L'Etat français prêt à voler au secours de PSA

L'Etat, qui détient déjà 15% de Renault, est prêt à sauver le caractère "français" du groupe PSA en crise. Le retrait brutal de GM a surpris le constructeur tricolore, qui a besoin d'argent frais. Son titre perdait 9% ce mercredi matin

"La question" d'une éventuelle entrée de l'Etat au capital de PSA se posera certainement, mais pour l'instant, laissons les entreprises discuter entre elles", affirme ce vendredi  le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg,.interrogé sur BFMTV. "L'Etat décidera quand nous aurons la connaissance de la nature exacte de l'accord entre Dongfeng et PSA", a-t-il ajouté, répétant que "la ligne rouge, c'est que PSA reste français". Le ministre a ajouté:  "l'Etat a l'argent pour faire beaucoup de choses, surtout en matière industrielle".

L'Etat suit de très près le dossier

"L'Etat suit de très près le dossier", indiquait-on jeudi dans l'entourage du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, qui connaît très bien PSA Peugeot Citroën et la famille Peugeot (il est élu de Montbéliard), a rappelé de son côté que "l'Etat est un acteur tout à fait impliqué dans une nouvelle phase de l'histoire de PSA".

"Si le partenariat (en cours de négociation) avec Dongfeng devait se conclure, l'Etat veillera à faciliter son aboutissement", précisait de son côté une source gouvernementale également jeudi. L'Etat a déjà un pied au sein du constructeur en crise. Il avait en effet dû in extremis apporter, il y a un an, une garantie à la filiale bancaire Banque PSA Finance, d'un montant maximal de 7 milliards d'euros d'ici à la fin 2015.

L'Etat français, qui détient par ailleurs 15% de Renault, a en échange placé un homme de confiance, Louis Gallois, au sein du conseil de surveillance de PSA. Paradoxe: le gouvernement socialiste, dont certains membres avaient invectivé la famille Peugeot lors de l'annonce de la fermeture d'Aulnay à l'été 2012, est obligé de voler à son secours pour "sauver".le grand groupe automobile privé en déshérence.

Le titre Peugeot en chute

Le titre du constructeur automobile chutait lourdement vendredi matin à la Bourse de Paris (-9%), après l'annonce jeudi de la vente par GM de sa part de 7% dans le capital, signant là l'échec de la grande alliance stratégique mondiale nouée en février 2012 par Philippe Varin, le président de PSA qui doit céder son fauteuil en 2014 à Carlos Tavares, ancien numéro deux de Renault.

La veille, Peugeot SA le titre avait déjà dégringolé de 7,6%, le groupe tricolore ayant annoncé officiellement qu'il envisageait une augmentation de capital et une entrée au capital du groupe public chinois Dongfeng, avec lequel il négocie une nouvelle "grande alliance". Après le ratage avec GM mais aussi un premier échec avec le japonais Mitsubishi... Le retrait brusque de l'américain a d'ailleurs surpris PSA, qui en prend acte par un communiqué on ne peut plus laconique ce vendredi.

Ce retrait est toutefois logique. PSA avait en effet annoncé jeudi matin une révision à la baisse du périmètre de son alliance avec GM, au terme de laquelle les synergies espérées seraient quasiment réduites de moitié, soit "environ 1,2 milliard de dollars par an à partir de 2018" (870 millions d'euros). Le français et l'américain ont abandonné les projets phares d'une plate-forme conjointe pour petits véhicules et d'un moteur à essence de petite cylindrée.

Rien que des coopérations techniques

L'alliance franco-américaine se limite donc in fine à des coopérations techniques et industrielles. Elle sera concentrée sur le périmètre européen, alors que PSA espérait que GM pourrait l'aider hors du Vieux continent. Ce que l'américain s'est bien gardé de faire... Il est vrai que GM est réputé pour avoir toujours raté ses alliances, avec les japonais Isuzu, Suzuki, Fuji Heavy (Subaru) puis l'italien Fiat.

La coopération entre PSA et Opel, filiale allemande en déficit structurel de GM,  se bornera à une production d'un futur monospace compact Opel chez PSA à Sochaux, la fabrication des minispaces des deux groupes chez General Motors à Saragosse (Espagne). Ces deux familles de véhicules seront développées "sur des plates-formes PSA". Les premiers véhicules issus de l'alliance devraient être commercialisés à partir de 2016. Un  programme portant sur une nouvelle génération de véhicules utilitaires légers est également lancé.

20% pour Dongfeng et l'État français

Le conseil de surveillance de  PSA Peugeot Citroën a approuvé le principe d'une augmentation de capital de 3,5 milliards d'euros impliquant le groupe Dongfeng et l'Etat français, annonçait mercredi l'agence Reuters. Cette proposition, qui n'a pas encore été finalisée, prévoit une augmentation de capital préférentielle avec droits de souscription pour les actionnaires existants et une augmentation de capital réservée, dont le prix serait fixé à moins de sept euros par action, a ajouté une source proche du dossier.

