« J?avais appris qu?une alliance, c?était des participations croisées », ironise Carlos Tavares. Répondant à une question sur l?alliance GM-PSA, le directeur général délégué de Renault explique : « les participations croisées, c?est la meilleure façon de cimenter l?esprit gagnant de deux équipes. Cela garantit que je peux attendre de mon partenaire la réciprocité dans tout ce que peux faire pour lui ».
Lors d?une table ronde dans le cadre du salon de Genève, le patron opérationnel de la firme au losange enfonce le clou : « je comprends que la prise de participation de GM dans PSA signifie que (ce dernier) a besoin de cash ».
Surcapacités pointées
GM comme PSA ont « tous deux des problèmes de surcapacités. Je me demande comment ils vont faire », précise Carlos Tavares. C'est le cas en Europe de l'Ouest où les constructeurs sont confrontés à la question des usines, surdimensionnées par rapport à une demande déclinante. "Si quelqu'un commence à restructurer, cela obligera tout le monde à suivre", avertit pour sa part le PDG de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghos.
En outre, « pour que des plates-formes communes deviennent réalité, il faudra qu?ils traversent les étapes successives. Faire travailler deux ingénieries ensemble, ce n?est pas le plus facile. Il faut établir des structures d?achat communes, les structures de pilotage d?une alliance. Par nature, ce sont des choses qui prennent du temps ». Le directeur général délégué de l?ex-Régie ajoute, un peu cyniquement : « J?espère qu?ils n?ont pas d?échéances trop proches ».
Ne pas laisser diverger les équipes
Rappelant les fondamentaux de l?Alliance Renault-Nissan nouée en 1999 et dans laquelle il a été fortement impliqué, le dirigeant du groupe de Boulogne-Billancourt souligne : « une alliance stratégique se joue surtout dans la partie amont. Il ne faut surtout pas laisser diverger les équipes au début des projets. Il faut une qualité de dialogue et de management. Sinon, on aura deux projets différents et ce sera la foire d?empoigne. Il y a tout un processus d?auto-apprentissage ». A bon entendeur..
Carlos Tavares rappelle que, après treize ans d?alliance étroite entre Renault et Nissan, les deux entreprises n?ont « en commun que les plates-formes pour petits véhicules (type Clio) et les compacts». La gamme à bas coût Dacia, la Twingo, la Laguna restent produites sur des plates-formes Renault antérieures à l?alliance.? Et même le tout nouveau moteur à essence trois cylindres français, qui verra bientôt le jour, ne sera pas le même? que le moteur Nissan équivalent
Pas de participation dans PSA
L'administrateur délégué de Fiat, Sergio Marchionne, est aussi critique. Lors d?une table ronde, le patron italo-canadien a affirmé ce mardi en début d?après-midi qu?il « n?y a pas d?intérêt techniquement pour GM à prendre 7 % de PSA, sans intégration des activités européennes des deux (constructeurs). Ca ne va pas assez loin. Ce n?est pas la bonne réponse ».
Lorsque nous lui avons demandé, suite à des rumeurs recueillies la semaine dernière sur une possible participation de Fiat à l?augmentation de capital de PSA, le dirigeant a en tous cas rétorqué catégoriquement « non » ! On ne peut être plus clair.
Les consolidations vont se poursuivre
La consolidation du secteur automobile en Europe va se poursuivre pour tenter de résoudre les problèmes de surcapacités de production, a estimé pour sa part le PDG de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Le rapprochement qui vient d'être annoncé entre PSA Peugeot Citroën et General Motors "n'est absolument pas une surprise", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au salon automobile de Genève. Les facteurs qui ont poussé Renault et le japonais Nissan à s'allier existent toujours, comme le besoin de partager des frais de développement toujours plus importants, sont toujours présents, a-t-il expliqué.
Concernant le constructeur russe Avtovaz, Carlos Ghosn a assuré que "nous allons augmenter notre participation, nous négocions toujours". Renault détient déjà 25 % plus une action du fabricant de la Lada et il est prévu qu'il augmente sa participation. Nissan ferait aussi son entrée au capital du russe. "Les élections (russes ndlr) sont à présent derrière nous (...) et cela va certainement permettre de régler un certain nombre de questions très rapidement", a-t-il précisé.
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