Malgré les promesses des dirigeants, PSA ne redécolle pas en Europe. La première année pleine de production de la petite Peugeot 208, dont PSA espérait des miracles, et l'arrivée de son dérivé « SUV » 2008 (un break surélevé à allure de 4x4), ne suffisent pas à relancer la machine. Le constructeur auto tricolore perd des parts de marché sur le Vieux continent. Inquiétant pour un groupe dont les voitures se vendaient comme des petits pains il y a une dizaine d'années...
Recul marqué en France
En France, les immatriculations de voitures neuves de PSA Peugeot Citroën ont encore fléchi de 6,8% au mois de septembre, d'après les chiffres officiels du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles).
Sur les neuf premiers mois de l'année, PSA affiche carrément une baisse de 12% de ses volumes. Sa part de marché est passée du coup sous la barre fatidique des 30% (30,6% il y a un an). Et, ailleurs en Europe, la tendance reste mal orientée.
Baisses de pénétration
En Allemagne, Peugeot n'est que la quatorzième marque du marché, derrière Renault ou Toyota, avec une part de marché de 1,9% seulement (sur neuf mois 2013, contre 2,3% sur l'année 2012). Citroën se hisse à peine au seizième rang (1,7% de pénétration, contre 2% auparavant).
En Italie, Peugeot voit sa part du marché régresser aussi (4,7% sur neuf mois, contre 4,9% en 2012), tout comme Citroën (4,6%, contre 4,9%). La Peugeot 208 n'apparaît d'ailleurs qu'à la onzième place des voitures les plus vendues en Italie, derrière ses rivales Volkswagen Polo, Renault Clio, Ford Fiesta. Aïe.
Pas terrible en Belgique ou en Espagne
On observe la même régression sur des marchés où le groupe est pourtant traditionnellement fort, comme la Belgique (7,9% de part de marché pour Peugeot sur neuf mois, contre 8,3% en 2012 ; 7% pour Citroën contre 7,6%) ou l'Espagne. En Grande-Bretagne, si Citroën maintient sa pénétration, Peugeot voit la sienne reculer également.
Les immatriculations totales sur l'ensemble de l'Europe seront officiellement publiées mercredi 16 octobre par l'ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles). Mais, sur les huit premiers mois, PSA avait déjà connu une dégringolade de ses immatriculations de voitures neuves de 12,3% à 878.586 exemplaires. Peugeot baissait un peu moins (-10,5%) que Citroën (-14,3%). PSA signait là le plus fort recul de la production automobile du Vieux continent !
Usines en sous-charge
PSA incrimine la crise des marchés. L'explication est un peu courte. Le marché ne semble pas seul en cause. Les immatriculations totales de voitures neuves en Europe ont fléchi de 5,2% seulement sur huit mois. La part de marché de PSA n'atteignait plus, dans ces conditions, que 11,2% dans l'Union européenne à fin août (contre 12,1% sur huit mois 2012 et… 14% au milieu des années 2000).
Philippe Varin, le président de PSA, table certes sur une amélioration de sa part de marché en Europe au deuxième semestre, mais il a refusé, au salon de Francfort en septembre dernier, de donner l'objectif pour cette année. Or, la remontée de la part de marché en Europe a toujours été présentée par le groupe comme une condition sine qua non de son redressement.
Problème: la firme reste encore extrêmement dépendante de ce marché européen, qui génère près de 60% de ses volumes mondiaux. Ses usines tournent en conséquence (au premier semestre) à 74% à peine de leurs capacités en Europe, voire à 61% sur la seule France.
Des modèles pourtant réussis
Peugeot attend certes beaucoup de sa nouvelle compacte 308 et Citroën espère tirer profit de son monospace C4 Picasso II. Espérons. Les derniers modèles du groupe PSA sont plutôt réussis, pourtant, avec une qualité très honorable. Mais l'image de marque n'est malheureusement pas très bonne, héritage d'une qualité-fiabilité qui fut longtemps médiocre (207, 307, 407, 807, C3, C4 Picasso, C5, C8…).
En outre, PSA peine à proposer des gammes aussi larges et autant de nouveautés que certains rivaux plus riches. A part des modèles hybrides diesel, qui représentent une fraction très faible des ventes, PSA manque aussi d'innovations, faute d'argent frais (boîtes à double embrayage comme chez Ford ou Volkswagen, par exemple). Quand un groupe est dirigé par des gens qui ne sont pas des spécialistes de l'automobile, ça cafouille. Pas facile de remonter la pente.
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