Les constructeurs auto japonais reviennent en "pole position"

Toyota et Honda et la plupart des autres groupes auto nippons, améliorent fortement leurs marges trimestrielles. Leurs ventes sont reparties à la hausse.
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Les Japonais? Le retour  ! Après une année noire en 2011 à cause du séisme dans l'archipel puis des inondations en Thaïlande qui avaient perturbé sérieusement leur production, les constructeurs auto nippons reviennent sur le devant de la scène mondiale. Toyota, à nouveau premier constructeur automobile mondial, annonce ce vendredi un  bénéfice net sur le premier trimestre fiscal (avril-juin) à 290 milliards de yens (3 milliards d'euros), alors qu'il était tout juste à l'équilibre il y a un an ! Honda a dégagé pour sa part un bénéfice net de 131,7 milliards de yens (1,3 milliard d'euros), en progression de 314 % ! Suzuki, spécialiste des petites véhicules et du deux roues (comme Honda) a accru le sien de 30 % à 24,5 milliards (250 millions d'euros) et le fabricant de poids lourds et d'utilitaires légers Isuzu l'a plus que doublé à 21,6 milliards (220 millions d'euros).

Nissan plus délocalisé

Mazda perd en revanche toujours de l'argent, mais a néanmoins singulièrement réduit son déficit. Seul Nissan fait moins bien que l'année dernière, avec un recul de 15 % de son bénéfice net au premier trimestre à  72,3 milliards de yens (723 millions d'euros). Il est vrai que la firme avait réalisé une bonne année 2011, contrairement à ses compatriotes. Car Nissan est nettement plus délocalisé hors du Japon que ses rivaux de l'archipel. Dès lors, il avait moins souffert du séisme.

Boom des ventes

Ce net redresement de la rentabilité de la quasi-totalité des constructeurs de l'archipel provient d'un boom des ventes. Toyota a amélioré de 60% son chiffre d'affaires à 5.500 milliards (55 milliards d'euros), avec un quasi-doublement des ventes à 2,27 millions d'unités sur le trimestre. Honda  accru son volume d'affaires de 42 %  à 2.436 milliards (25 milliards d'euros) et Isuzu le sien de 38%, à 392 milliards de yens (4 milliards d'euros). Le chiffre d'affaires de Mazda a bondi de 24% 506 milliards (5 milliards d'euros). Celui de  Nissan n'a progressé que de 2,6%, à 2.136 milliards de yens (21,4 milliards d'euros), en partie du fait de la vigueur du yen qui réduit la valeur de ses revenus tirés de l'étranger, une fois convertis en monnaie japonaise. Les constructeurs japonais tirent parti du redressement des ventes dans l'archipel et d'un bond à l'étranger. Toyota, qui assemble 45% de ses véhicules mondiaux au Japon et exporte encore quasiment la moitié de sa production nippone,  a ainsi accru sur le trimestre ses ventes de 86% au Japon et de 82% au-dehors.

Marges plutôt élevées pour Toyota et Honda

Dans ce contexte porteur, les groupes nippons ont amélioré fortement leurs profits d'exploitation... sauf Nissan.  Celui de Toyota est revenu très largement dans le vert malgré le handicap de la flambée du yen à 353 milliards de yens (3,5 milliard d'euros), contre un déficit de 108 milliards de yens un an plus tôt. La marge ressort donc à 6,4%, à peine inférieure à celle du groupe Volkswagen (6,8%). Honda a multiplié son résultat opérationnel par huit à 176 milliards de yens (1,8 milliard d'euros). Soit une marge supérieure à 7%, qui bat celle du groupe allemand. Mazda a affiché un "petit" solde positif de 1,8 milliard, (18 millions d'euros), contre une perte de 23 milliards au premier trimestre 2011. La marge de Nissan, en recul, n'en tourne pas moins autour de 5,6%, des taux quasiment jamais atteints par Renault qui détient 43,6% de soin capital !

Prévisions de résultats honorables

Toyota prévoit pour l'ensemble de l'exercice en cours, qui court d'avril 2012 à mars 2013, un  chiffre d'affaires en hausse de 18,4 % à 22.000 milliards de yens (220 milliards d'euros), une augmentation de 180% de son profit opérationnel à 1.000 milliards  (10 milliards d'euros) et de 168% de son bénéfice net à 760 milliards  (7,6 milliards d'euros au taux de change actuel). Entendant poursuivre des efforts de réduction de coûts, Honda table sur un profit net plus que doublé cette année à 470 milliards  (4,6 milliards d'euros). Il vise en outre un bénéfice d'exploitation de 620 milliards (+168%, 6,2 milliards d'euros) et un chiffre d'affaires de 10.300 milliards de yens (+29 %, 10,2 milliards d'euros). Pas mal. Il est vrai que le constructeur nippon est relativement peu présent en Europe, le marché le plus sinistré. En revanche, il est tout comme Toyota très fort en Asie et en Amérique du nord.

Plus de 5 millions de ventes pour Nissan

Nissan escompte une progression sur l'année fiscale de 17,2% de son profit net à 400 milliards de yens (un peu plus de 4 milliards d'euros). Il vise en outre  un bénéfice d'exploitation de 700 milliards de yens (+28%, 7 milliards d'euros), pour un chiffre d'affaires de 10.300 milliards (+9,5%, 103 milliards d'euros). Nissan prévoit d'accroître ses ventes (en nombre d'unités)  de 10,4% pour dépasser la barre des 5 millions de véhicules, en s'appuyant sur la sortie de dix nouveaux modèles. Mazda a confirmé pour sa part qu'il espérait  terminer l'exercice 2012-2013 sur un  (minuscule) bénéfice net de 10 milliards de yens (100 millions d'euros), contre une perte de 108 milliards l'année précédente.

Yen longtemps sous-évalué

Traditionnellement, les japonais affichent de meilleurs profits que leurs concurrents gnéralistes européens. A part Suzuki, ils produisent, outre des petites voitures, des berlines familiales, souvent des limousines, des gros monospaces, des 4x4, des picks-ups à marges conséquentes. Nissan, Toyota ou Honda ont également des labels hauts de gamme très présents outre-Atlantique. Protégés sur leur marché intérieur, très peu exposé à la concurrence étrangère, ils ont investi par ailleurs des marchés historiquement rentables comme l'Amérique du nord ou la Chine. Certes, ils souffrent aujourd'hui d'un yen relativement fort, mais n'ont-ils pas bâti leur croissance sur une devise longtemps sous-évaluée ? Malgré la puissance de leur ingénierie, la qualité de leurs produits réputés fiables, leurs process industriels éprouvés et une très forte intercontinentalisation, Toyota, Nissan ou autres Honda, pâtissent aujourd'hui de l'offensive allemande, en particulier celle de Volkswagen,  et de celle du coréen Hyundai-Kia.

 

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Commentaires 3
à écrit le 06/08/2012 à 15:07
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Bientôt les constructeurs chinois vont à leur tour envahir la planète avec leurs voitures, au détriment des Japonais, des Allemands , des Français des Américains des Coréens...

à écrit le 03/08/2012 à 16:37
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La mondialisation de l'automobile est quasi achevée. Le monde occidental a terminé son ouverture à l'est et est allé envahir le continent sud américain. La Chine a fait son apparition ultra rapide sur la scène mondiale et chacun y a pris les position...

le 28/08/2012 à 20:17
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Tu peut encore attendre longtemps avant de voir la filière automobile japonaise s'écrouler... Dire que Suzuki est allemand... fallait osé... LOL. La progression des constructeurs japonais en ai enco re à ses prémices notamment en Inde avec Suzuki qui...

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