme d'un (faux) 4x4 ultra-compact, provocateur, voire caricatural avec ses formes rondouillardes et un peu monstrueuses de grosse grenouille. On aimera ou on détestera. Mais, force est de reconnaître qu'on ne passe pas inaperçu et que le design est assez cohérent d'un bout à l'autre du véhicule. A condition bien entendu d'accepter un parti pris esthétique sortant complètement des canons habituels. Plus gros, le Juke serait jugé inutilement agressif. Mais, avec son gabarit de citadine, il apparaît in fine plus amusant que violent.

Intérieur réussi dans le genre

A l'intérieur, c'est tout aussi ludique, avec une grosse console sous forme de réservoir d'essence de moto. Les plastiques apparaissent certes ordinaires, mais solides et sérieusement assemblés, à la japonaise. Les sièges en tissu, alcantara et velours sont très agréables, avec un revêtement doux et chaleureux. Ils contrastent avec les tissus rêches et rugueux en vogue actuellement dans le monde automobile. Les touches de couleur rouge égayent l'habitacle. Bref, là aussi, on appréciera ou pas. Mais, dans le genre, c'est plutôt homogène et réussi. L'ergonomie est très convenable, sauf le bouton de démarrage caché derrière la jante du volant et non éclairé ... avant de démarrer. Dans un parking, on le cherche à tâtons. Peu pratique. Assis haut comme dans un 4x4, on domine la route et, à l'avant, on ressent l'impression flatteuse d'être au volant d'un engin beaucoup plus gros que dans la réalité. Sympa. Mais, cette sensation est trompeuse. Car, à l'arrière, la place est très comptée, l'accès difficile et le coffre riquiqui. Rançon des formes extérieures très rebondies.

Comportement rigoureux

Le Juke repose sur la plateforme B de l'Alliance Renault-Nissan, c'est-à-dire celle de la Clio. On la connaissait pour son équilibre. Tout de suite, le comportement routier frappe par sa rigueur exceptionnelle. On se sent en pleine sécurité. Tout cela est amusant et précis, d'une redoutable efficacité. Les enchaînements de virages procurent un grand plaisir. On a l'impression de pouvoir faire ce qu'on veut de ce petit engin. Bref, un régal ! Pas mal pour un véhicule aussi court et haut. C'est évidemment au prix de suspensions fermes. Mais le compromis n'en est pas moins valable. Sur chaussée en mauvais état, notons cependant que le Juke perd un peu de sa superbe et a tendance à rebondir d'une inégalité à l'autre. Mais le phénomène est beaucoup moins accentué que sur nombre de sportives. Attention aussi à ne pas accélérer comme un sourd sur le mouillé, car la puissance arrive brutalement ! Mais, là encore, admirons le travail des ingénieurs. Car, comparé à bien des rivales, le train avant du Juke se comporte fort bien, même dans les cas extrêmes.

Moteur rageur

Le moteur à injection directe d'essence turbo de 1,6 litre de cylindrée équipant notre version d'essai développe carrément... 190 chevaux ! Extrêmement vivant dès que le turbo s'active, rageur et souple, couplé à une boîte six vitesses précise et bien étagée, aux rapports courts, il se marie remarquablement au châssis. Le moteur semble ne jamais s'essouffler. On se sent aux commandes d'une vraie petite sportive. Quel agrément ! Nous regrettons juste que l'embrayage soit peu progressif au démarrage, comme sur bien des voitures japonaises. Par ailleurs, la voiture devient bruyante à partir de 130, à cause des rapports courts.

Consommation élevée

Evidemment, un modeste diesel d'origine Renault développant 110 chevaux comme sur une Clio ou une Mégane est disponible. On y perdra presque tout en dynamisme, mais y gagnera en sobriété. Car le moteur 1,6 litre de 190 chevaux procure un tel agrément qu'on use et abuse de l'accélérateur, rien que pour se sentir plaqué contre le dossier lorsque le turbo entre en lice. Des propos qui paraîtront scandaleux à ceux qui détestent les voitures. Mais ceux qui aiment piloter me comprendront. Dans ces conditions, les consommations s'en ressentent. Avouons 10,7 litres aux cent durant notre essai comportant beaucoup de ville. Sur parcours purement citadin, avec des encombrements à gogo, nous avons frisé les 14 litres. Mais, ce qui serait intolérable sur un brave modèle pépère ne l'est pas ici. Il faut savoir ce qu'on veut.

Assez cher

Le Juke est assez cher. Logique : Nissan veut gagner de l'argent avec. Mais, le positionnement est habile. Le manque de concurrence directe empêche effectivement toute vraie comparaison. On ne voit guère que la gamme Kia Soul à lui opposer, ou la nouvelle Mini Countryman. Le Juke démarre à 16.490 euros. En diesel, le premier prix est à 18.540 euros. Notre modèle de test, doté du 1,6 essence de 190 chevaux, n'a pour sa part aucun rival. En version Tekna, extrêmement bien équipée (GPS, caméra de recul bien plus utile et agréable que des bips-bips exaspérants, démarrage sans clé...), il faut tabler sur 22.740 euros. La peinture métallisée vaut 450 euros en supplément. Il n'y a pas d'autres options. C'est évidemment beaucoup pour un si petit modèle, mais... pas tant que ça pour un moteur de 190 chevaux. Il faut ajouter un petit malus

Gamme complexe

Nissan aligne donc désormais trois modèles « niche » de même taille : le break-minispace Note, le ludospace Cube et ce... Juke. Les vendeurs vont avoir du mal à s'y retrouver. Mais ne boudons pas notre plaisir. Ce dynamisme fait honneur à la marque japonaise, alliée de Renault. Le Juke a vu sa production débuter fin août en Grande-Bretagne. 100.000 véhicules par an sont prévus en Europe. Joyeux, décoiffant, merveilleusement équilibré et plaisant avec le 1,6 litre de 190 chevaux, le Juke a de quoi conquérir les c?urs.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Nissan Juke 1,6i DIG-T Tekna : 22.740 euros (+200 euros de malus)

Puissance du moteur : 190 chevaux (essence)

Dimensions : 4,13 mètres (long) x 1,76 (large) x 1,57 (haut)

Qualités : moteur élastique et rageur, boîte de vitesses plaisante, châssis amusant et sûr, comportement d'ensemble très homogène, présentation et lignes originales...

Défauts :... mais caricaturales, coffre riquiqui, embrayage peu progressif

Concurrentes : pas de rivale directe

Note : 15 sur 20
 

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