Selon les termes de la proposition, Dongfeng et l'Etat français prendraient chacun environ 20% du groupe, tandis que la famille Peugeot verrait sa participation ramenée à 15% environ, a poursuivi la source. Le capital de PSA Peugeot Citroën est contrôlé aujourd'hui à 25,2% par la famille fondatrice - qui possède 37,9% des droits de vote.  GM avait fait savoir qu'il ne souscrirait pas à une nouvelle augmentation de capital. Dès lors, condamné à être dilué, l'américain n'avait aucune raison de demeurer actionnaire.

3 milliards d'euros de dépréciation d'actifs

PSA, qui avait affiché une perte de plus de 5 milliards d'euros l'an dernier, a annoncé  jeudi qu'il dépréciait encore une fois les actifs de sa division automobile. Une dépréciation "qui pourrait s'élever à environ 1.1  milliard 'euros". Ce qui "viendra en diminution du résultat du groupe".  Le groupe avait déjà subi 3 milliards d'euros de dépréciation d'actifs.

Le groupe a certes confirmé "son objectif de réduire au moins par deux sa consommation de free cash-flow opérationnel en 2013",  mais il en brûlera quand même encore 1,5 milliard d'euros. Et PSA ne s'engage nullement sur un un flux de trésorerie à l'équilibre fin 2014, comme il l'avait promis l'an passé.

 

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Commentaires 40
à écrit le 14/12/2013 à 13:30
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c'est pas encore fait , il faudra l'aval de l'Union Europeenne , la libre concurrence non faussée qu'ils disent .. hors là c'est quand meme faire entrer encore un peu plus l'état français dans le capital de peugeot pour remplacer GM ? cela risque for...

à écrit le 13/12/2013 à 19:23
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Seul les entreprises nationales ont droit à l'aide de la France, les multinationales n'ont droit qu'aux aides multinationales!

à écrit le 13/12/2013 à 18:42
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Toute multinationale ne doit pas avoir droit à protection d'une nation mais simplement ceux qui dépendent de leur implantation nationale .

à écrit le 13/12/2013 à 17:43
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Surprenant de constater que le gouvernement socialio-marxiste vole au secours du symbole de capitalisme français, de surcroît mal géré. Pourquoi ne pas mettre PSA en faillite, comme les Etats-Unis l'ont fait avec GM ? Une faillite sanctionne une m...

le 13/12/2013 à 19:52
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Vous n'avez rien compris à la situation de GM, les USA sont montés au capital de GM à hauteur de 50 milliards de Dols, ce qui a permit entre autre à GM de monter à 7% du capital de PSA...

à écrit le 13/12/2013 à 17:34
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En 2003 on nous enfourne la CMU En 2013 Le RSA "jeune" En 2014 La couverture "garantie loyer" sur les locations Et pour faiore bon poids on va nationalisé PSA ou presque A croire que dans ce pays tout le monde est sous perfusion ..même les maiso...

à écrit le 13/12/2013 à 16:41
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L'intervention de l’État quand il n'y a rien a faire mais que les médias sont là!

à écrit le 13/12/2013 à 15:41
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Comme souvent avancé par mes soins, la participation de GM n'était qu'une évolution précaire afin que PSA solde le dossier Opel sur les prochaines années. Son retrait est une bonne chose pour le groupe français puisqu'il lève toute ambiguïté en main...

le 13/12/2013 à 17:35
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Le commentaire est hautement fantaisiste et d'un optimisme qui ne prend en compte aucune des réalités d'aujourd'hui, malheureusement!!!

le 13/12/2013 à 18:51
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Ca parait un peu phantasmagorique ce genre d'emphase.

le 13/12/2013 à 19:43
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Corso, appréciant vos propos, cela fait deux fois que je lis de votre part une fusion GM/FIAT, cela vous sembles évident, mais de mon côté je n'ai pas l'impression que cela soit possible. Une fusion des 2 groupes feraient un numéro 1 absolue du secte...

le 14/12/2013 à 13:35
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malheureusement corso vous avez tort , peugeot va si mal qu'ils n'ont plus le choix pour survivre ou demeurer un petit artisan de l'automobile hexagonal de s'allier a plus fort , les chinois n'ont pas l'approche technologique mais possède le moyen d'...

à écrit le 13/12/2013 à 15:34
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Tant que les Français achèteront des voitures étrangères, il faudra bien augmenter les impôts pour financer le chômage et la sécu...

le 13/12/2013 à 17:37
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Le fruit est dans le verre ..une partie des chaines de montages PSA étaient à une époque en Italie...alors difficile de voir clair on voyait passer les trains dans les Alpes avec des PSA sur les rames...

le 13/12/2013 à 17:38
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Le marché français est tout petit. Le problème n'est pas du tout que les français n'achètent pas assez de Peugeot ou de Citroën... Mais que le monde entier n'en achète pas suffisamment!!! Et votre raisonnement protectionniste empêcherait logiquement ...

le 13/12/2013 à 19:48
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En général, être fort sur son lieu d'implantation permet de se tourner vers l'exportation. Si les français se détournent des marques françaises alors qu'elles sont compétitives, alors ces marques ne pourront pas se tourner vers l'étranger car elles n...

à écrit le 13/12/2013 à 15:32
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é bah on est pas arrivé .........

à écrit le 13/12/2013 à 15:30
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La famille Peugeot s'étant goinfré de dividende sans investir toute sa vie se retrouva fort dépourvue quand la crise fût venue...

le 13/12/2013 à 15:35
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Mutualisons les pertes et privatisons les bénéfices pour que tout soit 100% comique.

à écrit le 13/12/2013 à 15:28
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suis assez d'accord !

à écrit le 13/12/2013 à 14:57
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encore des impôts pour acheter des emplois nous sommes vraiment bas ... la solution est tous fonctionnaires .tous aux régimes spéciaux egalite .......

à écrit le 13/12/2013 à 14:50
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C'est pas PSA qu'il faut nationaliser, c'est les banques. Ils ont rien compris ces pov socialo. Ils continuent avec le tonneau des Danaïdes alors qu'ils ne maitrisent plus la colonne vertébrale, faillite assurée messieurs...Nationalisez les banques o...

à écrit le 13/12/2013 à 14:39
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... des impôts dilapidés dans un puits sans fond et sans avenir. Et après ça, il y en a qui viendront pleurer parce que leurs impôts augmentent. L'état, c'est la forme la plus perverse du crime organisé. Des politiciens et des bireaucrates qui racket...

à écrit le 13/12/2013 à 14:28
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Ce n'est que mon avis, mais connaissant les Chinois qui ont des qualités complémentaires surtout esthétiques avec les notres, je pense qu'acheter des actions psa sera surement une très bonne affaire. Je pense que ça devrait doubler dans les 2 ans.

le 13/12/2013 à 15:48
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Je pense comme vous, @pemmore, plus modestement mais une très bonne affaire.

à écrit le 13/12/2013 à 14:12
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Arnaud Montebourg réinvente l'ex-URSS. Il deviendra patron de PSA. Mais comme ses collègues verts sont contre la bagnole, on ne comprend plus rien. A terme ce sera la faillite et mise sous tutelle chinoise. Les élus de gauche non contents de gérer la...

le 13/12/2013 à 14:25
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L'état américain a injecté 17 milliards dans GM lors de la crise de 2008, alors votre commentaire est complètement à côté de la plaque. On ne peut pas laisser tomber une entreprise de cette taille. D'ailleurs la faillite de l'URSS n'est pas glorieuse...

le 13/12/2013 à 15:33
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L'état US a injecté 50 milliards de dollars et n'en a récupéré que 39.

le 13/12/2013 à 15:36
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L'Etat americain a ainsi perdu 10 milliards de dollars, bel investissement en effet

à écrit le 13/12/2013 à 14:09
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Il ne me paraît pas idiot d'aider PSA. Et il faut reconnaître que les plus incompétents dans cette affaire ne se trouvent pas au sein de l'état, sinon à la tête de PSA. Les dirigeants sont apparemment incapables de prévoir ce qui va se passer .... da...

à écrit le 13/12/2013 à 13:40
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Tout le monde peut remarquer que la famille Peugeot (15%) et l'Etat (20%) avaient ensemble la minorité de blocage. Autrement dit, ils sont embarqués dans le même bateau, condamnés à s'entendre !...

le 13/12/2013 à 15:45
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La famille Peugeot a plus de 25% du groupe directement mais indirectement la maîtrise de plus de 52% du capital. L'état n'est pas présent. Quelles sont vos sources, @Yves ?

le 13/12/2013 à 16:25
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Yves parle de la situation après la probable augmentation de capital, pas de la situation présente.

à écrit le 13/12/2013 à 13:09
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GM a été sauve par l'état d'amerique A CONDITION de faire les retructurations necessaires,comme en france à cause de syndicats anti emploi( voir travail dimanche et soir) et du gouvernement c'est impossible LEUR DECISION N'EST QUE LOGIQUE

le 13/12/2013 à 15:29
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100% d'accord avec vous !

le 13/12/2013 à 17:18
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Vous n'y êtes pas, GM a investi pour accélérer le retrait de PSA du marché moyen oriental où elle écoulait 450.000 unités par an via l'Iran, et accessoirement récupérer au moins en partie certaines innovations de PSA. Maintenant que c'est fait, GM a ...

à écrit le 13/12/2013 à 13:06
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Top, voila le modele comercial d avenir de l industrie francaise voulu par notre gouvernement: aliance avec des boites chinoises pour se faire manger tous les brevets, et le tout finance par l argent du contribuable francais. Ah ces politiques et leu...

le 13/12/2013 à 14:01
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Ils le savent qu'on roule bourrés, c'est vrai quoi !

à écrit le 13/12/2013 à 13:02
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Pour une aussi belle cause, soutenue même par de gauchistes gouvernants, les Français payeront plus volontiers l'impôt. N'empêche qu'ils peuvent se demander ce que signifie de sauver un caractère Français, tant celui-ci s'est délité dans la confusi...

à écrit le 13/12/2013 à 12:49
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encore des subventions deguisées non financées, ,,,,,,bruxelles va non le rappeler !!!

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